back

Cérémonie des « African Awards » du 13 mai au Casino de Bruxelles - Une chance pour le football belgo-africain [05-06/2013]

Au cours de cette soirée des African Awards qui a drainé du monde, on a recueilli les impressions des uns et des autres sur l'importance d'une telle cérémonie pour le football africain, y compris de la Belgique. Parmi les personnes interrogées, figurent quatre nominés, en l’occurrence le lauréat Mbaye Léye, son dauphin Cheikhou Kouyaté, Dieumerci Mbokani, et Ebrahima Ibou. Dans la même veine, le ministre Rachid Madrane, le Sénateur Bertin Mampaka, Moro Mukota, Président de l'ACPRO, Hervé Gilbert, journaliste à la RTBF, le Docteur Phasi Ndudi, Pierre Kompany, le footballeur Vadis Odjidja du FC Bruges, le doyen du football congolais, Bonga Bonga, l’agent recruteur Reynders nous ont livré leurs impressions.

Le ministre bruxellois Rachid Madrane : «C’est toute l’Afrique qui avance»

Je soutiens cet évènement, évidemment, financièrement puisque nous donnons des subsides pour son organisation. Vous savez, moi, je suis d’origine africaine, je suis du Nord de l’Afrique, mais chaque fois qu’un Africain avance ou réussit, que ce soit en sport, en médecine, en culture, dans les affaires, en économie, c’est toute l’Afrique qui avance. Je suis là comme ministre des sports à Bruxelles et à travers cet évènement, c’est toute l’Afrique qui est mise en avant. Ce n’est pas toujours simple, mais il y a toujours de grands joueurs comme Kompany, Dieumerci Mbokani qui sont des référents positifs de toute une génération. Grâce à eux aujourd’hui, les jeunes savent que c’est possible de se construire dans le sport et dans d’autres domaines. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est le souci de l’éducation, c’est pourquoi je soutiens cet évènement. C’est aussi pour cette raison que j’ai envie de dire «l’Afrique debout», il y a des modèles de gens qui ont réussi et si quelqu’un réussit, c’est l’ensemble de la communauté qui peut réussir. Pour moi, l’intérêt, c’est d’attirer toute une génération derrière nous.

Est-ce que le retour est positif au niveau étatique ?
Je pense que le retour est particulièrement positif. Je pense que nous sommes en train de construire avec des modèles et des référents positifs pour toute une génération d’enfants nés ici. J’espère que toute cette génération saura que ce pays est un pays d’accueil. Ils ont leur place tant qu’’ils peuvent construire l’avenir, et parfois un avenir extraordinaire. En Espagne, il y a Messi, ici, il y a M’bokani, il y a d’autres grands joueurs. Je pense que chaque enfant qui nait dans ce pays, d’origine africaine ou pas, a la possibilité ou pas de se lancer ; à lui de s’élever parce qu’il a des grands frères qui ont réussi et que eux aussi peuvent réussir.

Pierre Kompany : «Je suis très fier, je ne m’en cache pas»

Quelles sont vos impressions par rapport à cette cérémonie de ce soir ? Au vu de l’ampleur de l’évènement, je suis très fier, je ne m’en cacherai pas. Si je le cachais, je mentirais. Et je crois que pour ce qui est de l’organisation, des gens d’origine africaine se sont constitués en groupe d’amis et ont défendu le projet depuis le début. Aujourd’hui, ils sont au devant de l’événement qui est à la dimension de la Belgique. On ne peut pas se tromper à ce propos. J’étais dans la voiture, on parlait de l’évènement à Bel RTL, cela fait plaisir, c’est peut-être un exemple de réussite qu’il faut entretenir. Quel est votre favori aujourd’hui ? Je vais quand même vous surprendre, je n’ai jamais fait de pronostics. Je prends celui qui gagne comme celui qui perd.

Le Sénateur Bertin Mampaka : «Changer la perception que l’on a des minorités»

