Modérée par S.E. Mme Teneng Mba Jaiteh, Ambassadeur de la Gambie et Présidente du GAAB, la première journée de la retraite a porté essentiellement sur l’implémentation du Partenariat Union Africaine-Union Européenne après Abidjan, avec une attention particulière sur le financement, le plan d’action ainsi que les mécanismes du suivi-évaluation. Après avoir informé les participants que S.E.M. AWAD SAKINE Ahmat, Représentant permanent de l’UA, ne pouvait pas participer aux travaux, suite au décès survenu dans sa famille, la modératrice a rappelé l’importance du Partenariat UA-UE, en insistant sur la nécessité d’aboutir à des résultats concrets en vue d'impacter positivement la vie des populations.
Prenant la parole, à son tour, Francis Bokilo, Chargé d’Affaires à la Mission permanente de l’UA, est revenu sur l’objectif principal de la retraite qui consiste à faire des propositions dans le but d’accélérer la mise en œuvre des décisions issues du 5ème Sommet UA-UE. Il a aussi ajouté que cette retraite constituait une opportunité d’échanger sur une meilleure implication du GAAB dans le suivi de la coopération entre l’UE et l’UA.
Après avoir présenté les atouts économiques de son pays, S.E. Mme Bernada Gradisnik a rappelé que la Journée de l’Afrique est organisée chaque année en Mai, depuis 2012, par le Ministère des Affaires étrangères, en collaboration avec la diaspora africaine basée en Slovénie. Cette démarche a pour but de renforcer la coopération entre son pays et les pays africains. Elle a, enfin, invité les Ambassadeurs accrédités en Slovénie à participer à la prochaine rencontre qui se tiendra, les 15 et 16 mai 2019, à Ljubljana.
M. Pierre Kompany a démontré l’apport des migrants en parlant de son propre parcours en Belgique. Réfugié politique pendant sept ans, il a repris ses études, à 34 ans, qu’il a terminées avec un diplôme d’Ingénieur Industriel, mécanique aéronautique. Suite à ses travaux sur les questions environnementales, notamment l’éolienne, il a obtenu deux médailles d’or. En outre, après avoir servi la population comme échevin à Ganshoren et député au parlement bruxellois, il promet de continuer à œuvrer pour le « Mieux Vivre Ensemble», dans sa nouvelle fonction.
Au cours de son exposé, M. Jonas Jonsson, Chef d'Unité, Division - Questions Panafricaines, Service Européen pour l'Action Extérieure, a souligné l’importance de la coopération entre les deux parties dans le contexte multilatéral actuel. Il a présenté quelques progrès dans le cadre de l'implémentation du Partenariat UA-UE, tels que l’appui à la Zone de Libre Échange Continentale Africaine, l’appui au processus électoral en Afrique, le dialogue sur la Migration et la signature du Mémorandum pour la Paix, la Sécurité et la Gouvernance entre l’UA et l’UE en mai 2018.
Il a ensuite expliqué aux participants les objectifs de la nouvelle «Alliance Afrique-Europe pour des emplois et des investissements durables». Par ailleurs, il a annoncé aux participants qu’une réunion ministérielle UA-UE se tiendra à Bruxelles, les 21 et 22 Janvier 2019, pour évaluer l’après Abidjan.
Au cours de sa présentation, M. Geert Laporte, Directeur adjoint, ECDPM, un «think tank» indépendant, spécialisé dans la coopération, est revenu sur l’historique du Partenariat UA-UE depuis la rencontre de Lisbonne. Il a mis l'accent sur le bien-fondé du Sommet d’Abidjan pour la redynamisation du Partenariat UA–UE, au-delà de la relation donateur-bénéficiaire, compte tenu du contexte mondial actuel, en mutation. Il a, cependant, déploré que depuis Abidjan, très peu de résultats tangibles aient été enregistrés.
Il a ajouté que le Partenariat UA-UE est toujours empreint de paternalisme et souffre de manque de cohésion des politiques de l’UE dans le domaine de la coopération au développement, en Afrique. Il a également regretté que l’UA n’ait pas été consultée sur l’initiative d’une nouvelle « Alliance Afrique-Europe pour des emplois et des investissements durables». Toutefois, l’Afrique demeure une priorité pour l’UE, eu égard au Cadre Financier Pluriannuel 2021-2027 de l’UE en cours de négociation.
