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L’échevin Mohammed Jabour(MJ) - au service de la culture orientale [01/2011]

La culture pour tous. Tel est le credo de Mohammed Jabour, échevin des Finances, des Travaux publics et Espaces verts, de la Jeunesse et de la Plaine de Vacances dans la commune de Saint- Josse-Ten-Noode à Bruxelles. Passionnée de la culture orientale, cette grande figure du monde associatif, politique et culturel a longtemps participé à la promotion de la culture orientale. Ainsi, après avoir rendu hommage aux illustres Oum Kalthoum, Farid El Atrach, et autres, il a organisé le vendredi 17 décembre dernier, pour la 10 eme année consécutive, un concert au Botanique avec l’orchestre de Rafik El Maai afin de faire découvrir encore plus la musique arabo-andalouse. Ce fût un grand succès.

LNA : Présentez vous à nos lecteurs ?
MJ : Je suis Mohammed Jabour, né le 24 avril 1961 à Tanger. Je suis arrivé en septembre 1966 à Bruxelles, il y a 44 ans maintenant. Depuis lors, je suis à Bruxelles. Mon parcours professionnel démarre en 1984 dans une société, où j’ai vite gravi des échelons. Je suis arrivé au poste de directeur général. Après çà, j’ai créé mes propres entreprises et je me suis retrouvé à la tête de cinq entreprises jusqu’en 2000. Un élément important pour moi, ce sont les difficultés rencontrées dans ma jeunesse. Une vie très difficile au quartier nord entre l’arrêt Royal et la rue de Brabant. J’ai vu des amis, venus de divers horizons, aller à la dérive. Et là, j’ai été impliqué très jeune à la vie associative. J’ai notamment participé à la première association Schaarbeek Al Hijra qui signifie l’exode, une association de quartier qui oeuvrait pour les jeunes et était très active à l'époque. Une des toutes premières à Molenbeek-Saint-Jean. En 1982, je rejoins un groupe de jeunes pour créer l’Association des Jeunes Marocains. En 1984, l’association qui existe toujours devient une asbl dont je suis d’ailleurs actuellement le vice-président. On s’est bien retrouvé dedans. L’objet a été d’aider les jeunes à faire leur devoir et de leur proposer des activités sportives et culturelles (ciné club, etc.) afin qu’ils soient occupés. Je me suis beaucoup impliqué dans le milieu associatif. J’ai aussi participé à la création d’une structure qui s’appelait « Démocratie » essentiellement pour faciliter l’obtention de la nationalité belge qui était très difficile d’accès à l’époque pour les ressortissants étrangers. Lorsqu’on a créé cette structure, qui existe toujours, on était loin d’imaginer qu’il allait y avoir aujourd’hui des étrangers, élus, échevins députés. À la fin des années 80 et début des années 90, on ne nous écoutait pas, autant au niveau des responsables de nos pays d’origine que ceux d’ici. On criait, on revendiquait pour dire qu’on avait des communautés à la dérive avec comme conséquence la drogue, la prostitution, le manque de travail etc. Les jeunes étudiaient et n’avaient pas de boulot, autant pour les belges de souche que nous-mêmes. Avoir un étranger derrière un bureau était inimaginable. Il a fallu se battre pour çà. Je suis un militant et un combattant des bonnes causes.

LNA : Comment êtes-vous entré en politique ?
MJ : Outre mon engagement associatif et culturel, mon parcours a été aussi marqué par un homme qui s’appelait Mohamed El Baroudi, un personnage très important pour moi. Je l’ai rencontré en 1968. Il est décédé, il y a deux ans. Un jour, il est venu me voir pour me dire « Mohammed , tu te fais du fric, tu fais travailler des gens, tu vas faire travailler les gens pendant combien de temps. »Je lui réponds, « j’ai vingt employés qui travaillent pour moi. » Il me dit « laisse tomber tout çà et fait de la politique. Tu as fait l’associatif, et beaucoup d’autres choses. Maintenant, tu dois faire de la politique. » Quelque temps après, j’ai été appelé par le parti socialiste (Ps) qui souhaitait me voir sur leurs listes. Je me suis présenté pour être conseiller communal à Saint-Josse-Ten-Noode. La section communale m’a soutenu, avec un score. Je suis devenu directement échevin. En 2001, j’ai prêté serment et çà fait 10 ans que je suis là. J’ai été échevin des finances, jeunesse et culture et j’ai quand même eu des résultats probants. C’était une commune pauvre en général, 70 % de la population était inactive. On avait un budget en déficit durant 40 ans. J’ai rétabli l’équilibre budgétaire. Nous avons pu prouver que les élus, d’origine étrangère, étaient aussi compétents que les autres.

LNA : Vous avez initié le 17 décembre dernier un concert de musique arabo-andalouse, quel est le sens de cette manifestation culturelle ?
MJ : Il y a 10 ans, j'étais échevin des finances, jeunesse et culture. Je voulais créer un événement annuel "musique du monde". J'ai commencé mon tour par les pays arabes (Oum Kalthoum, Farid El Atrach, etc..). Cette année, c'était un groupe de musique arabo-andalouse parce que je voulais faire découvrir cette musique à des personnes qui ne la connaissent pas. Mais aussi, pour faire plaisir à celles et ceux qui apprécient ce genre de musique. Le Bota est une institution qui dépend de la communauté française, j'ai habité le quartier Botanique plus de 20 ans. Le Bota était inaccessible aux habitants de notre quartier. Avec ce concert gratuit organisé chaque année depuis presque 10 ans, j'ai voulu mettre en place un événement qui invite la population de St Josse, quelle que soit son origine ou sa classe sociale, à assister au spectacle dans cette institution. Cela fait près de 10 ans que cela marche et réussit à merveille. Car, la culture doit être accessible à tous les citoyens. La culture pour tous, c'est ça notre credo.

LNA : Quel est votre dernier mot
MJ : Malgré que je sois échevin, je suis resté moimême et je mourrai moi-même. Je ne me prendrai jamais la tête pour une fonction. Je reste comme j’ai toujours été. Je ne changerai pas. Je suis issu du peuple. Si les gens s’identifient à moi c’est parce que je leur ressemble. Je dois continuer à leur ressembler pour mieux sentir leurs besoins. Si on sent un changement, on doit faire autre chose. Je suis soutenu aujourd’hui par toutes les communautés, marocaine, africaine, les latinos, les indiens. Par ailleurs, outre la culture, telle l’organisation du concert du vendredi 17 décembre, j’ai soutenu des projets de forage de puits au Congo. J’ai aidé à la mise en oeuvre d’un projet au Burkina Faso. Je suis actuellement sur un projet de purification d’eau au Togo, même au Maroc où j’appuie la réalisation d’un projet de purification en collaboration avec des ingénieurs. En général, je soutiens le sud qui a besoin de nous. Cependant, étant élu local, je suis limité par rapport à mes possibilités mais je soutiens les projets pour l’Afrique. Le message que je délivre à la diaspora est que la Belgique demeure un pays ouvert. Pour quelqu’un qui a la volonté, tout est possible. Si, je suis resté à ce poste, c’est à cause du travail. Je suis un fils de manoeuvre et pourtant aujourd’hui je suis échevin. Je suis sûr qu’on peut tout réussir grâce au travail.

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=450