Mon impression est que c’est la confirmation de la suite. La suite c’est quoi, c’est-à-dire que le Soulier d’Ébène est une institution autant que le soulier d’Or, autant que le Ballon d’Or et c’est un évènement qui a pris sa place dans la reconnaissance et le mérite des personnalités issues de la diversité qui se sont distinguées non seulement dans le championnat de football, mais tout simplement dans leur vie. Parce qu’à travers la remise de ce prix qui est le Soulier d’Ébène, il y a aussi la reconnaissance de tout ce qui est Africain Awards, c’est-à-dire des personnalités qui, en dehors du football, se sont également manifestées. Les minorités, ce sont des gens qui posent des questions, car la réussite est difficile, beaucoup parlent de plafond de verre, c’est-à-dire une barrière qu’on se met à soi-même parce qu’on se dit : je ne suis pas convié à ce genre de meeting ou d’activité, ce qui entraine une difficulté à se faire accepter. Cette activité a pour mérite ou pour vocation de mettre en exergue les gens qui ont réussi pour inciter les autres qui aimeraient bien réussir à s’inspirer du travail de Mbokani, de Fellaini, de tous ceux qui, par leur engagement, ont réussi à changer la perception que l’on a des minorités. Nous, les subsahariens, sommes considérés comme des gens pas courageux, pas travailleurs.

Que proposez-vous pour renforcer la stature de cet évènement ?
Je lance un appel à tous mes collègues ministres ici présents, Rachid Madran, Fadila Laanan et d’autres qui ont des enveloppes avec plus de subsides, d’appuyer cet évènement pour qu’il soit organisé d’une manière encore plus professionnelle, même si c’est déjà très professionnel. Je sais que les organisateurs sont en train de payer de leur poche pour que nous puissions récompenser ce soir les meilleurs d’entre nous. Je trouve qu’il existe beaucoup d’institutions pour reconnaitre les talents des minorités. Toutes les télévisions sont là, présentes, mais je poserai des questions à mes collègues ministres au Parlement et dans tous les hémicycles pour savoir quelle est leur contribution dans le soutien et le support de cette activité. Je sais qu’un autre collègue a estimé qu’on ne peut pas donner de l’argent à des gens qui en gagnent beaucoup. Ce soir, donner un Soulier d’Ébène à Dieumerci Mbokani, ce n’est pas lui donner de l’argent, c’est tout simplement lui dire que le peuple belge, les blancs, les noirs et les maghrébins, a reconnu son talent, mais aussi, c’est lui dire : tu as donné l’exemple à des minorités subsahariennes grâce à ton parcours.

Hervé Gilbert, journaliste RTBF TV : «Les joueurs africains apportent une plus-value au football belge»

Je pense que la communauté africaine en Belgique est un atout, un réel poids dans le championnat de Belgique. Si on voit les nominés, on trouve pratiquement les meilleurs buteurs du championnat, excepté Bacca qui est Sud-Américain, on a vraiment le top des buteurs et on a aussi, comme Kouyaté, quelqu’un qui est envié, qui est demandé partout, qui a été repéré au FC Brussels, qui est parti à Anderlecht. Prêté à Courtrai, il est revenu pour prêter main forte pour gagner un titre. Je pense qu’il y a une réelle évolution de ce football africain dans nos championnats européens.

Le partenariat RTBF - Soulier d’Ébène ?
On a des stars du championnat belge et je pense que ce sont des joueurs qui peuvent élever leur niveau et aussi faire des étincelles à un autre niveau. C’est clair que, si on avait des seconds couteaux, on serait peut-être moins présents dans ce type de cérémonie, mais je pense que notre présence ici au côté des meilleurs joueurs du championnat a toute sa crédibilité et sa notoriété.

Le football africain a-t-il une incidence sur l’évolution actuelle du niveau du football belge ?
Je pense que très certainement, c’est un tout, il y a eu une remise en question générale au niveau du football belge après des échecs successifs. On se qualifiait toujours en Coupe du monde. On a une forte présence des joueurs africains chez nous, dans notre équipe nationale qui jouent maintenant dans le top européen. Avant, ce n’était pas le cas. Maintenant, on a des joueurs qui apportent des plus-values aux Diables rouges. La preuve en est que le capitaine de cette équipe est Vincent Kompany, qui est un joueur d’origine africaine.

Docteur Phasi Ndudi : «Intégrer notre secteur d’activité avec les organisateurs» Je suis le Docteur Phasi, je suis médecin de formation, j’anime une association de la diaspora africaine de Belgique dénommée Benelux Afro Center. Je travaille dans le secteur de la santé pour appuyer la société civile dans ce secteur en RDC. Mon association est la première association de la diaspora africaine à être agréée sur la ligne Migration-Développement. On est financé par la Coopération belge pour les actions que l’association mène. Pourquoi investir le secteur sportif ? Je pense que le secteur sportif est celui où la communauté africaine a montré toute sa capacité et fait ses preuves. C’est un secteur de grande mobilisation dans ce pays, donc il est important qu’il y ait des activités qui montrent ce que les africains y font, d’autant plus que moi, dans mon secteur de coopération, je fais exactement la même chose. Je soutiens d’autres associations de la diaspora pour qu’elles puissent arriver à un niveau supérieur et bénéficier des appuis de la Coopération qui sont importants pour pouvoir soutenir nos pays d’origine. Donc, c’est normal que je vienne soutenir une activité qui fait la promotion de ceux qui ont fait de bonnes choses dans ce pays. Quelles perspectives de partenariat proposez-vous pour ce événement ? Nous avons déjà parlé avec les organisateurs de l’activité. Probablement, pour le prochain évènement, nous allons co-financer l’activité pour que ceux qui travaillent dans notre secteur de coopération puissent être mis en exergue dans le cadre de cet évènement.

