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2013 en Afrique / Une croissance vigoureuse [12/2013]

L’Afrique a connu une réelle croissance en 2013. Supérieure à 5% en moyenne, la croissance économique a connu une montée fulgurante grâce à la création d’entreprises ainsi qu’à la maîtrise de l’inflation et à l’importation des produits miniers, agricoles et pétroliers.

L’Afrique s’en est bien sortie en 2013. Pour 2013, malgré la conjoncture encore difficile et incertaine, le FMI a projeté une croissance stable à 5,3% pour l’Afrique subsaharienne. Malgré le fait que plusieurs incertitudes entouraient ces prévisions, elles ont été atteintes. Les résolutions des crises au Mali, dans les Grands Lacs et au Maghreb, ont permis de faire face à la conjecture économique. Malgré les turbulences que traverse l’économie mondiale, la croissance africaine fait toujours preuve de résilience. Pourtant, la dynamique s’essouffle dans les pays fortement intégrés aux marchés mondiaux ou ceux qui sont pénalisés par des tensions politiques et sociales. Avec la reprise progressive de l’économie mondiale, le taux de croissance moyen du produit intérieur brut (PIB) du continent a atteint 4.8 % en 2013. Il marquera un recul par rapport au taux de 6.6 % de 2012, qui s’explique par le rebond de la production de pétrole en Libye. Si l’on exclut ce pays des prévisions, la croissance économique du continent est ressortie à 4.2 % en 2012 et s’est accélérée en 2013. Les prévisions pour le continent ont tablé sur une production mondiale toujours modeste en 2013, autour de 3.5 % (contre 2.9 % en 2012), avant une embellie, à plus de 4 %, en 2014. Le rythme des échanges internationaux (autour de 3 % en 2012) devrait s’intensifier en 2013 et en 2014, autour de respectivement 4 à 5 % et 6 à 7 % –des taux néanmoins toujours inférieurs aux niveaux d’avant la crise.

Stabilité politique et envol économique

«L’Afrique francophone est en pleine tourmente au moment où les Lions d’Afrique anglophone rugissent, avec des croissances économiques spectaculaires. Le champion de la croissance au sud du Sahara, c’est une ancienne colonie britannique, sortie il y a dix ans d’une terrible guerre civile, la Sierra Leone, avec une hausse fulgurante de 32% de son PIB grâce à son minerai de fer et son pétrole.»

L’Afrique qui marche est anglophone

L’Afrique anglophone semble avoir pris les taureaux par les cornes en 2013. L’Afrique francophone est en train de se réveiller des crises au Mali et en Côte d’ivoire, au moment où les Lions d’Afrique anglophone rugissent, avec des croissances économiques spectaculaires. En 2013, le champion de la croissance au Sud du Sahara était un petit pays, ancienne colonie britannique, sortie il y a dix ans d’une terrible guerre civile, la Sierra Leone, avec une hausse fulgurante de 32% de son PIB grâce à son minerai de fer et son pétrole. A côté de cette embellie économique, durant ces trois dernières années, les économies des pays africains ont connu une croissance régulière. Dans tous les compartiments de la vie économique, les voyants étaient au vert malgré les premières peurs suscitées par la guerre au Mali, la crise au Maghreb et dans les Grands lacs. En effet, la bonne tenue des économies de l’Afrique subsaharienne en 2010 s’est poursuivie en 2011 avec 5,1% contre 5,3%, s’étendant cette fois à plusieurs pays, selon les perspectives économiques régionales du FMI (Avril. 2012). La plupart des pays y ont contribué. La reprise des cours des matières premières et le renforcement de la demande intérieure dans les pays sont à l’origine de ces performances qui demeurent encore fragiles. En effet, les structures productives en Afrique restent fortement dépendantes de la demande extérieure dont le maintien de la tendance à la hausse reste aléatoire. Les turbulences dans les marchés financiers et la faiblesse des économies des pays avancés continueront de planer sur les perspectives de croissance en Afrique subsaharienne. S’y ajoutent les effets négatifs de la sécheresse en Afrique de l’Est, avec son lot de déplacement de populations qui conduit à une forte mobilisation de la communauté internationale dans un contexte sécuritaire volatile. Des politiques macroéconomiques de qualité mises en œuvre ont soutenu la croissance dans de nombreux pays de la région.

