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Pr Fréderic Ouattara, meilleur physicien spatial de l’Afrique 2018 « Mon souhait est de mettre en place un planétarium »

Le Professeur Frédéric Ouattara de l’Université Norbert Zongo de Koudougou (UNZ) est le lauréat du prix Afrique pour l’excellence de la recherche en sciences physique spatiale. L’annonce a été faite par l’Union Américaine de la géophysique (AGU), le 4 septembre 2018. L’actuel vice-président chargé des Enseignements et des Innovations pédagogiques de l’UNZ recevra son prix le 12 décembre 2018 à Washington DC aux États-Unis. Dans cet entretien, il aborde sa distinction et ses projets pour le développement de la science.

Le Nouvel Afrique (LNA) : Qui est le Pr Fréderic Ouattara ?

Pr Fréderic Ouattara(FO) : Je m’appelle Frédéric Ouattara, je suis le vice-président chargé des Enseignements et des Innovations pédagogiques de l’Université Norbert Zongo de Koudougou (UNZ). Je suis professeur Titulaire des Universités du CAMES, en physique et hélio physique météorologie de l’espace. Je suis également thermicien, épistémologiste, historien et didacticien des sciences.

Il faut ajouter que je suis aussi membre de l’association africaine de géophysique. Avec mes collèges scientifiques de l’UNZ, nous avons initié en juillet dernier les Olympiades en Mathématiques et en Physique au profit des étudiants de l’UNZ.

LNA : Comment aviez-vous travaillé pour que votre travail soit reconnu ?

F.O : C’est un sentiment de joie et de fierté qui m’a animé pour le travail qui a été abattu durant des années avec mon équipe du « Laboratoire Énergie et Méthodologie de l’espace » dont j’ai la charge. Je travaille avec des étudiants, des collaborateurs, des collègues et nous avons travaillé ensemble pour que le projet marche et c’est le couronnement de cet effort depuis de nombreuses années qui a été récompensé, le 4 septembre dernier. Je rends gloire à dieu pour cette prestigieuse récompense.

LNA : Parlez-nous de ce prix dont vous êtes lauréat notamment l’aspect recherche physique spatiale ?

F.O : En fait la physique spatiale s’est développée tout récemment et elle concernait les pays développés car ce sont eux qui ont les satellites. L’Afrique s’est petit à petit insérée dans ce vaste domaine qu’est la physique spatiale.

L’Union Américaine de la géophysique (AGU) qui fête ses 50 ans cette année, s’est rendue compte qu’en Afrique, à travers les publications, les enseignants-chercheurs ont commencé à s’exprimer malgré le manque de financement de la recherche. L’AGU a décidé donc d’instaurer un prix pour reconnaître les talents africains. Le prix AGU est à sa troisième édition cette année. Lors de la première édition, le lauréat était ougandais, à la deuxième édition, le lauréat était un éthiopien et cette année, je suis le troisième lauréat africain issu du Burkina Faso.

Il y a plusieurs critères qui entrent en ligne pour être lauréat, il faut maîtriser l’anglais, faire de très bonnes publications, être connu, avoir formé de nombreux étudiants, etc. Il y a une fierté car ce prix montre que ce qui est fait par les enseignants-chercheurs burkinabè est reconnu au niveau mondial et que le mérite peut être récompensé.

LNA : Quel est le travail qui vous a valu ce prix ?

F.O : Ce n’est pas un travail spécifique qui est récompensé mais un ensemble de travail. C’est un travail global, tes productions, tes apports pour les sciences depuis que tu es dans le domaine. Les chercheurs sont primés pour leur passion, leur vision, leur créativité et leur leadership qui ont permis de contribuer à élargir la compréhension scientifique pour tracer de nouvelles orientations de la recherche tout en rendant la science terrestre et spatiale accessible, pertinente et inspirante pour le public scientifique et le grand public.

LNA : La physique spatiale est-elle enseignée en Afrique ?

