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Dossier pôle de croissance en Afrique / Faire de l’Afrique un continent développé en 2034 [06/07-2013]

Avec ses multiples pôles de croissance en gestation, l’Afrique envisage, selon le rapport économique sur l’Afrique (2012), de devenir un continent développé en l’an 2034. Cela est possible dans la mesure où de nombreux pays ont été identifiés par la Banque mondiale comme des pôles de croissance.

Les pôles de croissance sont de véritables aubaines économiques pour les États africains. Centres par excellence de création de richesses, de résorption du chômage, d’employabilité des jeunes, les pôles de croissance sont en Afrique ce que sont les flocons de neige au pôle Nord. Ils sont les vecteurs par excellence pour booster l’économie à travers l’augmentation des taux de croissance. Si, par exemple, l'Afrique maintenait un taux de croissance moyen de 7% (indiqué comme étant le taux de croissance requis pour réaliser les OMD), et que le reste du monde en faisait autant avec son taux de 2,9%, la contribution de l'Afrique au PIB mondial atteindrait 5% en l'espace de deux décennies environ. Pour parvenir à ce résultat, des mesures sont à prendre sur le plan des infrastructures. A cet effet, les études indiquent que dans la plupart des pays africains, la médiocrité de l'infrastructure est une contrainte principale à l'activité économique et peut même occasionner une perte de productivité d'environ 40%. Selon les estimations, il faudrait, pour combler le déficit d'infrastructure de l'Afrique, près de 93 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie. Il est réconfortant de savoir que près de la moitié des besoins de financement de l'infrastructure du continent est déjà assurée, mais il demeure cependant qu’il faut un soutien extérieur substantiel accru dans ce domaine. Pour une plus grande efficacité dans la gestion des projets et des pôles de croissance, des économistes préconisent de mettre l’accent sur l’entreprenariat féminin. Si les femmes avaient un meilleur accès à l'électricité et aux routes, cela se traduirait par une augmentation de la production agricole et des disponibilités alimentaires sur le marché, du fait que les femmes constituent entre 70 et 80% de la main-d’œuvre agricole. L’Afrique bénéficie d’atouts majeurs dans la réalisation et la poursuite de ces objectifs économiques.

Les points forts du continent

Les investisseurs étrangers sont attirés en Afrique par des offres d’affaires qui allient sécurité, facilités et exonérations sur certains produits. Grâce aux pôles de croissance en promotion sur le continent, les pays africains ont mis l’accent sur la création de différentes facilités et opportunités en direction des investisseurs. C’est l’un des points forts de l’Afrique dans le domaine de la facilitation des affaires. Le monde a besoin d'un nouveau moteur de la demande de consommation, d'un nouveau marché et d'une nouvelle dynamique. Et l’Afrique peut être ce moteur. La croissance future de l'économie mondiale et du monde en développement dépendra de l'exploitation tant du potentiel productif que de la demande de consommation inexploitée du continent. Un autre point fort de l’Afrique est la croissance rapide observée par les économies de certains pays. En effet, en 2012, environ 1/4¼des pays d’Afrique ont connu une croissance supérieure ou égale à 7% et un autre groupe de pays africains figure parmi les pays qui connaissent la croissance la plus rapide au monde.

Selon l’économiste en chef de l’institution financière internationale, les pays africains qui connaissent la croissance la plus rapide au monde sont, entre autres, la Sierra Leone présentée comme ayant connu la croissance économique la plus fulgurante en 2012 avec une croissance d’environ 18%. Suivent le Niger, la Côte d’Ivoire, le Libéria, l’Éthiopie, le Burkina Faso et le Rwanda. Ces pays, selon le rapport «Africa’s Pulse», ont enregistré une croissance économique supérieure à celle de la Chine et du Mozambique, de la Zambie et du Ghana et, mieux, à la croissance que connaît l’Inde. Ce nouveau rapport prédit également que les perspectives de croissance à moyen terme resteront robustes et seront soutenues par l’économie mondiale en constante am

élioration. Pour l’économiste principale pour la région Afrique, Mme Punan Chuchan, la santé économique du continent tient au fait que les prix des matières premières, dont l’Afrique est un réservoir, sont restés «invariablement élevés». L’augmentation des investissements dans les infrastructures régionales de développement, la promotion des échanges commerciaux et la croissance des entreprises sont d’autres facteurs de cette bonne santé économique du continent.

Une inflation maitrisée

On le sait l’inflation constitue l’une des bêtes noires des économies des pays en voie de développement. Depuis 2012, les pays africains ont fait l’effort de contrer autant que faire se peut l’inflation. Mme Punan Chuchan de la Banque mondiale justifie cette donne par le recul de l’inflation qui est tombée de 9,5% en janvier 2012 à 7,6% en décembre de la même année. «A cela s’ajoute un meilleur accès au crédit dans certains pays, une baisse des taux d’intérêt et une bonne productivité agricole en 2011-2012. En outre, les récentes découvertes de minéraux stratégiques sur le continent ainsi que l’expansion de plusieurs exploitations minières et la construction de nouvelles installations dans certains pays, le tout corroboré par une meilleure gouvernance politique et économique constitue un cocktail alléchant pour une croissance économique. Et les prévisions font valoir qu’en 2020, seuls quatre ou cinq pays de la région ne seront pas impliqués dans une exploitation minière d’une sorte ou d’une autre, si grande est l’abondance des ressources naturelles en Afrique», a-t-elle souligné.

