Article publié le 2020-08-07 par Delano Gustave Culture
Système K / Voyage dans l’univers halluciné des performers de rue de Kinshasa
scène du film « Système K ».

En salle depuis le 15 janvier, le sixième documentaire du réalisateur français Renaud Barret plonge le téléspectateur au cœur des rues chaotiques de Kinshasa (RDC) où il vit depuis plus de quinze ans. Cette fois, sa caméra va au contact de huit artistes, impressionnants de courage et de résilience. Ils sont sculpteurs, peintres, plasticiens, musiciens, réalisent des scénographies avec leur corps, et travaillent avec des matériaux de récupération et des déchets urbains.

Dans les rues de Kinshasa, la trépidante capitale de la république démocratique du Congo (RDC), quelques performeurs créent. Freddy Tsimba érige sur une place de Matonge une « maison de machettes » que la police a tôt fait de venir détruire. Le métis Béni Barras, qui désespère d’obtenir la nationalité belge, passe ses journées dans un squat à sculpter du plastique fondu. Géraldine Tobe peint des toiles cauchemardesques à la suie. Le performeur Majestikos traverse Kinshasa dans une baignoire remplie de sang. Les Kongo Astronauts déambulent dans des combinaisons spatiales fabriquées à partir de matériaux de récupération. Voilà ce à quoi le téléspectateur doit s’attendre en regardant le film documentaire de Renaud Barret selon AlloCiné, le site de référence du cinéma et des séries tv.

« Système K », un magnifique film-hommage aux créateurs dure 94 minutes. Il met en lumière une scène artistique sauvage qui s’impose malgré la répression. Selon, RFI, cinq ans, c’est le temps qu’il a fallu au français Renaud Barret pour réaliser Système K, un documentaire qui cristallise ses rencontres et ses errances dans les rues de Kinshasa.

Dénoncer avec humour

« Système K » est un documentaire, une galerie d’artistes plus qu’atypiques dont les œuvres dénoncent avec humour, folie ou colère les maux rongeant leur société. Documentaire lumineux et électrisant sur l’incroyable vivacité de la scène artistique kinoise. Dans un pays où la richesse du sous-sol n’a d’égale que la pauvreté de la surface, les plasticiens congolais réinventent l’art de la performance et de la débrouille. Souvent radicaux et se mettant réellement en danger, ils utilisent en partie les objets de seconde main manufacturés par les occidentaux à partir des richesses de leur propre pays auxquelles ils n’ont pas accès. « Les artistes parlent d’idées souvent assez simples : on n’a pas d’eau, pas d’électricité… Et on en fait quelque chose. Ce qui fait que la population va directement réagir et même interagir. Tous ces artistes ont le souci de faire passer des messages. C’est leur motivation principale. Il y a une forme d’amour pour les leurs alors qu’on est en face d’une population peu ou pas scolarisée depuis bientôt deux générations. C’est une vraie bombe à retardement. Les artistes sont en rébellion contre cette apocalypse discrète qui est en train de s’installer. Alors, ils prennent la rue », a affirmé Renaud Barret dans le journal Le Monde.