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Vallée du Sourou - Un eldorado économique au coeur du Burkina Faso [12/2012]

Avec ses 30 000 hectares potentiels, la Vallée du Sourou, véritable poumon économique, ambitionne de devenir un pôle de croissance économique dans les années à venir. Véritable richesse économique où le riz côtoie l’oignon, le maïs, la tomate, créant des emplois et des revenus substantiels aux populations. Cette mine d’or économique du Burkina est grippée par un grain de sable : l’état défectueux des routes.

Après avoir effectué 156 km de route non bitumée, jonchée de ravins et de nids «d’éléphant», en 4 h de route entre Yako et Niassan, au nord du Burkina Faso, dans la province du Sourou, un eldorado économique se présente : la vallée du Sourou. Les secousses, les coups de freins, de changement de direction du chauffeur, ôtent au visiteur l’envie de déguster le riz naturel bio servi au foyer situé en plein coeur du village de Niassan. Cette vallée, d’une potentialité estimée à 30 000 hectares, a 3810 hectares aménagés actuellement. Grâce au Millenium Challenge Account (MCA), 2100 hectares supplémentaires seront aménagés en vue d’accroître la capacité de production de la Vallée. L’Autorité de Mise en Valeur de la Vallée du Sourou (AMVS) est la structure technique du Ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique chargée de la gestion de cette vallée. Elle contribue en moyenne à environ 65% du riz produit dans la région, et pour plus de 56% de la pomme de terre originaire du Sourou. Les autres cultures pratiquées sur cette surface de la vallée sont le maïs, l’oignon, la tomate, le soja, le niébé, etc. Au total, 3503 producteurs dont 51 femmes sont installés dans la vallée. On y compte 13 groupements dont 8 pour le riz et les 5 autres pour la polyculture. Parmi les producteurs, il y a les agrobusinessmen et les petits producteurs. Mamadou Lèga est un agrobusinessman. Il exploite 30 hectares sur lesquels il cultive le maïs, l’oignon, la pomme de terre et la tomate avec, à la clé, 3 campagnes de production par an. 2 campagnes pour le maïs et une campagne pour les autres spéculations. En campagne humide, l’agrobusinessman Mamadou Lèga produit au moins 150 t de maïs contre 70 t pour les autres spéculations. En campagne sèche, M. Lèga récolte au moins 750 t d’oignons, 40 t de tomates, 20 à 30 t de pommes de terre par hectare. Ces productions lui procurent des bénéfices substantiels. «En fonction de la pluviométrie, le bénéfice net que je tire du maïs tourne autour de 150 000 F à 200 000 F par hectare. L’oignon tourne autour de 600 000 à 1 000 000 de francs de bénéfice par hectare. Quant à la pomme de terre, j’engrange en moyenne 500 à 900 000 F CFA de bénéfice par hectare. La tomate me rapporte entre 600 000 F et 1 000 000 de francs CFA lorsque la production est bonne», témoigne M Lèga. Selon cet agro businessman, l’objectif premier de la production rizicole et des autres cultures est l’atteinte de la sécurité alimentaire. Cette sécurité alimentaire qui ne va pas sans la création d’emplois décents pour les fils de la région.

Au moins 1000 emplois générés par an

La Vallée du Sourou est un vivier de création et de promotion de l’emploi. Dans cette partie reculée du Burkina Faso, où le calme côtoie le labeur des paysans dans les champs, la maind’oeuvre fait défaut à cause de la multitude des emplois générés par la production. Par an, M. Lèga emploie environ «1000 personnes» sous forme d’emplois permanents ou de contrat. Pour ce qui est de la rémunération, le repiquage d’une parcelle de 50m de long sur 8m de large coûte 1500 F. En période de récolte, le paiement est de 750 F/jour. Le labour au tracteur revient à 30 000 F/hectare. M. Lèga dit se frotter les mains en termes de production. «Pour cette année agricole, j’ai vendu 5000 sacs de maïs au coût d’un million sept cent mille francs.» Ayant ses propres camions de transport de marchandises, Mamadou dit pouvoir faire sortir 30 chargements de marchandises chaque année de la Vallée du Sourou. Les acheteurs potentiels viennent du Ghana pour l’oignon, la tomate et la pomme de terre. Le maïs est vendu sur le marché local. M. Lèga dispose d’une aire de stockage d’une capacité de 2750 t d’oignons faite en paille. Cela rend difficile la conservation d’où l’appel de Mamadou afin d’avoir une aire de stockage en dur. A côté de sa propre production, M. Lèga soutient de nombreux petits producteurs dans un système de partenariat. Ainsi, plus 60 hectares sont exploités par des petits producteurs en partenariat avec l’agro businessman. La plupart de ces producteurs cultivent le riz mais aussi, pratiquent la culture maraîchère. Cependant, le riz constitue le levain de la Vallée.

