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Éthiopie - Les députés adoptent une loi contre les « discours de haine »

Éthiopie

Les députés adoptent une loi contre les « discours de haine »

Par Tassia Nahar

Une loi contre les « discours de haine » et la « désinformation » a été adoptée le jeudi 13 février 2020, par le parlement éthiopien. Le texte, en faveur duquel près de 300 parlementaires ont voté, définit comme haineux des propos qui alimentent la discrimination « contre des individus ou des groupes sur la base de leur nationalité, leur appartenance ethnique et religieuse, leur sexe ou leur handicap ».

Le texte adopté le 13 février dernier prévoit de lourdes amendes et peines de prison. Ainsi, des propos haineux qui alimentent la discrimination « contre des individus ou des groupes sur la base de leur nationalité, leur appartenance ethnique et religieuse, leur sexe ou leur handicap » sont passibles des amendes pouvant aller jusqu’à 100 000 birrs (environ 2870 euros) et des peines de prison jusqu’à deux ans.

Le média britannique, BBC rapporte que selon les élus éthiopiens, les discours de haine sont jugés en partie responsables de l’augmentation des violences ethniques dans le pays. Les parlementaires craignent aussi que les tensions ne s’accroissent à l’approche des élections prévues en août prochain. « Cependant la nouvelle loi ne devrait, en aucune manière, porter atteinte au droit des gens d’exprimer leurs opinions », a déclaré un parlementaire du Front de libération du peuple tigréen, Adhana Haile. « Nous devons aussi nous assurer que cette loi ne sera pas appliquée pour les mauvais motifs, contre des individus ayant des idées et des points de vue différents », a ajouté le parlementaire.

 

Sans discrimination

Le média britannique a indiqué que le rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, David Kaye, avait estimé en décembre que le « flou excessif » de cette loi signifie que des responsables aux niveaux fédéral et régional auraient la possibilité pratiquement illimitée de décider contre qui enquêter et qui poursuivre. Pour sa part, l’ONG Human Rights Watch s’inquiète que cette loi ne soit utilisée pour cibler des personnes échangeant des contenus ou des messages sur internet. « L’Éthiopie devrait retirer les dispositions légales limitant la liberté d’expression, et non ajouter davantage de dispositions vagues qui risquent d’étouffer un débat public crucial sur des questions importantes », avait alors déclaré au Figaro une de ses responsables, Human Rights Watch, Laetitia Bader.

Des élections générales devraient se tenir fin août 2020, dans ce pays en proie, depuis deux ans, à des tensions entre les nationalités qui composent la fédération. Des violences intercommunautaires aux enjeux le plus souvent territoriaux ont émaillé la première année du mandat du Premier ministre réformateur, Abiy Ahmed, qui a pris ses fonctions en avril 2018. Selon le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), 2,35 millions de personnes étaient déplacées fin 2018 en Éthiopie en raison de ces violences.

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=1451