Article publié le 2019-12-02 par Daouda Émile Ouédraogo Editorial
Afrique, sèche tes larmes
LNA 128 - Juin 2019

Ensanglantée. Défigurée. Pillé. Afrique, sèche tes larmes… Cœur déchiré. Ames en peine… Inconsolables… Yeux imbus de larmes… Regards droits… Cœurs fiers. La guerre en Libye et les différents attaques terroristes ont transformé le continent en un « no men’s land ». Durablement… Sans haine ni rengaine, les eaux de l’océan charrient les cris de douleurs des familles éplorées… Hélas ! Mille fois hélas ! Les « fous d’Allah » continuent d’endeuiller les familles. Ils continuent d’arracher à notre affection des êtres chers. Souvent, la brutalité avec laquelle ces événements surviennent laisse sans-voix devant la gravité de l’horreur. À toutes ces familles éplorées, sachez que vos larmes ne resteront pas impunies. Car, souvent la brutalité avec laquelle Dieu nous arrache des êtres, enlève en nous tout désir de continuer à exister. Mais, avec le temps, les plaies se cicatrisent, et comme l’ondée sous la rosée, de là où sont ces êtres, ils font pleuvoir sur nous les fruits de leurs béatitudes. Continuellement, dans le silence de notre deuil, nous nous poserons la question de savoir pourquoi cela nous est arrivé. Impuissant devant notre capacité à trouver une réponse appropriée à cette question, nous pleurerons nos illustres disparus, jusqu’à notre dernier soul. Oui ! Pleurer libère. Il soulage. Aussi bien que nous avons pleuré, aussi fort devons nous relever la tête, essuyer nos larmes afin que les ennemis de la liberté ne confisque pas ce que nous avons obtenu de haute lutte : notre liberté. Comme nous l’avons écrit dans notre éditorial du numéro 88, aujourd’hui, l’humanité est dans un dilemme. Les Fils d’Adam se mènent un conflit pour Dieu, au nom de Dieu dans des religions qui prônent l’amour et la miséricorde de ce même Allah. « C’est foutaise ! » Pour emprunter le mot du jeune homme au coin de rue d’une rue d’Abidjan en Côte d’Ivoire, en Afrique de l’Ouest. L’humanité doit se ressaisir. Nous le redisons avec force : les attentats nous interpellent tous. Ils interpellent ceux qui les commettent. Ils interpellent ceux qui en sont les victimes. Ceux, perpétrés dans le monde présent, où à venir nous interpellera davantage. Aussi bien qu’ils nous ont choqués, ils doivent nous pousser à agir de sorte à combattre vaillamment les idées qui soutiennent ces attaques. Il ne faut jamais imaginer un monde où les fils de cette existence se tuent pour des croyances religieuses ou pour des intérêts personnels. Ce n’est pas gai. Le plus grand bien, la plus grande joie à donner à l’existence est de bâtir un monde où chacun à sa place. Un monde où le présent est le vécu, un monde où chacun récolte le fruit de son travail. Dans cette logique, le salut de l’Afrique et du monde ne viendra pas d’une guerre entre religion. Il viendra de la capacité du monde à aimer. Il viendra de la capacité de tout un chacun à dépasser son égo. Car, au-delà de nos différences, tous les hommes naissent égaux devant l’Être suprême. Au-delà de nos différences, il n’existe aucun plaisir à tuer ses semblables. Au-delà de nos croyances, il n’existe aucune joie à faire des communiqués pour revendiquer la paternité des actes barbares. Au-delà de nos certitudes, il n’existe aucune vérité qui enseigne l’art de tuer pour se faire entendre ou pour convaincre. Comme le disait le Dalaï Lama, chacun a la responsabilité de faire croitre la paix en lui afin que la paix devienne générale.

Afrique, tu es déchiquetée. Et avec toi toute l’humanité, car tu en es le berceau. Mais, lève la tête, bombe la poitrine et montre à ceux qui t’ont endeuillé que ni les douleurs, ni les soupirs inassouvis de tes enfants tombés les armes à la main, ne t’empêcheront de renoncer à ta liberté, à ta dignité. Tu donnes de l’espoir aux peuples, tu fortifie les nations. Tu es Afrique… Demeure Afrique.