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Femmes africaines hautes personnalités - Un positionnement de qualité [09/2012]

Depuis quelque temps, c’est la révolution des femmes africaines dans les hautes sphères de l’intelligentsia internationale. Que ce soient Fatou Bensouda à la CPI ou Nkosazana Dlamini Zuma à la tête de l’Union africaine ou encore Kuteeza Elisabeth des services régionaux de police d’Interpol, les femmes africaines ont la cote.

Les femmes africaines hautes personnalités ne se comptent plus du bout des doigts. De façon anonyme, ou connues, elles se positionnent comme une référence dans le management des hommes et des institutions. L’une des grosses surprises de ces derniers mois a été l’élection de Mme Nkosazana Dlamini Zuma à la tête de la Commission de l’Union africaine. Sortie de nulle part, elle a battu en juillet son rival Jean Ping au suffrage des 2/3 des votants. Femme battante, du haut de ses 63 ans, Mme Zuma, qui n’est autre que l’ex-épouse du Président Jacob Zuma, vient de réussir un grand coup lors du 19e Sommet de l’institution africaine. Son passé de militante politique au sein de l’ANC et son expérience d’ancienne ministre sous l’ère de son mari ont beaucoup milité en sa faveur. Elle a été ministre des Affaires étrangères de 1999 à 2009 avant d'être nommée ministre de l'Intérieur de 2009 à 2012. Militante antiapartheid depuis l’adolescence, elle s’exile dans les années 1970. Elle étudie la médecine en Angleterre avant de revenir sur le continent, au Swaziland. C’est là qu’elle rencontre Jacob Zuma, qu’elle épouse au début des années 1980 (la date exacte de leur mariage est incertaine). Après la chute de l’apartheid, Nelson Mandela la nomme ministre de la Santé. Son baptême du feu politique est rude : elle croise le fer avec les groupes pharmaceutiques sur la question des brevets et se retrouve accusée de mal gérer le budget de la prévention contre le sida. Nkosazana Zuma (comme on l’appelle encore à l’époque) était pourtant l’une des premières à lancer l’alerte sur la gravité de l’épidémie, à une époque où le déni dominait chez ses pairs. Les critiques la touchent. C’est alors qu'"elle se retire dans une coquille défensive", note William Gumede, auteur d’un ouvrage de référence sur Thabo Mbeki, dont elle est très proche.

Femme de caractère

En 1998, elle divorce de Jacob Zuma. "Je crois qu’elle ne supportait plus ses autres femmes”, indique Jeremy Gordin, biographe de l’actuel président sud-africain. “Mais ils ont gardé un profond respect l’un pour l’autre". L’année suivante, Thabo Mbeki confie à cette militante de la renaissance africaine le portefeuille des Affaires étrangères. À ce poste, qu’elle occupera pendant dix ans, Nkosazana Dlamini-Zuma se taille à l’Union africaine une réputation de bûcheuse coriace. Pour perfectionner son français, elle n’hésite pas à passer trois semaines en immersion dans l’Hexagone. Après dix-sept années au sommet dans son pays, une haute responsabilité à l’échelle du continent - avec son lot de crises - l'attend désormais. Cependant, du fait qu’elle n’est plus novice en la matière, elle saura certainement relever les défis qui s’imposent à l’Afrique tout comme bon nombre de ses consœurs qui occupent des postes élevés de responsabilité. Parmi celles-ci, on peut citer Fatou Bensouda qui est la Procureure générale de la CPI.