Le capitaine de Lille, Rio Mavuba «Le Soulier d’Ébène, c’est une bonne initiative»

Pourrait-on avoir votre opinion sur la cérémonie ?
C’est une bonne chose pour tout Africain, c’est une bonne initiative en Belgique. Tous les championnats ne font pas cela, c’est-à-dire organiser une soirée pour récompenser un joueur africain, donc, je suis content d’être là et fier de mes origines.

Quel message lancez-vous aux africains et à vos collègues footballeurs ?
C’est vrai qu’aujourd’hui, j’ai la chance de faire du social, mais il faudra qu’on soit un maximum de joueurs impliqués pour mener cette cause noble. Moi, je suis conscient de mes origines. En tout cas, si je suis là, c’est pour rendre la monnaie, donner la chance au pays et aux enfants qui sont dans le besoin là-bas.

Moro Mukota, Président de l'ACPRO : «On ne change pas une équipe qui gagne»

C’est la 22e édition, nous espérons vivement que l’événement va se perpétuer. Merci à la presse qui vient chaque fois nous soutenir et rendre compte de ce qui se passe. Le plus important pour nous, c’est de mettre en avant les Africains qui font de bonnes choses. Ce point est l’élément capital qui permet de dire que c’est une richesse pour la Belgique d’avoir ces personnalités, ces individualités.

Les innovations pour le futur
On va garder la même trame, on ne change pas une équipe qui gagne, mais on va apporter çà et là certaines modifications pour améliorer l’évènement.

Le lauréat Mbaye Lèye « Le Soulier d’Ébéne, une reconnaissance du travail»

Ce prix est une reconnaissance du travail que je suis en train de faire. C’est un honneur que cette association me délivre le prix du meilleur joueur africain de l’année. C’est une belle récompense par rapport à ce que nous faisons cette année. Je pense que Zulte est une équipe qui a été impressionnante cette saison, les trophées commencent à tomber. A présent, on espère que le plus important, ce sont les deux journées qui restent et qu’on va aller au bout. Ce titre n’est pas une sorte de reconnaissance, mais une reconnaissance du travail que j’ai fait en Belgique pendant six années. Cette saison a surtout été ponctuée par ce qu’on est en train de faire. On fait un bon championnat avec des joueurs de talent comme Hazard et les autres. Il y a de la qualité dans cette équipe de Zulte Waregem et c’est un trophée qu’on ne peut pas recevoir tout seul, il faut jouer dans une bonne équipe pour réussir à décrocher quelque chose comme cela. Je pense que l’importance de cette soirée pour tous les nominés, c'est une reconnaissance du travail qu'on a fourni toute cette saison. Il y a beaucoup de joueurs d'origine africaine dans ce championnat et cela montre le respect du travail qu'on est en train de faire. C’est très important que les gens le reconnaissent.

Que penser de votre avenir à Zulte Waregem ?
Rester est quelque chose de possible. Il me reste un an de contrat à Zulte et quand vous avez un an de contrat, c’est encore possible de rester dans l’effectif.

En sélection nationale, le coach se tourne plutôt vers les autres championnats pour faire son équipe, qu’en pensez-vous ?

Dans un certain sens, c’est normal parce qu’il s’agit des championnats beaucoup plus relevés que le championnat de Belgique. Mais, moi, j’ai une certaine fierté par rapport à ce que je fais en Belgique et du moment que je suis reconnu par des personnes qui sont en Belgique, c’est le plus important. Mais l’équipe nationale, comme vous dites, est très importante pour moi. J’ai été international en 2008 et depuis lors, je n’ai plus été appelé. Cependant, je prends les choses avec philosophie, comme cela vient. Sinon, je continue à faire ce que je fais. La sélection du Sénégal, comme je disais tout à l’heure, a beaucoup de bons joueurs. Ce n'est pas la qualité qui manque, ils jouent dans de grands clubs et je pense qu’en ce domaine, le coach a beaucoup de choix.

