Pour la cinquième année consécutive et pour la sixième fois en sept ans, l’Afrique francophone subsaharienne a enregistré les meilleures performances économiques du continent. C’est ce qui ressort de l’édition 2019 des « Perspectives économiques mondiales », publié par la Banque mondiale en janvier dernier. Selon le rapport, sur la période 2012-2018, soit sept années, la croissance annuelle de l’Afrique subsaharienne francophone s’est établie à 4,2 % (4,9 % hors Guinée équatoriale, et 6,3 % dans la zone UEMOA qui confirme ainsi son statut de plus vaste zone de forte croissance du continent). Ce taux a été de 2,9 % pour le reste de l’Afrique subsaharienne. Les trois premières économies francophones, à savoir la Côte d’Ivoire, la RDC et le Cameroun, ont respectivement enregistré une croissance annuelle de 8,6 %, de 6,0 % et de 4,8 % en moyenne.
De leur côté, les trois premières économies du reste de l’Afrique subsaharienne, à savoir le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Angola, ont respectivement connu une progression annuelle de 2,8 %, de 1,4 % et de 2,2 %. Enfin, il convient de souligner que les pays francophones ne représentent que deux des dix pays les plus endettés du continent (le Congo, 4e, et le Togo, 10e).
L’Afrique subsaharienne francophone devrait demeurer le moteur de la croissance du continent en 2019. En effet, selon la Banque Mondiale, dans la zone de l’Afrique francophone subsaharienne, la croissance devrait s’accélérer pour atteindre 3,4 % en 2019, en supposant une diminution de l’incertitude pesant sur les politiques publiques, l’amélioration de l’investissement dans les grandes économies et la poursuite d’une croissance robuste dans les pays à faible intensité de ressources.
Cependant, et en entraînant à sa suite une hausse des prix des matières premières, une importante baisse du dollar pourrait affecter négativement les économies des nombreux pays francophones assez pauvres en richesses naturelles. Et en particulier les pays de l’ouest de la zone CFA, qui seraient alors doublement pénalisés en étant également affectés par un euro trop fort. « La France devrait alors prendre toutes ses responsabilités afin d’éviter que la politique monétaire de la zone euro ne soit contraire aux intérêts de l’Afrique francophone, et donc à ses propres intérêts. À défaut, l’arrimage actuel du franc CFA à l’euro devrait alors être remis en cause, en optant pour un panier de devises qui inclurait, notamment, le dollar et le yuan chinois », affirme le spécialiste de la démographie et du monde francophone, Ilyes Zouari par ailleurs président du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF). Par ailleurs, il estime que la France se doit également d’accroitre sa présence économique afin de mieux tirer avantage des opportunités qui se présentent, notamment dans des pays stratégiques que sont la RDC ou Djibouti, où elle est fort peu présente.
Le Spécialiste de la démographie et du monde francophone estime que l’émergence économique et démographique de l’Afrique francophone contribue en bonne partie à la hausse du nombre d’apprenants du français dans le monde. Et notamment en Afrique subsaharienne non francophone, où ce nombre a augmenté d’environ de 126 % entre 2014 et 2018, selon les données de l’OIF. « Dans ce cadre, la France se doit d’accompagner et d’amplifier cette évolution favorable à la langue française, plutôt que de constituer manifestement un frein en la matière en faisant la promotion intensive de la langue anglaise dans le monde, à travers nombre de ses multinationales et de ses diplomates », a-t-il souligné.
Dans son rapport, la Banque mondiale a indiqué qu’au Nigéria, l’expansion devrait s’intensifier pour atteindre 2,2 % en 2019 sur la base d’une reprise de la production pétrolière et d’un scénario selon lequel une lente amélioration de la demande privée freinera la croissance du secteur industriel non pétrolier.
Par ailleurs, la croissance angolaise atteindra 2,9 % en 2019 grâce à la reprise du secteur pétrolier résultant de l’exploitation de nouveaux champs pétrolifères et de l’amélioration du climat des affaires par la mise en œuvre de réformes. Enfin, en Afrique du Sud, l’expansion économique devrait prendre un peu de vitesse pour afficher un taux de 1,3 % dans un contexte caractérisé par les contraintes pesant sur la demande intérieure et le montant limité des dépenses publiques.
Pour la cinquième année consécutive et la sixième fois en sept ans, les huit pays de la zone UEMOA (dont la lusophone, mais très francophile, Guinée-Bissau) ont enregistré une croissance globale supérieure à 6 % (6,4 %, et 6,6 % un an plus tôt). La zone UEMOA confirme ainsi son statut de plus vaste zone de forte croissance du continent, et d’important relais de la croissance mondiale. Hors UEMOA, la Guinée confirme le redémarrage de son économie depuis 2016, avec une hausse de son PIB de 5,8 % (8,2 % en 2017).). Pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest francophone (Guinée et Mauritanie incluses), la croissance globale a été de 6,2 %. La Côte d’Ivoire et le Sénégal ont à nouveau affiché les meilleures performances d’Afrique de l’Ouest avec respectivement 7,5 %, et 6,6 %.
Grâce notamment à la remontée des cours des matières premières et à l’assouplissement progressif des mesures d’austérité budgétaire dans les pays de la zone CEMAC, l’activité a entamé son redémarrage en Afrique centrale avec une croissance passant de 0,5 % en 2017 à 1,7 % en 2018 (ou de 1,3 % à 3,1 %, hors Guinée équatoriale).
La croissance de cette partie du continent a dépassé les 4 % en 2018, pour s’établir à 4,4 %, en hausse par rapport à l’année précédente (3,9 %). Plus grand pays de la région, Madagascar confirme le redémarrage progressif de son économie, entamé en 2016, et semble être enfin sorti d’une longue période de stagnation économique, due à une instabilité politique. Le pays a ainsi enregistré une progression de son PIB de 5,2 % en 2018, après avoir observé une hausse de 4,2 % un an plus tôt.
Source : Banque mondiale