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Angel Kaba, Artiste, Directrice artistique et chorégraphe aux États-Unis « Mon rêve est de créer un centre chorégraphique en Afrique » [04-2016]

Elle se définit comme une femme du monde. Son combat est de contribuer à faire en sorte que l’Afrique soit une porte ouverte à la création artistique. Angel Kaba, directrice artistique, chorégraphe, dans son combat quotidien pour un devenir meilleur, ne cesse de véhiculer sa philosophie pour une jeunesse consciente et plein de dynamisme. Elle a posé ses valises dans une des plus grandes ville du monde : New York. Future maman, à bâtons rompus, entre deux cours de danse, elle se confie. Son rêve ? Construire un centre artistique dans son pays d’origine : la République Démocratique du Congo.

Le nouvel Afrique (LNA) : Vous vous définissez comme une artiste multidisciplinaire. Quels sont vos domaines artistiques prioritaires ?

Angel Kaba (A.K.) : J’ai démarré mon parcours artistique à l’âge de 6 ans. J’étais mannequin pour enfants. Cependant, ma maman a toujours voulu que j’évolue. Elle voulait me donner toutes les chances de réussir socialement. Elle m’a inscrite à l’école de danse classique. Je suis allée de charybde en scylla concernant les activités artistiques. Je fais du piano, du solfège etc. Ma mère se pliait en quatre pour que j’aie accès à ces activités où j’étais pratiquement la seule fille noire. J’ai toujours étudié parallèlement à mes activités extra scolaires. À l’âge de 15-16 ans, la culture hip-hop a été pour moi une libération. J’ai ressenti pour la première fois la sensation d’exister et de pouvoir m’exprimer différemment. Avec la couleur de la peau, le défi était assez grand à relever. Les activités extra scolaires m’ont permis d’être beaucoup plus forte mentalement. À 24 ans, j’ai terminé mon « graduat » en marketing. Je me suis donné une année pour réaliser de grandes choses artistiquement. Mon premier objectif était de véhiculer un message positif même s’il n’allait pas intéresser les gens. J’ai eu la chance de danser aux côtés de Salif Keïta au Zénith de Paris. J’ai participé à des clips, à des comédies musicales etc.… Aujourd’hui, cela fait presque 10 ans que je ne suis jamais arrêtée.

LNA : 10 ans, c’est une somme d’expériences. Alors, quels sont les domaines artistiques sur lesquels vous avez porté votre attention ?

A.K : Aujourd’hui, je me définis plus comme une chorégraphe. Je donne des cours dans ce domaine. J’aime créer, plus que danser, même si je danse encore pour certains projets. Mon art est de communiquer aux autres ce que je sais faire. J’ai aussi des aptitudes pour la comédie. J’ai tourné dans quelques films et courts métrages. Je sais aussi chanter. J’ai fait partie d'un groupe de chant de Rock-steady music; c’est un style musical qui se rapproche du reggae. J’ai aussi enregistré un single réalisé durant la campagne électorale présidentielle de 2007 en France; ce titre parlait de Ségolène Royal, que j’ai pu rencontrer personnellement. J’ai également travaillé en radio. J’ai bossé pour la chaine radio NRJ en Belgique. J’ai aussi une expérience en télé car je faisais une petite chronique sur une chaîne de télévision en Belgique.

LNA : Quittons la Belgique et venons aux États-Unis, quelles sont vos activités actuelles au pays de l’Oncle Sam ?

A.K : Cela fait 4 ans que je fais des allers-retours. Le rêve américain est né du désir de développer ma carrière à l’international. Après m’être beaucoup investie dans la gestion de ma compagnie Contre-Tendance, j’ai décidé d’aller de l’avant. Car, il était temps de repenser à moi. Et, la première des choses était de me donner la chance d’avoir un bébé. En outre, il était indispensable en tant qu’artiste de me remettre en question, après avoir collaboré sur quelques projets en France, en Allemagne, en Hollande, etc. Pour finir, je suis tombé amoureuse de New York. J’y ai trouvé une énergie particulière qu’on ne trouve pas ailleurs. J’ai été dans d’autres villes des États-Unis mais c’est différent. Alors, j’ai décidé de m’installer ici pendant un moment en vue de développer cette carrière à l’international. C’est ainsi que j’ai été repérée ici par Robin Dunn; chorégraphe, professeur de danse et coach : elle est la première femme noire à avoir intégré les cours de Hip-hop dans la danse classique. Elle m’a prise sous son aile. Je donne des cours de danse au sein de la célèbre école Steps on Broadway à Manhattan.

LNA : Africaine issue d'un métissage, comment se déroule l’intégration aux États-Unis ?

A.K : Au départ, j’ai été fascinée. Avec le temps, j’ai compris qu’il y’avait une différence entre les communautés. Elles ne se mélangent pas forcément. En Europe, on rencontre beaucoup plus de couples mixtes. On parle de multi culturalité. Ici, on parle plutôt de droit. Tout le monde a le droit de s’exprimer et cela est très clair. Mais, en termes de réelle mixité, ce n’est pas encore la panacée. Il y a des différences culturelles. Cela a remis en question mon orientation professionnelle. Le fait de venir d’ailleurs et mes origines ont constitué ma force. C’est ce qui fait que j’ai quelque chose à dire de différent à travers mon travail.

LNA : Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes qui veulent emprunter vos pas ?

A.K : Pour venir aux États-Unis, il faut beaucoup de courage et avoir un vrai projet. Lorsqu’on vient ici pour des études, il n’y a pas de problème. Mais, lorsqu’on vient pour s’y installer, il faut avoir un projet et une base psychologique forte. De même qu’il y a plein d’opportunités, mais aussi, il y a plein de danger. Ici, le monde va plus vite. On a beaucoup de paillettes dans les yeux mais en fait, on se rend compte que les gens sont très seuls. Ils fondent des familles très tard. Donc, il faut être psychologiquement très fort et avoir un vrai projet pour l’avenir.

LNA : Comment peut-on bénéficier des prestations d’Angel ?

A.K : J’ai un staff managérial. Mais je reste décisionnaire lorsqu’il s’agit de prendre une décision. On peut me contacter assez facilement. Je suis joignable sur tous les réseaux sociaux, via email ou site internet. En général, je réponds toujours présente pour les projets qui sont intéressants.

LNA : Sur votre page web, vous avez écrit “believe in your dreams and work hard to reach them” (croyez en vos rêves et travaillez dur pour les réaliser). Quels sont vos rêves Angel ?

A.K : J’avais des rêves de jeune fille qui était de sortir des conditions difficiles dans lesquelles je vivais pour construire un autre monde. En grandissant, j’ai compris que mon rêve est d’être heureuse et de rendre les autres heureux. Mon rêve est d’ouvrir un centre chorégraphique quelque part en Afrique. Et pourquoi pas en République Démocratique du Congo ? Tout ce que je fais aujourd’hui est d’arriver à atteindre ce but. L’autre rêve est d’avoir un enfant. Et cela est en train de se réaliser. Pour y parvenir, je ne laisse jamais rien au hasard. Je suis toujours professionnelle. Je travaille dur et ne dort pas beaucoup pour cela. J’ai l’impression qu’en travaillant plus que les autres, on se crée plus d’opportunités. Dans le monde dans lequel on vit aujourd’hui, il n’y a pas de place pour le ‘peut-être » ou remettre au lendemain ce que l’on peut faire aujourd’hui. Qu'importe : celui qui a un projet doit travailler dur pour le réaliser.

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=1192