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Barry COPA TALENT, MATURITE ET HUMILITE [11/2009]

C’est par ces trois mots que l’on peut caractériser le gardien de buts de Lokeren, club de la Jupiler league, la première division belge. Qualifié pour la deuxième fois consécutive avec les éléphants de Côte d’Ivoire à la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, l’heure a peut-être sonné pour Boubacar de confondre les sceptiques et prouver que sa place est désormais parmi les grands.

Bruxelles, en ce samedi matin de novembre il est 9h30. Le petit déjeuner est avalé au pas de course. Il faut en effet prendre la route pour Lokeren où nous attend celui que je vais rencontrer pour la première fois. Le thermomètre affiche trois degrés et le crachin qui s’abat sur la cité n’incite pas franchement à mettre le nez dehors. Mais la curiosité qui m’anime surpasse la flemme qui m’habite en cette matinée. Après une demi-heure de trajet nous entrons dans la ville. Un rapide coup de fil de mon compagnon de route et notre hôte nous confirme sa présence au parking  du  Daknamstadion, le stade qui abrite les installations du club. Effectivement il nous y attend. Les présentations faites,  je suis d’emblée frappé par la modestie et la chaleur de l’homme. Tout à fait éloigné de l’image que je m’en faisais.

Victime  d’une blessure au genou, Barry est de repos depuis quelques jours. Il ne prendra donc pas part à la 14ème journée du championnat qui se dispute cet après-midi ainsi qu’au dernier match des éliminatoires de la Coupe du monde 2010 et la CAN qui a opposé le 14 novembre 2009, à Abidjan les Eléphants au Sily national de Guinée. Occasion pour lui de répondre aux nombreuses sollicitations que son statut de star dans cette petite bourgade flamande implique. Telle cette rencontre de championnat  qui oppose les minimes (moins de 13 ans, le samedi 7/11/2009) de Lokeren à ceux de Gand et à laquelle il a été invité par le jeune portier de l’équipe qui, par ailleurs, lui voue une grande admiration. Ce qui sans doute lui rappelle les souvenirs de son enfance à Williamsville, un quartier situé au nord d’Abidjan où il a vu le jour le 30 décembre 1979. Et comme tout gamin de son âge, pieds nus, il écumait les rues et terrains vétustes de la capitale économique du pays pour assouvir sa passion du football. A la grande désapprobation de ses parents qui préféraient plutôt le voir fréquenter les bancs de l’école.
Piqué par le virus du ballon rond, le jeune Copa déserte finalement les salles de classes pour se consacrer définitivement à ce qu’il aime le plus : le football. Mais les choses ne se passeront pas comme il espère. Car l’accès à ce qui est alors le plus grand centre de formation du pays MimoSifcom, créé par l’Asec d’Abidjan, l’emblématique club du football ivoirien lui  est refusé. Pour cause, il ne répond pas aux critères d’âge requis pour y suivre une formation.

Abnégation

Croyant dur comme fer en ses chances, le petit Copa fera montre d’une détermination et d’une abnégation qui vont forger sa personnalité. Il inonde Jean Marc Guillou (le manager général de l’Asec) de courriers, histoire de lui faire changer d’avis à son sujet. Stratégie payante puisqu’il est finalement convoqué pour un test comme gardien de but. C’est la seule alternative qui lui est offerte pour faire partie des effectifs du centre. Mais il n’en a cure. Quitte à sacrifier le poste de milieu défensif qui est le sien, il accepte. Le test est concluant et le voilà dirigé vers la cage. Tout heureux de son statut de « mimo », et sous la houlette du « sorcier Blanc » Barry va se muer en véritable dernier rempart. Parmi ses promotionnaires, Aruna Dindane, Kolo Touré, Eboué, le maestro Didier Zokora, N’dri Romaric, Baky Koné etc. Une génération dorée qui signera un coup d’éclat en 1998, en remportant la supercoupe de la Confédération africaine de football face à l’Espérance de Tunis.

 De bonnes dispositions que ces juniors vont confirmer lors d’une tournée en France une année plus tard en disposant du centre de formation de Rennes. Copa tape dans l’œil des dirigeants rennais. Mais le rêve hexagonal c’est pour plus tard, car il doit encore faire ses preuves. Il le reconnait lui-même, « à l’Académie, mon adaptation au poste de gardien de but a été vraiment difficile car je n’avais pas un entraîneur spécifique pour me former. C’est avec mon instinct que j’avançais. Parfois je faisais de bons matchs parfois de moins bons. Mais c’est véritablement en 2000 que j’ai commencé à prendre au sérieux mon poste ». Le Stade rennais se rappelle à son souvenir et lui fait signer une licence amateur en équipe réserve. Il va ainsi développer ses qualités aux côtés des grands gardiens comme Bernard Lama ou Petr Cech.
Et c’est un keeper accompli qui arrive au Ksk Beveren en 2003, premier club 100% ivoirien, même si sa réputation de « gardien fantasque » l’y a précédé. Bien entouré, il continuera sa progression. Et c’est tout naturellement qu’il fait une saison explosive en jouant et perdant la finale de la coupe de Belgique, obtenant ainsi une qualification pour l’UEFA. Après quatre années dans le club, il dépose ses valises au sporting de Lokeren où il est devenu une pièce maîtresse du système du coach Mathyssen. La saison écoulée, il est sacré meilleur gardien  de la Jupiler league. Preuve s’il en est que « les africains, placés dans les mêmes dispositions que les autres fournissent le meilleur d’eux-mêmes », confie t-il.
Performance  qui se reflète également au niveau de la sélection nationale où il a patiemment gravi les échelons en passant de quatrième doublure à titulaire incontestable. Faisant ainsi taire les mauvaises langues qui ne voyaient en lui qu’un simple faire valoir. Et c’est avec beaucoup de confiance et de détermination que ses coéquipiers et lui attendent la CAN et la coupe du monde prochaines en Angola et en Afrique du Sud pour confirmer la bonne santé actuelle des pachydermes menés par un Didier Drogba  au sommet de son art. Un groupe arrivé à maturité et qui a de solides arguments à faire valoir. Objectif primordial avoue t-il, rattraper le faux pas de la Can 2008 et surtout effacer la défaite en finale de la coupe d’Afrique des nations aux tirs aux buts face aux pharaons égyptiens. Echec qui du reste est l’un de ses plus mauvais souvenirs de footballeur.

Générosité   

Toutefois, Barry Copa n’a jamais oublié d’où il vient. En effet, depuis quelques années il est promoteur d’un centre de formation à Williamsville, un projet cher à son cœur. Il s’agit « de détecter de jeunes talents et leur offrir une chance de poursuivre leur rêve de footballeur comme moi-même j’ai pu en bénéficier de la part de l’Académie MimoSifcom », confie t-il.  Mais à tout côté il y a ces nombreuses initiatives et aides apportées à des organisations et autres orphelinats et dont il n’aime pas beaucoup parler. Convaincu qu’on n’a pas besoin de faire du bruit autour de ses activités qui, somme toute, sont normales. Car, donner et encore donner, il en a fait son crédo. Qualité sans doute héritée de son éducation au sein d’une fratrie de douze (il et le huitième). On l’aura compris, la famille est d’une grande importance pour lui. Il y puise toute sa force et son inspiration, dans les bons comme dans les mauvais moments, notamment dans les bras de son épouse (d’origine marocaine). Une famille qui attend un heureux évènement en décembre prochain avec l’arrivée d’une petite fille. Un bonheur qui ne manquera pas d’influencer positivement le joueur pour les importantes échéances à venir. Bon vent l’artiste !

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=197