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L’or noir africain un enjeu géostratégique [02/2011]

L’Afrique et l’or noir sont deux entités indissociables. Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, de nombreux pays regorgent de ressources pétrolières. En terme chiffré, les pays africains, produisent à eux seuls 10 % du brut mondial. Cette manne constitue une richesse considérable pour la majorité de ces pays si tant est que les bénéfices profitent aux populations en augmentant de façon substantielle leur revenu quotidien. Le Nigéria, l’Angola, la Guinée-Equatorial, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Congo, le Gabon, le Cameroun pour ne citer que ces pays, sont devenus des plates-formes pétrolières enviées sur le continent. La question cruciale qui se pose face au « scandale géologique pétrolier » du continent est l’utilisation de ces ressources. Le continent africain est très riche en pétrole. Cependant, et cela souvent avec fougue, l’on s’imagine une certaine pauvreté des Etats ayant comme richesse le pétrole. Souvent, les partisans des thèses oublient que la richesse de l’Afrique profiterait à l’Afrique si les uns et les autres permettaient au continent de gérer ses propres ressources. L’Afrique est happée par les multinationales ; soit pour assouvir la soif de pouvoir de certains individus, soit pour alimenter des conflits aux fins de pouvoir exploiter les gisements des régions en crise en finançant les groupes rebelles desdites régions. C’est le triste spectacle qu’ offre le Delta du Niger au Nigéria. Par jour, ce sont des milliards de baril de pétrole qui sont extraits soit par l’offshore soit, par l’on shore. Même si la majorité de cette quantité est expédiée de façon brute, il n’en demeure pas moins que les emplois créés grâce au pétrole constituent une richesse considérable pour les Africains. Dans le cas spécifique du golfe de Guinée, certains analystes font état de ce que la part de cette sousrégion sur le marché international du pétrole pourrait atteindre 25 % d’ici à 2015, avec l’augmentation de la production envisagée au Gabon, au Congo, en Guinée équatoriale, au Cameroun et à Sao Tomé et Principe. En Afrique du Nord où l’histoire pétrolière est encore plus ancienne, l’ouverture des domaines miniers aux compagnies pétrolières internationales s’accélère, à la suite des évolutions récentes des politiques étrangères de certains pays, notamment la Libye et l’Algérie. Les opportunités existent et envisagent le meilleur pour les pays africains. L’or noir, dans sa dimension transversale, ne constitue pas une malédiction pour l’Afrique. Loin s’en faut. Il est plus un avantage qu’un désavantage. L’avantage existe dans le fait qu’il est un enjeu géostratégique qui permettra, avec tact et circonspection, aux pays de maîtriser les cours mondiaux et d’en tirer le plus grand bénéfice. Que ce soit au niveau des multinationales étrangères exerçant sur le continent ou des sociétés privées locales, les dirigeants africains doivent prendre leur responsabilité pour permettre que les fruits du pétrole profitent aux populations africaines d’abord. Il suffit d’y appliquer une ferme volonté politique à toute épreuve. Il faut révolutionner la gestion de la manne pétrolière africaine. Dans certains pays, les réformes économiques opérées en 1990, ont permis à l’Etat de conserver la majorité des actions des multinationales exerçant sur leur territoire (cas du Nigéria). D’autres, ont fait l’option de créer des sociétés nationales pour conquérir le marché africain (cas de la Lybie). Cela est à saluer. Comme le dirait quelqu’un « c’est bon mais, c’est pas arrivé. » Il faut aller au delà de cette donne face à la capacité de production des réserves africaines. D’ores et déjà, l’Afrique noire, avec plus de 4 millions de barils de pétrole par jour, produit autant que l’Iran, le Venezuela et le Mexique réunis. Sa production a augmenté de 36 % en dix ans, contre 16 % pour les autres continents. Avec de telles richesses, le continent africain a les atouts pour mettre le monde à ses pieds. Car, qui gère l’énergie gouverne le monde. Et, gouverner, c’est prévoir. Or, on ne peut prévoir de creuser la tombe de l’Afrique lorsqu’on sait que brader nos ressources pétrolières peuvent nuire aux enfants d’Afrique. De ce fait, il faut à l’Afrique, une nouvelle race de dirigeants qui se comportent comme des managers d’hommes et de ressources qui profitent à l’Afrique et aux africains. C’est à ce prix que l’or noir ne sera pas un calvaire pour le continent mais une bénédiction.

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=493