C’est dans une bonne ambiance que le festival panafricain s’est déroulé au Miramar sur le boulevard de la croisette, à Cannes. Les festivaliers pouvaient visionner des films de divers horizons et formats pendant cinq jours. La sélection n'a pas été aisée. Présidé par Jehpté Bastien, le jury était composé de Marie Anne Sorba, Blaise Pascal Tanguy, Gilles Serin, Dorothée Audibert-Champenois, Jeanne Romana, Cyinthia Saint Fleur et Nolda Di Massamba.
Le 21 avril, à l'occasion de la remise des Dikalos Awards, le groupe Ngob'a Mulema, avec des chants du peuple Sawa, Douala de la région côtière du Cameroun, a transporté les participants aux racines africaines du pouvoir. Il a «intronisé» Basille Ngangue Ebelle, fondateur et président du festival, au cours d'un rituel traditionnel.
Le chef de la chorale a exhorté les Africains, spécialement les jeunes à rechercher le secret du pouvoir dans les racines africaines au cours de ce 21e siècle. «Un siècle de l’Afrique, un siècle de la femme africaine qui est la déesse, le souffle de la vie», a-t-il déclaré. Il ne s’agit pas d’un combat contre quelqu’un mais bien d’une révolution spirituelle et individuelle. Chacun doit aller chercher ce secret dans son village. Avant d’adopter des modèles économiques, il faut aller chercher le mode de pensée africain auprès des aînés.
Prenant la parole, Basile Ebelle a présenté ses remerciements à la mairie de Cannes pour son soutien au festival. Par ailleurs, il a profité de la tribune pour livrer quelques réflexions. Comment construire sur le long terme en permettant à chacun de se réaliser? «Sans moyens financiers considérables, l'association Nord-Sud développement s’est bâtie sur le modèle misant sur les compétences et sur les ressources humaines», a-t-il déclaré.
«C’est ce modèle qui a été tiré de grands leaders panafricains tels que Marcus Garvey, Thomas Sankara, Kwame NKroumah, Julius Nyerere», a-t-il poursuivi. L’Afrique a été l’un des espaces qui a produit les meilleurs des leaders au 20e siècle. Le président du festival panafricain est convaincu qu'on peut faire beaucoup avec peu. Plus qu’une question des moyens, c’est une question de volonté. “Quand je regarde la jeunesse, je rêve, je suis déjà demain.” a-t-il conclu.
La soirée de remise des Dikalos Awards a débuté avec la projection du film documentaire les pépites du fleuve réalisé par Marie Sandrine Bacoul. Ce film a été tourné en Guyane, à Grand Santi sur le fleuve du Lawa où la population est majoritairement djuka. Nafline, Gleadine, Oldricia et Dylan, des élèves en classe de troisième se préparent à aller poursuivent leurs études sur le littoral. Ils vont devoir quitter leur milieu familial sur le fleuve du Haut Maroni. Il n'est pas facile de partir mais les jeunes acteurs ont des rêves.
Nous avons rencontré le jeune acteur qui veut devenir mécanicien. Il a toujours tout réparé chez ses parents. Il a même fabriqué un vélomoteur. Pour lui, aucun doute, il est convaincu, il sera ingénieur.
Le film FLIGHT, de Kia Moses et Adrian Mcdonald, deux jeunes réalisatrices de la Jamaïque, a été sacré meilleur Court-métrage Fiction. Pour les deux réalisatrices, l'industrie du cinéma reste dominée par les hommes. Elles exhortent les femmes à s'y investir. Par leur film Flyght, réalisé l'année dernière, relatant l'histoire d'un jeune Jamaïquain qui rêve d'aller sur la lune, elles veulent encourager les jeunes à rêver grand car tout est possible. Nous nous sommes entretenues avec elles. Après leur consécration, elles ont avoué qu'elles étaient sur la lune, De plus, elles ont été touchées par l’amour qu’elles ont reçu au festival. Tout était formidable, ont-elles ajouté. Elles ont apprécié le soutien de la Jamaïque et elles sont fières de représenter leur pays. Elles vont revenir à Cannes au cinéma de la diversité pour représenter les minorités.
