Qu’est-ce qui justifie la coopération entre États membres de la CEDEAO en matière de répression du terrorisme et du crime transnational organisé ? Au regard de la nécessité de coopérer et du dispositif juridico-institutionnel mis en œuvre par la CEDEAO, peut-on affirmer que la coopération est efficace ? Telle est la problématique posée par Gérard Tarbangdo, commissaire principal de police, expert-sécurité et spécialiste des questions de terrorisme et d’extrémisme violent au Centre national d’alerte précoce, une structure de la CEDEAO rattachée au Premier ministère du Burkina Faso.
Pour sa soutenance en vue de l’obtention du Diplôme de Master 2 Recherche en Droit international public, le samedi 16 mars 2019 à l’Université Ouaga 2, le travail de Gérard Tarbangdo a porté sur «la coopération entre États membres de la CEDEAO dans la répression du terrorisme et du crime transnational organisé ». Dans son étude, rapporte le site d’information en ligne zoodomail, il a été dit que les activités criminelles et l’accroissement persistant et vertigineux des actions terroristes, en perpétuelle mutation, effritent progressivement les fondements de l’État de droit et perturbent la quiétude de la Communauté internationale. Pour l’expert, l’ouverture des frontières, la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, associées à la mondialisation des flux, offrent un terreau à l’essor d’une criminalité internationale organisée. « Le terrorisme et le crime transnational organisé apparaissent comme des fléaux qui font fi des limites frontalières et constituent une menace sérieuse à la stabilité internationale », renchérit le commissaire principal de police Gérard Tarbangdo.
Au regard de cette situation somme toute dangereuse pour la survie et le vivre-ensemble des populations, les Etats membres de la zone CEDEAO ont décidé de s’unir pour faire face à ces fléaux que sont le terrorisme et la criminalité transfrontalière, révèle zoodomail. « En plus de la coopération policière et de la coopération judiciaire, les formes de coopération portent sur l'extradition, l'entraide judiciaire, la coopération en matière de saisie et de confiscation des instruments et du produit du crime », soutient-il.
Il appuie ses propos, selon zoodomail, en citant en outre la Convention de Palerme du 15 novembre 2000 contre la criminalité transnationale. En son article 18, il est demandé aux États parties de s’accorder «l’entraide judiciaire la plus large possible lors des enquêtes, poursuites et procédures judiciaires». Il convient, poursuit l’expert-sécurité, de donner plein effet aux dispositions de la résolution 1373 du Conseil de sécurité de l’ONU en appliquant le principe « aut dedere, aut judicare » qui traduit l'alternative « extrader ou poursuivre ». Selon lui, le renforcement de la coopération est également recherché au moyen d'actions concertées, d'échanges d'informations, de formations spécialisées, d'enquêtes conjointes ou encore de techniques d'enquêtes spéciales.
Il a appelé à renforcer les mécanismes préventifs et répressifs contre les activités criminelles, à résoudre les difficultés matérielles, financières ainsi que la question liée à la formation des acteurs.
Pour un espace CEDEAO sûr où les populations pourront vivre dans la paix et la quiétude, Gérard Tarbangdo, commissaire principal de police, a énuméré quelques suggestions :
Au plan sous-régional, l’hostilité et les rivalités entre les Etats membres de la CEDEAO doivent disparaître et faire place au leadership, capable d’encourager la coopération. De plus, il est nécessaire de :
créer une juridiction antiterroriste sous-régionale, ce qui constitue indéniablement un instrument solide dans la répression des actes terroristes.
promouvoir et opérationnaliser les accords bilatéraux et multilatéraux entre États pour sécuriser les frontières et mieux contrer les criminels à l’intérieur des pays ;
encourager les acteurs opérationnels engagés contre les groupes armés, à concilier l’efficacité de leurs actions avec le respect des droits de l’homme tout en intégrant les exigences militaires ;
Au plan national, les États devront œuvrer à la prévention des attentats à travers l’identification et le démantèlement des réseaux terroristes. Cela passe par le renseignement et l’infiltration. C’est pourquoi nous proposons la judiciarisation des renseignements. Aussi est-il nécessaire de :
consolider l’Etat de droit et améliorer la gouvernance nationale à travers la promotion de la cohésion sociale, l’inclusion et la prévention de la violence intercommunautaire qui peuvent exacerber l’extrémisme ;
améliorer la collaboration civilo-militaire, associer la société civile et les communautés locales aux efforts visant à prévenir le crime organisé ;
faire cesser les rivalités et renforcer les capacités techniques, opérationnelles des forces de défense et de sécurité engagées dans la lutte contre le crime organisé.
Source : Zoodomail