De la contribution des produits pétroliers

Dans le groupe des produits pétroliers, une croissance de l’ordre de 7% est attendue avec les nouvelles exploitations en Angola et la hausse de la production au Tchad. Le secteur non pétrolier est aussi en forte progression surtout en Angola et au Nigeria, contrairement au Cameroun et en Guinée Équatoriale où l’activité est en baisse. Pour les pays à revenu intermédiaire, ceux d’Afrique australe souffriront de leur forte intégration au commerce et aux marchés financiers mondiaux. L’Afrique de l’Ouest, qui a souffert des effets de la sécheresse au Sahel et du conflit ivoirien, a enregistré de bonnes performances en 2012 et en 2013. Un pays comme le Ghana a vu sa croissance progresser à près de 8% moins qu’en 2011, année où l’exploitation pétrolière a réalisé le plus haut niveau de production. Au Sénégal, la croissance a aussi redémarré après avoir souffert de la sécheresse. Les taux de croissance attendus en raison de l’exploitation minière et pétrolière au Niger et au Sierra Léone ont été à deux chiffres. Pour les pays sortant de conflits où de désastres naturels, la situation s’est nettement améliorée comme en Côte d’Ivoire (8% en 2012), le redressement au Libéria avec plus de 9%, grâce au minerai de fer et en Guinée où la reprise des investissements miniers a contribué à booster la croissance.

La Sierra Leone fait parler d’elle

Et pourtant, cet élève un peu timide du fond de la classe -la Sierra Leone-, classé parmi les pays les plus pauvres de la planète, vient de décrocher les félicitations du jury et succède à un autre «lion africain», le Ghana, anglophone, lui aussi boosté par le pétrole, qui passe de 13,6% en 2011 à un confortable 8,8% en 2012, selon le FMI.

En 2011, la croissance économique de la Sierra Leone était déjà honnête (+5,1%) et est resté très élevée en 2013 (+9,1%). Le sous-sol regorge de diamants, d’or, de bauxite. Le pétrole off-shore devrait également aider au décollage du pays. Cerise sur le gâteau, la croissance de l’économie va de pair avec l’enracinement démocratique. Véritable «success story» à l’africaine, la Sierra Léone est un exemple à suivre pour les autres pays africains.

Un président au service de son peuple

Le succès de ce petit pays revient à son Président. Le président Ernest Bai Koroma qui a réussi à attirer de nombreux investissements étrangers, s’est fait réélire dès le premier tour de l’élection présidentielle avec près de 60% des voix. Ce scrutin, applaudi par la communauté internationale est presque passé inaperçu. Ce sexagénaire est peu connu hors de son pays, il préfère se concentrer sur les affaires intérieures plutôt que jouer les divas aux sommets de l’Union africaine. Chrétien, il va à la messe les dimanches mais assiste aussi tous les vendredis à la grande prière avec les musulmans. Bref, il panse les plaies de la guerre et s’active pour sortir de la pauvreté de ses concitoyens. A côté de cette performance économique, l’on retrouve la deuxième plus forte croissance économique de l’Afrique subsaharienne. Elle a été enregistrée par un pays francophone, le Niger, avec un beau 14% qui contraste fort avec le maigre 2,3% de 2011. La croissance économique s’est établie à 6,6% en 2013, malgré les velléités des groupes terroristes.

Grosso modo, l’année qui s’achève a été des plus fructueuses pour l’Afrique. Reste à maintenir le cap afin que 2014 soit plus riche en retombées économiques bénéfiques aux populations africaines.

Source : http://www.lenouvelafrique.net/pg.php?id_news=1021