Le film ghanéen « Before the vows » de Nicole Armarteifio a reçu deux prix : la mention spéciale du jury Long métrage Fiction et l'actrice Maame d’Adjei a été couronnée meilleure actrice.
Enfin, tous les réalisateurs sont des gagnants, avec ou sans prix car ils ont réalisé quelque chose de grand au-delà du prix. Ils ont eu l’opportunité de faire de belles rencontres, de nouveaux amis.
Les présentateurs ont salué spécialement la présence de Pierre Kompany le premier maire africain d’une ville eurpéenne, de Miss Africa Belgium Yasmine Belhaloumi et de son organisateur Le Safari des anges, présidé par Jeanne Kremer qui ont fait le déplacement de Bruxelles à Cannes.
Un moment a été consacré à la beauté, à la création, au design et à la culture. Différents stylistes ont présenté leurs collections au cours de la soirée, Le trésor d'Amévie, d'Antoinette Afoutou, designer, couturière, styliste avec des pièces exceptionnelles pour hommes, femmes et enfants. Wax land et Padoma Paris avec des chaussures customisées au wax. La marque Ashana B de Paris avec ses produits de beauté.
La soirée a commencé par la chorale Douala. Elle s'est terminée avec le prince Kestamg. À l'arrivée du prince, les invités, debout, ont accueilli l'artiste avec des applaudissements. Le prince a fait une entrée remarquable avec son instrument le Kwakwa qui s'accorde avec le timbre de sa voix. Avec son Lally Show, les convives se sont lâchés dans un déhanché endiablé. Le prince Kestamg a enflammé le Martinez.
Il a dévoilé dans un clip vidéo son single dance, intitulé «Danse, dance beautifull people» qui sortira le 7 juin prochain et qui sera disponible sur Youtube en soirée pendant le Midem. Le prince Kestamg a profité de l’occasion pour offrir la primeur de son nouveau clip au festival du film panafricain. Par ailleurs, il prépare des tournées avec son Lally Show. Créé par l'artiste, le Lally Show est un mélange de musique traditionnelle et moderne. C’est un afro pop. À l'origine, le Lally est une danse des guerriers Bamiléké, de l’Ouest du Cameroun pour protéger leurs contrées. Kestamg chante dans sa langue, le Bandjoun. Mais dans « Dance, dance, beautifull people», il s'exprime dans plusieurs langues. Dans ses chansons, il prône la paix, le bien-être, bref le positif. Il a reçu le prix de l’innovation artistique au festival du film panafricain de Cannes, l’année dernière.
Les 4 et 5 mai, il sera au Midem pour le lancement de «dance, dance beautifull people». Le 23 mai, il chantera au festival de Cannes. Le 13 juin, il sera à Nice à l'invitation d'une association qui œuvre au Bénin, au Cameroun et au Sénégal pour sauver des vies des personnes âgées et des orphelins. Il prépare une tournée musicale au Japon dans cinq villes différentes. C’est la japonaise Yoko Kayo qui organise cette tournée.
Au mois de janvier 2020, il compte égayer la soirée de gala de Friendly Foot à Bruxelles. Pour lui, le lally show est une musique envoûtante qu’il faut voir au moins une fois dans sa vie.
Meilleur Long Métrage Fiction :
Bad Luck Joe de Ramesh Jai Gulabraj (Ghana)
Meilleur documentaire long métrage :
On the frontlines : The Rangers of Gorongosa National Park de James Byrne & Carla Rebai (Mozambique)
Meilleur court Métrage documentaire :
RUNAFRICA de Lucas Feltain (France)
Meilleur Court Métrage Fiction :
FLIGHT de Kia Moses & Adrian Mcdonald (Jamaïque)
Meilleure actrice :
Maame d’Adjei du film before the vows de Nicole Armarteifio (Ghana)
Meilleur acteur :
Alene Menget du film A good time To divorce de Nkanya Nkwai (Cameroun)
Mention spéciale du jury Long métrage Fiction :
Before the vows de Nicole Armarteifio (Ghana)
Mention spéciale du jury Long métrage documentaire :
Bigger than Africa de Toyin Ibrahim Adekeye (États-Unis)
Dikalo de la paix Nord-sud développement :
Les pépites du fleuve de Marie Sandrine Bacoul (Guyane Française)