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Florence Willems–Hennequin, présidente de l’association Solidarité et Aide à l'Enfance, « La solidarité permet d’avancer » [06/2012]

Florence Willems–Hennequin, présidente de l’Association Solidarité et Aide à l'Enfance (A.S.A.E.) a fait de l’aide aux enfants et aux femmes du Burkina Faso son combat. Ce combat, l’A.S.A.E le mène en développant des actions dans le domaine de l’éducation, de la santé et de la lutte contre la pauvreté en général.

Le nouvel Afrique (LNA) : Quels autres types de projets développe votre association ?

Florence Willems–Hennequin (FWH) : Avant tout, nous cherchons à réaliser ce que nous appelons «des projets de proximité», c’est-à-dire des projets à dimension humaine, comme le moulin à grains que nous avons financé pour les femmes de Ramongo. Nous nous intéressons de près à toutes les facettes de la vie burkinabé. Le rôle social de la femme, par exemple, est très important dans la société africaine. Celle-ci a en charge l’éducation des enfants mais également toute la gestion de l’espace dans lequel elle vit avec sa famille. Sa journée est rythmée par toutes sortes de tâches dont la préparation des repas. Nous avons observé les villageoises et pas un jour ne se passe sans qu’elles ne se retrouvent autour d’un mortier. Les femmes du village commencent par récupérer les tiges de mil qu’elles ont stockées dans des greniers. Elles procèdent ensuite à la séparation des grains en pilant les épis. Cette étape est primordiale car elle permet de garder uniquement les parties comestibles du mil L’étape suivante consiste à écraser les graines pour en obtenir de la farine. Soit les femmes ont recours à la pierre et à la force de leurs bras, soit elles se rendent au moulin où la meule va broyer les grains et en extraire la farine (la rareté des moulins oblige parfois les femmes à faire plusieurs kilomètres en vélo). La préparation des repas est un travail harassant même si les femmes y sont habituées depuis leur plus jeune âge. Tirer l’eau du puits, chercher le bois, piler le mil, trois corvées qui épuisent leur temps au détriment de l’éducation ou d’activités plus productives et rémunératrices. C’est la raison pour laquelle, entre 2010/2011, A.S.A.E a initié plusieurs actions destinées à récolter de l’argent afin d’implanter un moulin à grains (moteur diesel) au sein du village de Ramongo. Bien sûr, chaque projet dépend des contacts et des opportunités que nous avons sur place. Il y a quelques années, nous avons financé la mise en place d’un atelier de savonnerie pour un groupe de femmes dans le village de Toma. Elles ont reçu une formation pour la fabrication du savon au beurre de karité et maintenant elles le commercialisent.

LNA : Quels sont les partenariats au niveau local ?

FWH : Nous ne travaillons pas de façon officielle avec les responsables locaux. Nous nous organisons en fonction des contacts que nous développons et restons le plus éloignés possible du jeu politique. Notre souhait est de pouvoir agir en direct afin que la population puisse profiter pleinement de l’aide apportée. En fait, nous partons du principe qu’il faut de grandes associations pour soutenir de grands projets avec un large impact, mais également des micro-projets avec de petites gouttes d’eau qui viennent soulager ceux qui ont soif. Nous n’avons pas la prétention de sauver le monde. Nous voulons juste continuer à travailler dans l’ombre.

LNA : Dans quels autres pays africains réalisezvous des actions ?

FWH : Nous ne sommes pas une grande association, nos actions ont lieu uniquement au Burkina Faso. Nous avons des membres et des donateurs qui croient en nous et nous suivent depuis plusieurs années. Quelques actions sont organisées dans l’année, mais nos entrées financières sont très humbles. Nous travaillons avec de petits budgets qui, une fois au Burkina Faso, permettent de faire beaucoup de choses. Après avoir essayé de travailler à distance avec des intermédiaires (ce qui nous a occasionné de mauvaises expériences), nous avons décidé d’avancer moins vite mais d’avoir une vue sur l’intégralité de notre projet. Pour cela, nous partons tous les ans.

LNA : Quelles sont les activités menées pour la recherche de fonds ?

FWH : Il y a plusieurs choses. Dès que nous en avons la possibilité, nous travaillons avec des écoles en Belgique. Nous présentons nos projets aux élèves et ces derniers organisent des activités dans le but de récolter des fonds (petits déjeuners, vente de gâteaux …).Une autre source de revenus viennent de la vente des produits artisanaux que nous ramenons du Burkina Faso. A cela viennent s’ajouter des actions ponctuelles comme l’organisation de soirées à thèmes. Tout dépend des opportunités qui s’offrent à nous. Bien sûr nous comptons énormément sur tous les soutiens financiers qui peuvent se manifester dans le courant de l’année.

Le combat de l’Association A.S.A.E.

L’A.S.A.E a été créée et développée par Florence Hennequin et Marc Willems. Ensemble, ils ont souhaité se donner les moyens d’agir sur le terrain en créant une chaîne de solidarité fondée sur la confiance et l’amitié. Offrir une structure à dimension humaine fait partie de leurs priorités. Ils sont toujours prêts à vous accueillir pour discuter de leurs projets. Selon Florence Hennequin, «nous organisons chaque année des activités pour pouvoir récolter des fonds. Cet argent permet de financer la réalisation de projets et d’activités lors de nos voyages annuels». En réalité, l’objectif premier d’A.S.A.E. est de combattre la pauvreté sous toutes ses formes. Selon Florence Hennequin, «il est primordial de lutter contre l’illettrisme au Burkina Faso où le taux de scolarisation des enfants est en dessous des 50 %. Si de nos jours l’éducation est devenue un droit fondamental pour chaque enfant, elle n’est malheureusement pas encore accessible pour tout le monde. Or, le développement d’un pays ne peut passer que par l’éducation de son peuple. Ce sont les enfants d’aujourd’hui qui construiront le Burkina Faso de demain. Ensemble, nous pouvons leur offrir une chance de se développer et de bâtir leur avenir. Nous avons organisé des projets concrets comme l’achat de fournitures scolaires pour les écoles, la construction de toilettes ou encore la mise en place de l’électricité pour que les enfants puissent travailler après la tombée de la nuit. C’est vrai qu’au départ, nous avons travaillé avec les écoles mais, avec le temps, on s’est vite aperçu que trois domaines sont liés : la santé, l’école et l’alimentation. Un enfant qui part à l’école le ventre vide ne pourra pas se concentrer et retenir ses leçons, il sera également plus vite sujet aux maladies». L’association envisage également l’éducation sur le long terme et met l’accent sur le parrainage des enfants dans la durée. Ainsi, quand il a un parrain ou une marraine, l’enfant est accompagné sur le chemin de l’école pendant toute sa scolarité. Être parrain ou marraine, c'est soutenir moralement et financièrement la scolarité d’un enfant en restant en contact avec lui et en se tenant régulièrement informé de l’évolution de sa scolarité et de son mode de vie. Le parrain ou la marraine participe à sa manière à la mise en oeuvre d’un développement au sein de la communauté burkinabé.

A.S.A.E.
Florence Hennequin et Marc Willems
Tél. +32 2 478 18 12
E-mail : asae@skynet.be website : www.asaebru.org

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=743