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Commémoration des 50 ans de l’immigration marocaine en Belgique - Le Premier ministre Elio Di Rupo salue l'apport de l'immigration marocaine [03/2014]

Le 17 février 1964, la Belgique concluait avec le Maroc un accord bilatéral relatif au recrutement de main d’œuvre pour les besoins de l’économie belge. Cet accord est le début véritable de l’immigration marocaine vers la Belgique. La commémoration des 50 ans a été marquée par des festivités au Bozar à Bruxelles en présence du Premier ministre Elio Di Rupo qui a présenté “ au nom de la Belgique et du Gouvernement belge”, toute la reconnaissance de son pays à l’immigration marocaine. Ces activités ont permis de visiter, en immersion complète, un demi-siècle de culture belgo-marocaine.

Le lundi 17 février dernier, le cinquantenaire de l'immigration marocaine sur le sol belge a été célébré à Bruxelles et sur l'ensemble des provinces du pays. De conférences, des débats, des séances de projection de films en passant par des retours à la source pour les immigrés accompagnés de leurs enfants, ont marqué les diverses festivités dans une perspective de citoyenneté et d’égalité des chances et du vivre ensemble. Le Maroc partage en effet avec la Belgique des valeurs essentielles d'ouverture et de tolérance. C'est pourquoi, le Premier ministre Elio Di Rupo a remercié les Marocains de Belgique : “Nous leur devons une partie de notre prospérité ! Nos immeubles, nos hôpitaux, nos écoles, nos aéroports, notre métro, nos voies ferrées, nos routes, tout cela s’est construit avec une importante main-d’œuvre marocaine. Aujourd’hui, de nouvelles générations prennent le relais. Je les encourage, je vous encourage à saisir toutes les opportunités que vous offre notre pays” a-t-il dit. Aujourd’hui, la population belge est estimée à quelque 420.000 Marocains ou enfants dont un parent est né au Maroc.

A en croire des sources, les premiers contacts belgo-marocains, en 1957, ont amené le gouvernement belge à accepter 300 travailleurs. Au Maroc, fort d’une politique migratoire importante, la demande devient accrue. Ce qui a permis l'arrivée de nouveaux travailleurs chaque année sur le marché du travail belge. Après la signature de la convention, en avril 1964, une centaine de Marocains ont rejoint la Belgique et puis l’immigration a continué à s'opérer mais de façon non officielle. Les travailleurs étaient principalement engagés dans les secteurs de la métallurgie, des mines de charbon et de l'industrie textile. Toutefois, plusieurs recherches évoquent que la présence marocaine en Belgique remonte à 1912 avec des travailleurs, encore protectorat français, qui vinrent chercher du travail en France et par extension en Belgique dans les zones minières wallonnes. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la main-d’œuvre vint d’abord d’Italie mais la catastrophe de Marcinelle incita l’État transalpin à ne plus envoyer les siens vers les mines wallonnes. La Belgique se tourna dès lors d’abord vers l’Espagne (1956), ensuite vers la Grèce (1957) et puis vers le Maroc. Pour le sociologue Marco Martiniello (Université de Liège), « le métro bruxellois a été principalement construit par des Marocains ». La venue de travailleurs marocains fut une aubaine pour notre économie, laisse -t-il entendre. Leur intégration est perceptible à tous les étages de la société belge. Au plan économique, la diaspora marocaine en Belgique envoie chaque année plusieurs milliards de dirhams au Maroc suivant la convention qui prévoit que les travailleurs immigrés puissent envoyer leurs économies au pays. Ces envois de la Belgique vers le Maroc seraient trois fois supérieurs aux recettes touristiques du Maroc. Toutefois, si une partie de cette communauté envoie de l'argent et contribue ainsi au développement de leur pays d’origine, une autre frange vit dans la pauvreté.

Parler de l’interculturalité

Cette date du 17 février dernier sert aujourd’hui de balise pour parler de l'interculturalité et du vivre ensemble comme socles pour une cohésion sociale et économique. Prenant la parole à l'occasion de cette commémoration, le Premier ministre Elio Di Rupo s'est dit fier des immigrés marocains et leur a rendu hommage au nom de la Belgique : « Ils étaient vos parents et vos grands-parents. Vous pouvez être fiers d’eux. Nous pouvons être fiers d’eux ! Au nom de la Belgique et du Gouvernement belge, je tiens à leur exprimer la reconnaissance de notre pays et les remercier du fond du cœur. Des milliers de travailleurs venus du Maroc sont venus mettre leurs bras et leurs talents au service de nos entreprises. Présents sur tous les chantiers, dans les mines et les usines, ils ont contribué à bâtir notre richesse actuelle” a-t-il soutenu.

Par ailleurs, la commémoration des 50 ans s'est voulue un cadre pour toutes les immigrations dans une dynamique du vivre ensemble. L’Espace Magh asbl, qui a coordonné la manifestation, a fait de cet événement historique un moment profond de réflexion sur la cohésion sociale et le "vivre ensemble" en Wallonie et à Bruxelles, tout en assurant une dimension festive et conviviale. Le thème central a permis de faire tomber les murs de la discrimination pour assurer l’émergence d’une citoyenneté pleine et entière. Ainsi, de février à juin 2014, la commémoration des 50 ans d'immigration marocaine se déroulera dans les provinces du pays. Il s'agit, selon les acteurs, d’organiser de moments de partage culturel et citoyen, vecteurs de tolérance et de fraternité en Belgique.

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=1038