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Sommet France-Afrique Au delà des mots, l’action contre l’insécurité [01/2014]

La fin de l’année 2013 a été marquée par le Sommet France Afrique consacré à la lutte contre l’insécurité en Afrique. Autour du Président Français François Hollande, les chefs d’État africains ont réfléchi sur les stratégies et les moyens financiers et matériels à mobiliser pour lutter efficacement contre l’insécurité transfrontalière qui prend une ampleur considérable sur le continent. Les participants à ce sommet n’ont pas passé sous silence la nécessité de construire une Afrique tournée vers le développement.

L’Afrique et la France veulent donner un nouveau visage à leur lutte commune contre l’insécurité et pour la promotion du développement. Durant 48 heures (les 6 et 7 décembre), 53 chefs d’État africains (le Président Rwandais, Paul Kagamé étant absent), en présence du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, de la présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme Dlamini Zuma, du président de la Commission européenne, Emmanuel Barroso, du président du Conseil Européen, Herman van Rompuy ont planché avec le Président François Hollande sur les moyens à mettre en œuvre pour réaliser leur désir commun de bouter hors d’Afrique l’insécurité transfrontalière. Comme premier acte, le financement. La France s’est engagée à débloquer dans les années à venir 20 milliards d’euros pour soutenir le développement de l’Afrique et à former 20 000 soldats africains par an dans la lutte contre l’insécurité.

Paix et sécurité sur le continent, réunion à huis clos, accélérer la mise en place de forces africaines en attente, 1994 sommet France Afrique force africaine d’intervention rapide

L’Afrique et la France veulent désormais agir ensemble contre l’insécurité sur le continent. C’est tout l’enjeu du sommet de l’Élysée qui s’est ouvert, le matin 6 décembre 2013 dans la capitale française. Une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement de pays africains, dont le Président du Faso, Blaise Compaoré, seront aux côtés du président français, François Hollande, pour accorder les visions et les stratégies afin d’organiser un front commun contre les menaces/situations d’instabilité en Afrique. Il est attendu de ce sommet des actions ou propositions d’actions concrètes pour prévenir et combattre, le cas échéant, les conflits, le terrorisme, les trafics, la piraterie qui sévissent sur le continent. Pour le président Hollande, ces fléaux ne concernent pas seulement l’Afrique, mais l’ensemble du monde. C’est en cela qu’il justifie le tandem franco-africain qu’il a souhaité dans le but de mieux assurer la paix, la sécurité et le développement durable dans la seconde entité. A la commémoration du cinquantenaire de l’Union africaine, à Addis-Abeba, en Éthiopie, en mai dernier, lorsqu’il a lancé l’idée du présent sommet, François Hollande a tout de suite voulu préciser l’esprit de son initiative. « Nous avons à relever, ensemble, trois défis : le premier, c’est la sécurité : sécurité pour la population, sécurité pour le développement, sécurité pour la paix (…) C’est ce que nous faisons au Mali pour protéger le Sahel, et la France a pris, avec les amis africains de l’ouest, sa responsabilité... », a-t-il déclaré dans la capitale de l’Afrique. A la même occasion, les pays africains ont marqué leur volonté de constituer une force de réaction rapide, afin de pouvoir assurer, par eux-mêmes, leur sécurité. Avant cette commémoration, de nombreux États du continent avaient entériné l’intervention française au Mali, puis le dispositif sécuritaire concerté entre les deux parties pour sécuriser ce pays. Le sommet de l’Élysée intervient également au lendemain du feu vert de l’ONU pour une intervention française aux côtés de forces panafricaines en vue de ramener le calme en Centrafrique, un pays en danger de guerre civile.

Sécuriser pour le développement

C’est pourquoi, de l’avis de certains observateurs, le rendez-vous de Paris est une aubaine pour peaufiner les termes de ce type de collaboration militaire et sécuritaire entre l’Hexagone et l’Afrique. Mais pour le président François Hollande, il ne s’agit pas pour la France de se substituer aux forces de défense et de sécurité africaines, convaincu que ce sont les Africains qui doivent assurer, eux-mêmes, la sécurité de leur continent. La vision, selon ses propres dires, est de « travailler avec les Africains, pour renforcer les capacités d’action et doter les armées africaines de moyens de répondre à toutes les agressions ». La stratégie à concocter à cet effet à Paris, les 7 et 8 décembre 2013, sera le fruit d’une réflexion commune entre la France, l’Afrique et la communauté internationale. Puisqu’en plus des 54 pays africains invités, les premières personnalités des Nations unies, de l’Union européenne, l’Union africaine et des communautés régionales, ont annoncé leur participation à ce sommet. On peut citer, entre autres, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, les présidents du Conseil européen, Herman Van Rompuy, de la Commission européenne, José Manuel Barroso, celle de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini Zuma. Le chef de l’État burkinabé, Blaise Compaoré, qui s’est fait un renom en matière de résolution pacifique de conflits en Afrique a, sans doute, une vision et une méthode à partager avec ses pairs et les autres personnalités soucieuses de la paix et du développement de l’Afrique. Outre la question sécuritaire, le Sommet de la présidence française entend discuter d’autres thématiques d’importance pour les deux parties telles que « le partenariat économique et le développement » et « le changement climatique ». Ainsi, les modalités d’une circulation plus fluide des acteurs économiques entre l’Europe et l’Afrique, le renforcement des partenariats scientifiques et l’institutionnalisation des forums de dialogue et de relations économiques privées seront discutés. Les outils de financement innovants ou encore les croisés pourraient être dégagés comme pistes de coopération. Les échanges à propos d’une vision commune verte entre la France et l’Afrique devraient porter sur le soutien éventuel à une agriculture faiblement émettrice et résiliente, l’accès à l’énergie durable pour tous, le financement de la lutte contre le changement climatique, etc. Le sommet de l’Élysée se veut donc une rencontre holistique sur les enjeux du développement de l’Afrique. C’est à ce titre que des événements parallèles gravitent autour : une conférence économique ouverte le mercredi 4 décembre, « Le forum Afrique - 100 innovations pour un développement durable », tenu le jeudi 5 décembre, une table-ronde sur la « Lutte contre les trafics et le braconnage des espèces menacées », organisée le jeudi 5 décembre, et une Conférence de mobilisation contre les violences sexuelles faites aux femmes dans les conflits, tenue le vendredi 6 décembre. La première Dame, Chantal Compaoré, était également à Paris pour prendre part à la dernière conférence citée.



Koumia Alassane KARAMA (envoyé spécial à Paris)

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=1025