F.O : Normalement la dynamique de la recherche et de l’enseignement, c’est à travers la recherche. Lorsque nous avons travaillé sur les curricula pour le Master et le Doctorat à l’Université Norbert Zongo, l’aspect énergie et sciences spatiales ont été prises en compte au sein du « Laboratoire Énergie et Méthodologie de l’espace ». J’ai deux thèses, la première sur l’énergie et la seconde sur les sciences spatiales. Par ailleurs, parmi les étudiants que j’ai enseignés, il y a deux qui enseignent à l’Université Norbert Zongo de Koudougou en tant que maître-assistant. Je peux en quelque sorte dire que la relève est assurée.

LNA : Quel bénéfice l’Afrique en général et le Burkina Faso en particulier pourrait tirer des sciences spatiales ?

F.O : Aujourd’hui, tout le monde a un téléphone portable et tout le monde arrive à communiquer et ceci grâce à l’existence de l’ionosphère qui est une couche ionisée. L’ionosphère est une zone de l’espace ou il y a des particules chargées qui se déplacent. C’est grâce à elle qu’il y a la télécommunication. En fonction de son état, la communication est plus ou moins bonne. La connaissance de l’ionosphère permet d’améliorer la relation communicationnelle entre les humains mais aussi tout ce qui est aviation, transport maritime et terrestre.

Du point de vue impact sociétal, vous savez qu’il y a les changements climatiques, à travers une étude à long terme de l’ionosphère, on peut connaître l’état d’avancement de la désertification et ce qu’il faut faire exactement pour lutter contre celle-ci.

En descendant plus bas à partir 15 à 35 de km, on peut savoir quelle est la quantité d’eau précipitable afin de pouvoir prévoir la pluviométrie. Je pense que ce sont des aspects très important pour l’Afrique ou une grande majorité de populations vit de l’agriculture.

Par ailleurs, avec les météorologues, si on a des données atmosphériques de longues périodes, on peut étudier la tendance pluviométrique et mettre en place des modèles de prévisions car l’objectif de la science, c’est de prédire et de prévenir.

LNA : Vous allez recevoir votre prix le 12 décembre prochain à Washington. Quelle suite vous entendez donner à votre travail ?

F.O : J’aime dire qu’un prix est un challenge à bien faire, autrement dit quand tu as un prix c’est une incitation à aller de l’avant. Je disais à mes étudiants qu’il faut travailler pour la science et la satisfaction de ta contribution à ce que tu fais, les prix viennent après. Si le travail est bien fait, les gens le reconnaîtront tôt ou tard.

Ce prix est un challenge nouveau pour nous et l’équipe en est consciente. Actuellement, nous avons 21 étudiants en thèse dont 6 en énergie. Nous espérons donner l’envie aux futurs étudiants burkinabè d’embrasser cette nouvelle discipline et surtout impacter positivement les sciences spatiales.

On a créé l’African geo science society en Éthiopie qui regroupe tous ceux qui travaillent dans le domaine de la science spatiale en Afrique afin de travailler en synergie pour valoriser la recherche spatiale en Afrique.

LNA : Quel est votre souhait au terme de cet entretien ?

F.O : Le souhait pour moi en tant que Pr Ouattara, c’est de mettre en place un planétarium. Il s’agit d’un dôme présentant une reproduction du ciel avec ses constellations et ses étoiles. Un système de projection permet d'y afficher la voûte étoilée, les constellations, le mouvement des planètes dans le ciel. L’objectif pour moi, c’est de donner l’envie aux jeunes enfants d’aimer les sciences spatiales.

J’invite aussi les médias surtout burkinabè à approcher les enseignant-chercheurs pour connaître le travail qu’ils font dans leurs laboratoires car cela va permettre de faire connaître la recherche des enseignant-chercheurs burkinabè.

Le Pr Frédéric Ouattara de l’Université Norbert Zongo

distingué « Meilleur physicien spatial de l’Afrique »

recevra son prix le 12 décembre 2018

à Washington DC aux États-Unis.

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=1373