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Papa Wemba - Pape de la Rumba, roi de la Sape [06-2016]

Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, dit Papa Wemba, est un chanteur et compositeur congolais. Il était l’un des artistes-musiciens africains les plus populaires depuis plusieurs années. Le roi de la rumba congolaise est mort à 66 ans, après avoir été victime d'un malaise sur scène au festival des musiques urbaines d’Anoumabo (FEMUA) à Abidjan.

Papa Wemba est né en 1949 à Lubefu dans le Sankuru, province du Kasaï-Oriental, en République démocratique du Congo. Très jeune, il quitte sa campagne pour vivre à la ville, s’intégrer au monde moderne. Sa mère était pleureuse professionnelle dans les soirées funéraires ou veillées mortuaires. En entraînant régulièrement son fils avec elle, elle l’initia à la musique et au chant. Grandi à Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa), où il façonne sa voix haute perchée dans les chorales religieuses, sa carrière débute à 20 ans avec l'orchestre Stukas Boys puis très vite en cofondant l'Orchestra Zaïko, futur Zaïko Langa Langa en 1969, avec des amis.

Le groupe s’inspire de nombreux courants : musique afro-cubaine, rock, rhythm and blues. Mais, dans le Zaïre des années 60, la tendance est aux musiques traditionnelles. Et, même si les aînés la critiquent, la jeunesse s’identifie à cette musique rebelle.

En 1977, Papa Wemba fonde un nouveau groupe « Viva la Musica » au sein duquel il introduit un nouvel instrument : le lokolé, un tronc d’arbre creux que l’on frappe avec deux baguettes pour communiquer d’un village à l’autre. Papa Wemba décide ensuite que lui et ses musiciens auront un look impeccable. Il crée la Société des Ambianceurs et des Personnes d’Elégance (SAPE), à laquelle se rallient les jeunes zaïrois du monde entier. Grâce à la sape, nous avons acquis une identité. Mais je ne suis pas un esclave de la mode. Je suis avant tout un chanteur, pas un sapeur, explique Papa Wemba. Il ajoute, « l'homme blanc a inventé les habits mais c'est nous les Congolais qui en avons fait un art ».

« Pour les Congolais de Kinshasa et de Brazzaville, Papa Wemba n'est pas un chanteur comme tous les autres. Il a une emprise sur les jeunes au point de leur " dicter " la manière de s'habiller, de se coiffer et de cultiver sans relâche le rêve du voyage en Europe, principalement en France et en Belgique », affirme le romancier et professeur des Littératures francophones et des Etudes africaines à l'Université de Michigan, Alain Mabanckou.

En bon défenseur de la musique congolaise, Papa Wemba du haut de ses 66 ans a largement participé à l’émergence de l’afro pop dans le monde occidental. Aujourd’hui, il prône désormais le retour aux sources et aux fondamentaux à travers son nouvel album intitulé « Maître d’école ». Par le biais de cet opus, le maître entendait apprendre à la jeune génération ce qu’est la vraie rumba.

« Maître d’école » est un opus 100% rumba riche de vingt-cinq chansons. La collection ne manque pas de piquant ou de mélodies attirantes comme celles de « Chasse à l’homme », entonnée avec JB M’Piana, « Triple option » avec Barbara Kanam ou « Nostalgie », avec Jossart Nyoka Longo. Sa carrière européenne, et internationale, ne l'aura pour autant pas coupé des rues kinoises. Dans la cacophonie des nuits de Matonge, le quartier chaud de Kinshasa, sa voix de rossignol continuera de s'élever.

Dès l’annonce de sa mort, aux premières heures du dimanche 24 avril 2016, il y a eu une pluie de témoignages dans les médias et sur les réseaux sociaux. Tous saluent le « Pape de la Rumba » et le « Roi de la Sape » comme un artiste atypique qui a permis à la musique africaine de franchir une dimension planétaire par son talent et son engagement.

« Inoxydable ! Papa Wemba n’a pas d’âge. Il a eu le don de faire profiter toutes les générations de sa science. Belle voix, prestance, élégance, créativité …Immense perte pour le monde de la musique et de la mode », soutiennent de nombreux fans de l’artiste.

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=1215