Bensouda ou l’africaine de la CPI

Longtemps considérée comme la bête noire des chefs d’États africains, la CPI vient d’avoir à sa tête une africaine. Fatou Bensouda (née le 31 janvier 1961), d'origine gambienne, actuellement Procureure Générale après avoir été Procureure Générale Adjointe du Tribunal Pénal International (TPI) depuis Septembre 2004. Elle était auparavant ministre de la justice en Gambie. Mme Fatou Bensouda, de nationalité gambienne, a été élue au poste de Procureure adjointe par l’Assemblée des États Parties le 8 septembre 2004. Elle dirige la Division des poursuites du Bureau du Procureur. Mme Bensouda détient une maîtrise en droit maritime international et en droit de la mer et est donc la première experte de Gambie en droit maritime international. Avant son élection, Mme Bensouda a été conseillère juridique et substitut du Procureur au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) à Arusha, en Tanzanie. Elle y a grimpé les échelons pour devenir conseillère juridique principale et chef de la Section des avis juridiques. Avant de travailler au TPIR, elle fut directrice générale d’une importante banque commerciale en Gambie. De 1987 à 2000, toujours en Gambie, elle a occupé successivement les postes suivants : Avocate générale, principale Avocate générale, Directrice adjointe des poursuites publiques, Procureure générale adjointe et Secrétaire juridique de la République, puis enfin Procureure générale et Ministre de la Justice, dont les fonctions englobent celles du poste de conseillère juridique principale auprès du Président et du Cabinet de la République de Gambie. Née à Banjul dans une famille nombreuse d'un père fonctionnaire et d'une mère femme au foyer, c'est grâce à une bourse de son pays qu'elle fait ses études au Nigéria. Son parcours est aussi fulgurant qu'expectionnel. Adjointe de l'ex- Procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo, depuis 2004, son objectif est que les travaux de la cour aient un impact tel qu'elle puisse devenir une force de dissuasion pour prévenir les crimes. Les nombreuses enquêtes de terrain qu'elle a conduites en RDC, Darfour, Côte-d'Ivoire, et les centaines de récits de meurtres qu'elle a recueillis et qui "la hantent encore" ont façonné une personnalité singulière, "vigoureuse" disent certains et profondément humaine. Si sa féminité et le fait qu'elle soit africaine ont autorisé certains à supputer qu'elle pourrait être plus clémente à l'égard des criminels de guerre issus du continent africain (car la majorité des dossiers en cours les concernent), Fatou Bensouda qualifie la polémique de "discrimination" et, préfère voir dans ce symbole de quoi donner de l'espérance aux jeunes femmes : "Il n'y a pas de plafond de verre, le ciel seul est la limite".

Interpol se féminise

Ancienne chef du département des enquêtes criminelles (en anglais, Criminal Investigations Directorate, le CID) à Kampala, la capitale de l'Ouganda, l’Ougandaise Elizabeth Kuteesa a été nommée directrice d’un département clé du quartier général d’Interpol, l'organisation internationale de police criminelle, a indiqué New vision. Elle devient la première femme africaine à occuper un tel poste de direction. A la tête de ce département, elle supervisera les activités de l’unité à travers plusieurs domaines. Entre autres, apporter son soutien et assurer la coordination des Bureaux centraux nationaux d’Interpol et coordonner les activités de ses bureaux régionaux et bureaux de liaison. Kuteesa coordonnera également la mise en application des accords de coopération entre Interpol et les entités régionales et les recommandations des conférences régionales et des plans de développement d'Interpol pour les régions. A cet effet, Ronald K. Noble, Secrétaire générale d'Interpol, a salué cette décision : «La promotion de l’ancienne directrice du conseil d'administration du CID traduit le rôle global que jouent les femmes africaines dans la communauté internationale consacrée à l'exécution de la loi». «Pour Interpol, qui avec 190 pays membres constitue la plus grande organisation de police, il est vital pour le staff de son secrétariat général non seulement de mettre en valeur la diversité, mais aussi d’apporter une expertise et une expérience pertinente du maintien de l'ordre dans le but de satisfaire les besoins des bureaux centraux nationaux du monde entier».

A Interpol depuis 2007

Depuis 2007, cette dernière travaille pour Interpol en tant qu’adjointe du Directeur de la zone Afrique. Auparavant, Kuteesa a occupé d’importants postes dans la police ougandaise, dirigeant la brigade des stupéfiants au quartier général du CID. Avant d’être nommée à la tête du même CID, elle était en charge du service d’enquêtes criminelles dans le district de Jinja (sud-ouest de l’Ouganda). Le site In2eastafrica rappelle qu'en 2004, Kuteesa est impliquée dans un scandale judiciaire. Cette dernière est suspectée d’avoir falsifié le dossier de l’affaire de viol mettant en cause le président du parti politique d’opposition Forum for Democratic Change, le docteur Kizza Besigye. La Haute Cour de justice a blanchi Besigye. Par la suite, l’opposant politique a déposé une plainte contre Kuteesa qui n’a pas abouti.

Quoi que l’on dise, ces hautes personnalités femmes africaines ont le mérite d’avoir leur mot à dire dans les plus hautes sphères de décision pour une marche radieuse de l’Afrique et du reste du monde.

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=791