Article publié le 2020-09-22 par Daouda Émile Ouédraogo Editorial
Emploi à tout prix
LNA 137 - Mars 2020

Le développement de l’Afrique passe par la réduction du chômage. La lutte contre le chômage est une lutte universelle. Du Nord au Sud, d’Est en Ouest du globe, le chômage est un casse-tête chinois pour tous les gouvernants. Si dans certains pays du monde, le taux de chômage est en nette baisse, en Afrique, l’emploi est une denrée rare. Une portion congrue tire son épingle du jeu. Mais la réalité est là, implacable. Il faut trouver une voie originale de création d’emploi afin d’assouvir la soif d’émancipation financière de la jeunesse. Une jeunesse sans emploi est une bombe à retardement. L’Afrique doit en faire la priorité des priorités. Car, favoriser l’emploi des jeunes, c’est lutter efficacement contre la pauvreté. Et, « vaincre la pauvreté, ce n’est pas un acte de charité, c’est un acte de justice » comme le disait Nelson Mandela. Dans le combat pour garantir un travail décent, faire amende honorable consiste à ne pas laisser sur le bas-côté de la route, cette jeunesse consciente et silencieuse qui œuvre jours et nuits pour que le monde soit meilleur autour d’elle. Il n’y a pas de liberté et d’indépendance économique si la jeunesse n’arrive pas à subvenir à ses besoins par un travail décent. Il n’y a pas de bonne gouvernance si la corruption des élites, prive des millions de jeunes d’avoir accès à un boulot. La corruption, la gabegie et la mal gouvernance sont les terreaux fertiles d’une nation en décadence. La jeunesse africaine doit refuser de se soumettre à la dictature des ennemis du développement et de la création des emplois. Elle doit avoir son mot à dire dans la gouvernance politique et économique des pays africains. Dans tout type de gouvernement, il est crucial que les jeunes aient des plateformes où ils puissent exprimer leurs opinions et participer à l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques gouvernementales. Dans la plupart des pays, cependant, la participation des jeunes est encore peu développée. Les jeunes doivent continuer à tenir leurs gouvernements responsables et plaider pour plus de mécanismes qui permettent un engagement des jeunes significatif et durable. Tout jeune a le droit de participer librement aux activités de sa société et les États doivent prendre des mesures afin de leur garantir ce droit. Désormais, c’est avec un sentiment d’urgence que les dirigeants africains doivent s’employer à combattre le chômage des jeunes sur le continent et à mettre en place des programmes de création d’emplois. Même s’il est vrai que le problème sur le continent à sa spécificité. « En Afrique, le problème du chômage des jeunes est plus complexe que dans d’autres régions du monde, explique le Président du Kenya, Mwai Kibaki. Les économies dont la croissance est lente ne peuvent créer suffisamment d’emplois pour absorber le grand nombre de jeunes diplômés qui arrivent sur le marché chaque année » a-t-il déclaré à Nairobi (Kenya) en septembre lors d’un sommet sur l’emploi des jeunes. Cette affirmation ne doit pas freiner l’élan de la jeunesse qui doit être acteur de son développement, en mettant l’accent sur l’entreprenariat. Rendre des emplois disponibles, c’est donner à la jeunesse, l’opportunité de refuser la fatalité de la pauvreté et œuvrer à assoir une véritable dignité. Ahmed Sékou Touré déclarait en 1958 : « nous préférons la pauvreté dans la dignité à l’opulence dans l’esclavage. » Ne pas avoir un emploi, c’est être le faire valoir de la société en Afrique où la culture de l’individualisme est en train de prendre le pas sur la solidarité. Notre continent a plus que besoin d’œuvrer, plus que jamais, à réinventer son histoire, à écrire avec noblesse, les véritables actions de développement pour un continent dont la première force réside dans sa jeunesse. Une jeunesse sans emploi est désœuvrée et livrée à elle-même. Et, une jeunesse livrée à elle-même, est la porte ouverte à tous les maux : insécurité, terrorisme, banditisme, immigration. Le combat pour créer des emplois au profit de la jeunesse africaine doit être la flamme qui brûle de désir et d’actions tout dirigeant africain. À commencer par les jeunes en premier.