Une des plus grandes sources de revenus de certains pays africains est l’exploitation minière. Sur le continent, des richesses minières sont en train d’être découvertes au fil des années. Si ces richesses sont bien exploitées à travers des pôles de croissance créés autour des mines, l’Afrique atteindra facilement sa vitesse de croisière vers le développement. Selon le rapport de la Banque mondiale, «la promesse de revenus importants provenant de l’exploitation minière, une hausse des revenus créée par une expansion considérable de la productivité agricole, la migration à grande échelle des populations de la campagne vers les villes d’Afrique, et un dividende démographique potentiellement créé par la croissance rapide de la population jeune d’Afrique, comptent parmi les facteurs susceptibles de transformer l’Afrique». Cette transformation ne va pas sans le développement des infrastructures. Les pôles de croissance doivent s’accompagner d’infrastructures de qualité dans tous les domaines de la vie sociale, économique et politique des États. Il n’y a pas de développement sans infrastructures qui répondent aux besoins des populations.

Faire profiter les populations

La croissance est en marche sur le continent. Cette croissance n’aura des effets positifs et visibles que si elle profite aux couches défavorisées et à la population tout entière. Comme le disait la Directrice générale d’Oxfam International, Winnie Byanyima, «l’Afrique prend son destin en main. Mais, pour qu’elle puisse réaliser tout son potentiel, il faut que nos dirigeants soutiennent les laissés-pour-compte de la croissance. Les recettes issues des trésors que recèle le continent doivent aller à la lutte contre la pauvreté. L’aide au développement que reçoit l’Afrique devrait servir à promouvoir la bonne gouvernance et à donner à la société civile les moyens de rappeler les dirigeants à leur obligation de rendre des comptes. Tant que toutes les Africaines et les Africains ne bénéficieront pas de la sécurité alimentaire, de l’éducation et des soins de santé dont ils ont besoin pour devenir des citoyens actifs, le progrès social et économique sera entravé.»


Pôles de croissance mondiale : définitions et mode de fonctionnement

Selon Adam-Kane et Lim (2011) et la Banque mondiale (2011 b), un pôle de croissance se définit comme une économie qui compte pour une proportion appréciable d’activités économiques mondiales dont la croissance a des liens en amont et en aval suffisamment importants, ainsi que des retombées technologiques et de connaissances dans tant d’autres secteurs économiques (dont la production, le commerce, les finances et la migration) qui profitent à la croissance à l’échelle mondiale. Cette définition nous permet de dégager les impératifs à satisfaire par une économie pour être considérée comme un pôle de croissance mondiale. (…) L’indice de polarité de la croissance mondiale d’un pays dépend de la taille de son économie ainsi que de son taux de croissance. La taille et le taux de croissance constituent la condition nécessaire qui doit être remplie par un pôle de croissance mondiale. L’indice de polarité en question indique l’importance relative de l’économie d’un pays ou d’une région en tant que moteur de croissance mondiale et subit des modifications avec le temps en raison des changements survenus dans la taille de l’économie du pays et son taux de croissance.
A.K
Source : Banque mondiale

Quelques chiffres comparatifs

Les impératifs d’infrastructures pour les pays africains à revenu élevé et à revenu intermédiaire supérieur sont établis avec comme référence la République de Corée en 2005, tandis que ceux pour les pays africains à revenu intermédiaire inférieur et à faible revenu ont comme référence la moyenne de la Chine et de l’Inde, également en 2005. Les éléments essentiels sont l’énergie, les routes et les télécommunications. Pour l’énergie, les indicateurs sont la consommation d’électricité par habitant et le PIB par unité d’utilisation énergétique. Pour les routes, la part des routes bitumées dans le réseau routier total et pour les télécommunications, le nombre de lignes téléphoniques pour 100 personnes, le nombre de téléphones portables (cellulaires) pour 100 personnes et les utilisateurs d’Internet pour 100 personnes. S’agissant de l’utilisation énergétique par habitant, la cible pour les pays à revenu élevé et les pays à revenu intermédiaire supérieur, est de 4 365 kilowattheures (kWh) tandis que pour les pays à revenu intermédiaire inférieur et les pays à faible revenu, elle est de 896 kWh. Tels sont les changements que les divers pays africains devraient opérer en l’espace de deux décennies pour satisfaire à l’impératif d’utilisation énergétique. L’Égypte est le seul pays à satisfaire à cet impératif tandis que la Libye, l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et le Maroc en 2010 étaient ceux qui s’étaient rapprochés de cette référence. Tous les autres pays devront augmenter considérablement l’offre et l’utilisation énergétiques afin de satisfaire à cet impératif.
A.K
Source : Banque mondiale

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=973