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Dossier Afrique du Sud - Politique : Une histoire singulière, un combat pour la liberté [07-2016]

L’histoire politique de l’Afrique du Sud est inséparable de sa lutte pour l’émancipation et l’abolition de l’apartheid. On ne peut pas parler de cette histoire sans faire référence à Nelson Mandela et Frederik De Klerk, 2 hommes qui ont permis à cette nation d’être une nation politiquement respectée. Décryptage de «  l’aventure politique de la nation arc-en-ciel  ».

L’histoire politique de l’Afrique est comme un conte de fée dont le dénouement est à l’image de la nation  : un dénouement arc-en-ciel. De façon générale, l’histoire de ce pays a été écrite pour l'éducation de la minorité blanche. C’est une réalité qu’il ne faut pas négliger ni omettre. Avant d’entrer dans l’air contemporain, un bref rappel historique s’impose. Elle commence traditionnellement à partir de la colonisation du pays par les Européens au XVIIe siècle. Cela dit, les découvertes des anthropologues ont permis d’établir que l’occupation humaine de l’Afrique du Sud est évidemment très ancienne. Ainsi, en 1924, un australopithèque, appelé l’«  enfant de Taung  » et daté de plus d’un million d’années, fut découvert au nord de Kimberley. Plus récemment, la datation d'un fossile trouvé dans les grottes de Sterkfontein, dans le Transvaal, a permis de déterminer que les premiers australopithèques sont apparus il y a environ 3,6 millions d’années. Des populations de chasseurs et de cueilleurs sont les auteurs des peintures rupestres remontant à plus de 1500 ans avant notre ère, et qui pourraient être les ancêtres des Bochimans. Vers le Xe siècle de notre ère, les pasteurs bochimans sont arrivés du centre du continent. Ils ont été suivis peu après par les premiers groupes bantous. Entre les XIIe et XVe siècles, les Bochimans furent repoussés ou réduits en servitude par les Bantous qui les appelèrent «  Hottentots  ». La résistance qu'ils entreprirent face à leurs envahisseurs fut vaine.

C'est un Portugais du nom de Bartolomeu Dias qui semble avoir été le premier Européen à avoir contourné l’Afrique, en 1488, et à avoir dépassé le cap de Bonne-Espérance. Dix ans plus tard, un autre Portugais plus connu celui-là, soit Vasco de Gama, aborda les côtes du Natal en Afrique du Sud. Mais les Portugais ne colonisèrent jamais l’Afrique du Sud. En fait, ce sont les Hollandais qui furent à l'origine du premier établissement européen. C'est en avril 1652 que la Compagnie hollandaise des Indes orientales installa au Cap un comptoir commercial destiné à assurer un relais sur la route des Indes orientales. Des fermiers hollandais appelés Boers (signifiant «  paysans  » en néerlandais et se prononçant alors [bour]) rejoignirent les employés de la Compagnie hollandaise des Indes orientales. À cette époque, le territoire devait être peu peuplé: on y trouvait des peuples khoïsans (Hottentots et Bochimans), des nomades qui ne cultivaient pas le sol. La colonie hollandaise se développa rapidement, car les Boers cultivèrent les terres de la région avec succès. Pour immortaliser cette appellation, l’équipe nationale de rugby porte le nom des «  Boers  ». Elle a remporté en 1995, la coupe du monde de rugby organisé sur son sol. Nelson Mandela était présent. Elle portait le mythique nom des Springboks.

Bref aperçu de la vie de Mandela

Nelson Rolihlahla Mandela est né dans l'ancien Bantoustan, en Afrique du Sud. Son père était l'un des chefs de l'ethnie Xhosa. Après avoir obtenu un diplôme en droit en 1942 à l'Université du Witwatersrand de Johannesburg, il entre à l'ANC (l'African National Congress) qui est alors un parti politique modéré de la bourgeoisie noire. Avec Oliver Tambo, Nelson Mandela fonde le premier cabinet d'avocats noirs en Afrique du Sud, puis, en mars 1944, crée la Ligue de la jeunesse de l'ANC (Youth League). Au moment où l'apartheid est "officialisé" par le premier ministre sud africain Daniel Malan en 1948, Nelson Mandela et Olivier Tambo parviennent à accéder à la tête de l'ANC avec la Ligue de la jeunesse. Après plusieurs années de lutte contre l'Apartheid, d'arrestations et de procès, Nelson Mandela est condamné en 1964 avec sept de ses compagnons à la prison à vie pour sabotage, trahison et complot. Durant toute sa captivité, il refuse d'être libéré contre le renoncement public à la lutte anti-apartheid. En 1986 ont lieu des rencontres avec les autorités qui le placent en résidence surveillée à partir de 1988. Nelson Mandela est finalement libéré le 11 février 1990 après avoir passé 27 ans et demi en prison. Le gouvernement sud africain légalise le Parti communiste et l'ANC dont Mandela devient le président en 1991. En 1993, avec le président De Klerk, il reçoit le prix Nobel de la paix. Les premières élections pluralistes et multiraciales ont lieu en 1994. L'ANC remporte une très large victoire. La même année, Nelson Mandela est investi Président de l'Afrique du Sud, poste qu'il occupe jusqu'en 1999 pour laisser la place à Thabo Mbeki. Nelson Mandela crée en 1999 la Fondation Nelson Mandela et se consacre à la lutte contre le sida après la mort de son fils en 2005.

Décryptage de l’apartheid

Le mot vient du français "à part" et signifie "séparation" en afrikaans, la langue des Afrikaners. Certains auteurs affirment qu'il est utilisé pour la première fois en 1917 par Jan Smuts, dans l'un de ses discours, bien avant qu'il ne devienne premier ministre, en 1919. Il s'agit d'une politique de développement séparé des populations, en fonction de critères ethniques et linguistiques, dans des zones géographiques choisies. Cette politique est officialisée à grand renfort de lois et de règlements, à partir de 1948, par le Parti national, dirigé par le pasteur calviniste Daniel Malan. La population est classée en quatre catégories principales : les Blancs, les Indiens, les Métis et les Noirs. Les villes sont réservées aux Blancs, les autres communautés sont confinées dans des ghettos. L'apartheid, terme générique, est divisé en deux branches : le "petit apartheid", qui limite les contacts des Blancs avec les non-Blancs, et le "grand apartheid", qui définit l'espace en zones géographiques séparées et ethniquement déterminées. Le "petit apartheid" concerne surtout les transports publics et plus généralement les lieux ouverts au public. Le "grand apartheid" culmine avec le regroupement forcé des Noirs, en fonction de leur origine tribale et de leur langue, dans des bantoustans destinés à devenir des "pays indépendants". Résultat : un grand pays riche et prospère peuplé de Blancs sud-africains accueillant un grand nombre de travailleurs noirs immigrés, citoyens de bantoustans très pauvres "indépendants" ou "autonomes" ; ces derniers produisant les richesses dont les premiers profitent.

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=1218