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À la découverte d’un musicien hors pair - L’artiste malien Cheick Tidiane Seck ou le ”guerrier toucouleur des claviers” [05/2014]

Surnommé le “guerrier toucouleur des claviers”, le malien Cheick Tidiane Seck, reflète une autre facette de la musique de son pays, très riche. Avec comme ligne de mire la scène effervescente de Bamako, du Togo à New York, de la Côte d’Ivoire à Paris, le célèbre artiste distille avec éloquence la grandeur de la musique malienne, une vision artistique moderne et traditionnelle. Dans le cadre du festival Esperanzah au mois d’août prochain à Namur, Cheick Tidiane Seck y compris son compatriote, l’inamovible Salif Keita seront en Belgique pour des concerts.

Pivot de la scène musicale malienne contemporaine, celui qu’on surnomme « Guerrier » ou le « Black Buddha » est un monument de la musique malienne. Outre l’art, ses surnoms illustrent fort son militantisme ainsi que son pacifisme. Cheick Tidiane Seck parle plus qu’il ne chante, en français, en anglais, en bambara ou en malinké, martelant des textes engagés d’une voix caverneuse et nonchalante qui sonne parfois comme du Barry White. Tribun redoutable et charmeur, il demeure un artiste très engagé, en appelle aux consciences, fustige, comme la guerre au Mali que le G8 et invite tout le monde à faire son mea culpa. Ses textes, les rythmes de sa musique, mix urbain de funk, de soul et de blues, sont un peu simplistes, mais tout glisse, fluide et chaleureux. À Paris comme à Bamako, tout le monde connaît Cheick Tidiane Seck, chacun sait la valeur du guerrier du son. Également, il sait prendre en main les claviers de tout type : Fender Rhodes et synthés, orgue Hammond ou B3, Wurlitzer et Bosendorfer… Mieux il touche tout autant à tous les autres instruments : basse, percussions, guitare, calebasse, batterie… Le natif de Ségou traverse toutes les voies qu’il a empruntées, un spectre sonore vaste comme le monde de la musique, des traditions d’Afrique, de l’Ouest au Sud, aux citations aux mondes arabes ou asiatiques. La soul, le jazz, la pop, le funk, le r’b, le rap, le reggae sont autant de styles de musique joués par l’artiste.

Du Super Rail Band à MandinGroove

Après le majestueux Sarala (1995), Cheick Tidiane Seck, le guerrier toucouleur des claviers a sorti l’ambitieux MandinGroove (2003)r. Il impose aisément l’une de ses plus belles réalisations musicales.Depuis trente-cinq ans, l’organiste malien est de toutes les aventures musicales, du jazz aux musiques d’Afrique, d’Inde, en passant par le groove international ou la pop française et le hip hop. Vétéran du légendaire Rail Band du Buffet Hôtel de la Gare de Bamako, pionnier du Moog en Afrique de l’Ouest, membre fondateur des Asselars, il devient un pilier de la fertile scène ivoirienne de la fin des années 1970. Il s’installe finalement à Paris en 1985, en pleine explosion des musiques africaines, où il se fait rapidement connaître comme l’un des plus valeureux musiciens de session et de live de sa génération. S’il ne remporte pas le succès immédiat d’un Mory Kanté ou d’un Salif Keita, son travail s’inscrit dans la durée.Depuis de nombreuses années, les mélomanes apprécient son parcours. Qu’on le croise aux côtés d’Hank Jones, d’Ornette Coleman, de Living Colour, de Salif Keita, d’Amadou & Mariam, Dee Dee Bridgewater ou Joe Zawinul, sa touche personnelle, nourrie des vibrations de musiques noires américaines, fait toujours la différence.

De la guitare, du piano à la calebasse


Pivot de la scène musicale malienne contemporaine, il a produit et arrangé les disques tant attendus, comme ceux d’Oumou Sangaré, de Kassé Mady Diabaté et de Sory Bamba. Cheick chante, joue de la guitare, du piano et de la calebasse. Dans son titre “Oh, Lord !”, il évoque l’absurdité des guerres fratricides, notamment le conflit ivoirien. Il a écrit ce morceau à « Versailles », la maison d’Amadou & Mariam située non loin de l’aéroport de Bamako-Sénou, alors qu’il attendait un avion hypothétique pour se rendre à Abidjan, Cheick renoue avec la tradition folklorique de son enfance, qu’il passa à Sikasso, royaume sénoufo, lui, le natif de Ségou, capitale du pays bambara. « À l’époque du Rail Band, je jouais également avec l’Ensemble Instrumental. J’ai essayé de retrouver l’énergie de Sidiki Diabaté, le père de Toumani, dans mon jeu de piano. Je voulais aussi avoir une basse acoustique et une calebasse. J’ai demandé à Mangala de chanter que la monotonie vient de l’accoutumance, avec les sentiments que cela peut apporter. Quand on devient très habitué à quelqu’un, la souffrance est grande » dit-il.

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=1047