Le riz, une aubaine

La production rizicole de la Vallée est de 4,5 t par hectare en moyenne. Cette capacité peut aller jusqu’à 6 t par hectare mais des difficultés liées à l’appauvrissement des sols, au non respect des techniques culturales freinent l’augmentation de cette production à l’hec21 tare. Idrissa Drabo est le Président de la Coopérative Rizicole de Toma (CERTO). Cette coopérative regroupe 114 personnes exploitant 70 hectares. «La production du riz constitue la principale revenu de nos familles», explique M. Drabo. Quant à la faiblesse de la capacité de production, le Président du CERTO pointe du doigt deux facteurs principaux. Le premier constitue, selon lui, le retard dans la livraison de l’engrais et des semences. Le deuxième est la disponibilité de cet engrais en quantité suffisante. Pour couronner le tout, M. Drabo avance l’insuffisance des superficies cultivables. Bercé par le gazouillement des oiseaux, sous un soleil de plomb, Gniehoun Tanko, producteur et acheteur de riz tire la sonnette d’alarme quant au coût de production de riz à l’hectare. «Il faut en moyenne 400 000 F CFA pour exploiter un hectare de riz. Cela est cher !», précise M. Tanko. En tant qu’acheteur de riz, il déplore le prix d’achat pratiqué par la SONAGESS qui est de 128 F CFA/ kg. Alors que «les autres acheteurs payent le Kg à 150 F». Cette donne fait que les producteurs sont enclins à vendre les fruits de leurs récoltes au privé plutôt qu’à la SONAGESS. D’où l’interpellation de Gniéhoun afin que la nationale de gestion des stocks de sécurité «revoie son prix d’achat à la hausse». Cette interpellation est un pan des difficultés rencontrées par les producteurs.

Des difficultés d’ordres divers

La production rizicole et la culture maraîchère font bon ménage dans le Vallée. Cette cohabitation n’éradique pas certaines difficultés auxquelles font face les producteurs. La principale difficulté est liée au coût de la production. Adama Tamboura est producteur d’oignon et membre de l’Union Provinciale des Producteurs d’Oignon du Sourou (UPROSO). Depuis 10 ans, il pratique cette culture avec, à la clé, une récolte estimée entre 15 et 20 t sur son hectare. A cela s’ajoute le problème de la commercialisation. «Nous avons du mal à écouler convenablement nos produits à cause de l’état des routes», explique M. Tamboura. Une autre difficulté est celle liée au stockage des produits. «Il n’y a pas assez de magasin de stockage. Donc, nos produits pourrissent faute d’espaces appropriés pour la conservation», explique Adama Tamboura. Ce producteur se dit prêt à augmenter sa capacité de production s’il bénéficie d’une maîtrise de la commercialisation et d’aires de stockage appropriées.» En guise de solutions proposées, M. Tamboura veut un comptoir d’achat sur place afin de faciliter l’écoulement des productions. La Vallée du Sourou est un eldorado économique. Cependant, de nombreuses difficultés émaillent sa capacité de production.

Planifier la production

Les périmètres aménagés dans la vallée sont alimentés par l’eau du fleuve Sourou. Un système de pompage est utilisé pour drainer l’eau vers les périmètres. Selon le Directeur des affaires foncières, de la formation et de la professionnalisation agricole de l’AMVS, Roland Ilboudo, «la vallée du Sourou est passée du paysannat en 1966 à l’agrobusiness aujourd’hui. Mieux, la plupart des agrobusinessmen ne viennent pas d’ailleurs. Ceux qui viennent d’ailleurs ne dépassent pas 3 à 5 personnes». Face aux difficultés relatives à la commercialisation, M. Ilboudo prône «une planification de la production pour éviter les doublons excédentaires. Cela permettra aux producteurs de savoir où placer leurs produits après la récolte. Pour favoriser un meilleur développement du système de production, M. Ilboudo penche pour l’octroi de crédits aux producteurs par des institutions financières. Au-delà de ces solutions, il décrie l’état des routes menant dans la Vallée. La vallée du Sourou, riche en opportunités d’affaires, de créations d’emplois, ambitionne de devenir un pôle de croissance. Le problème est qu’en y pensant, on regrette que dans ce cas précis, la route du développement ne passe pas par le développement de la route.




Lery ou les vannes de l’espoir

Les périmètres aménagés dans la vallée du Sourou sont alimentés par un système de pompage de l’eau du fleuve Sourou. Au Burkina Faso, un système de vannes a été mis en place au niveau du village de Lery à près de 60 km de la base vie de l’AMVS à Niassan. Quatre vannes ayant chacune un débit de 20m3/s régulent la pression de l’eau. Avec la grosse pluviométrie de cette année, les vannes étaient à pleine charge avec un débit total de 80m3/s. Selon Belemviré Mahamoudou de la Direction des aménagements des infrastructures et de l’équipement, «avant la construction de cet ouvrage, le Sourou se vidait de son contenu ». Le fleuve Sourou fait au total 150 km et arrose 2 pays, le Mali et le Burkina Faso. 90 km de sa longueur se trouvent au Mali tandis que 60 Km se trouvent dans la partie du Burkina Faso. En outre, le Mouhoun et le Sourou sont connectés grâce à un système d’endiguement. Par ce système, le trajet de l’eau constitue un cycle. D’où une perpétuelle présence de l’eau dans le lit du Sourou.
DEO

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=855