Dieumerci Mbokani : «Je suis content d'avoir encore été nominé»

Je suis content d'avoir été encore parmi les nominés. Mon impression, c’est que le Soulier d'Ébène est une très bonne initiative pour les joueurs africains. C’est pourquoi, on doit continuer à travailler encore plus.

Le Sénégalais Cheikhou Kouyaté : «Un honneur d’être parmi les nominés »

L’évènement de ce soir représente tout le travail qu’on fait ici en Europe. Être parmi les cinq meilleurs footballeurs africains de Belgique, c’est un honneur et cela fait plaisir.

Comment voyez-vous l’évolution du football africain en Belgique ?
Ça évolue de plus en plus. Si le Soulier d’Or a été remporté par Dieumerci Mbokani, cela prouve que le football africain a évolué en Belgique. Des jeunes comme Pelé MBoyo font une excellente saison et tant d’autres qui sont là, en train de progresser de jour en jour.

Votre avenir en Belgique?
Ça ne dépend pas de moi mais plutôt de mon passeport belge. Je l’attends depuis quelque temps. Je ne veux pas faire mon transfert pour partir. Quand je dois faire un transfert, ce doit être un transfert digne de ce nom. Je connais mes qualités, je sais où je peux aller et je pense que je dois attendre quelques jours pour voir si j’aurai mon passeport avant de prendre une décision.

L’international gambien Ebrahima Ibou : «Travailler pour progresser en vue des prochaines années»

J’ai une bonne impression de l’évènement. J’ai été nominé, c’est une bonne chose pour moi parce que je viens d’un petit club qui est le plus petit des clubs des nominés. Je suis content parce que c’est une reconnaissance du travail que j’ai fait cette année. Maintenant, il s’agit de continuer à travailler pour progresser en attendant les prochaines années. Le gagnant d’aujourd’hui, Mbaye Léye je le connais depuis longtemps, il est resté toujours simple et travailleur et cela montre que si on travaille, on peut avoir de bons résultats.

Que dites-vous de votre sélection nationale pour la Gambie ?

On a deux matchs très difficiles avec la Côte d’Ivoire, mais on reste positifs et la seule chose que je peux apporter à mon équipe de Gambie, c’est l’expérience que j’ai acquise ici en Belgique, parce qu’on est vraiment une jeune équipe et on veut montrer que si on travaille, si on se donne au maximum, on peut gagner des choses.

Le doyen et emblématique Bonga Bonga : «Cela incite les jeunes à pouvoir faire des efforts»

C'est extraordinaire de réunir aujourd’hui la crème du football belge d'origine africaine. C'est magnifique, cela incite les jeunes à faire des efforts pour arriver à être appelés ici et gagner ce trophée du Soulier d'Ébène. C'est une très belle organisation.

Le footballeur Vadis Odjidja de Bruges

Quelle est votre impression sur cette soirée ?
J’en ai une bonne impression. Aujourd'hui, beaucoup veulent participer à cette cérémonie. Quant aux nominés, ils ont tous fait une bonne saison.

Que pensez-vous de l'évolution du football en Belgique et au niveau des africains?
Je pense que parmi les dix meilleurs joueurs de la Belgique, il y a pas mal d'africains. Ils font de bonnes choses. On peut dire que les africains sont de bons joueurs de foot et sont dans tous les championnats du monde. Pour ma part, à l’heure actuelle, j'ai une petite blessure, sinon j'aurais aidé mon équipe à jouer pour le titre. Mais, c'est difficile en ce moment. Toutefois, j'espère pouvoir continuer à faire des progrès dans mon club et continuer.

Gauthier Reynders, agent recruteur au Standard de Liège : «Soutenir ce football»

Cette année, de manière générale, c'est encore une belle consécration pour l’Afrique qui se fait elle-même et se valorise ici en Belgique à travers le football. On a des joueurs très talentueux, comme l'a dit notre ainé Bonga Bonga. Cela prouve que l’Afrique a des magnifiques ressources et c’est pourquoi, on est là pour soutenir ce football. Mais, on voit aussi, au niveau des affaires, que les choses se développent et je pense que c'est bénéfique pour le football belge auquel on est très attaché. Au niveau sportif, on voit que Bonga Bonga est un digne ambassadeur du football africain en Belgique, lui qui a ouvert la voie aux jeunes africains. Mais, je pense que des talents comme Vincent Kompany et d'autres sont des fiertés pour l’Afrique. Mes impressions sont positives.

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=942