Réagissant sur ce point, la Mission permanente a indiqué que l’UE a fait des propositions dans le cadre du Plan d’Action 2018-2020, mais que celles-ci privilégient la paix, la sécurité et la gouvernance aux dépens de l’appui aux projets de développement ‘’classiques’’, tels que les infrastructures et l’agro-industrie. D'après l'UA, ce déséquilibre est l’une des causes de la non-finalisation du Plan d’action 2018-2020.
M. Mahamat Haroun, Directeur Général du magazine «Le nouvel Afrique », appuyé par son collaborateur, M. Augustin Izeidi, a souligné l’importance de porter un regard positif sur toute l'étendue de l’Afrique. Ainsi, créé depuis une dizaine d’années, le Magazine Le nouvel Afrique, a pour mission d'offrir une information responsable et objective sur le continent, tout en gardant une perspective positive. Ils ont conclu, en lançant un appel au GAAB afin qu'il contribue à l’expansion du Magazine.
Modérée par S.E.M. Daniel Evina Abe'e, Ambassadeur du Cameroun et Doyen du Corps diplomatique, la deuxième journée a été consacrée aux questions relatives à la paix, la sécurité, la migration, la digitalisation de l’Afrique ainsi que l’adoption des recommandations de la retraite.
Le nouveau Mémorandum d’accord entre l’UA et l’UE sur la Paix, la Sécurité et la Gouvernance a été présenté par M. Jonas Jonsson, qui a souligné que la paix et la sécurité constituent des priorités aussi bien pour l’UA que pour l’UE. C'est pourquoi, depuis la création de la Facilité de soutien à la Paix pour l'Afrique en 2004, 2.7milliards d’euros ont été alloués dans le domaine de la paix et de la sécurité, en Afrique. De plus, M. Jonsson a annoncé la création d’un nouveau mécanisme de financement dénommé, Facilité Européenne pour la Paix.. Ce fonds, hors budget, doté de 10.5 milliards d'euros, destiné à couvrir une période de sept ans, coïncide avec le prochain cadre financier Pluriannuel 2021-2027. Philip Jusu, Socio-économiste, Point Focal Migration à la Mission Permanente de l’UA, à Bruxelles, a développé le sujet sur la lutte contre l’immigration clandestine et le trafic illicite des êtres humains. Lors de son exposé, il a présenté l’historique de la crise migratoire, en revenant sur les naufrages dans lesquels de milliers d'africains ont péri, en Méditerranée. Il a énuméré les facteurs principaux qui poussent les Africains à quitter leur continent. À titre d'exemple, l'inégalité mondiale.
Il a ensuite évoqué les différents mécanismes permettant de dialoguer et de coopérer sur la migration, tel que le Plan d’Action de La Valette sur la migration et le Groupe de travail UA-ONU-UE mis en place lors du Sommet d’Abidjan. Concernant l’apport de l’UA, il a mis l'accent sur la position africaine commune de 2006 sur la migration et le développement ainsi que le cadre révisé de la politique de migration en Afrique et son Plan d'Action (2018-2030), qui constituent une solution à la migration irrégulière sur le continent.
Moctar Yedaly, Chef de Division de la Société de l'Information, à la Commission de l’UA, a présenté un plaidoyer pour l'accélération de la Digitalisation de l’Afrique. Il a déclaré que la révolution numérique est non seulement un facteur d’inclusion permettant d’améliorer l’accès à l’information, mais qu'elle contribuerait également au développement de l’Afrique. Cependant, il a fait remarquer qu’un certain nombre de défis doivent être relevés pour la transformation digitale sur le continent, notamment l’accès à internet, sa gouvernance et la cybersécurité. Enfin, il a présenté la stratégie de l’UA pour favoriser l’accélération de la digitalisation de l’Afrique qui s’appuie, entre autres, sur les programmes de développement des infrastructures des technologies de l’information et de la communication, les dispositifs sur la cybersécurité et la protection des données personnelles.
Pour terminer, des recommandations ont été adoptées par les participants, notamment l’importance de finaliser le Plan d’Action 2018-2020, la limitation du nombre des projets prioritaires et la contribution de l’UA à leurs financements, la nécessité de mettre à jour le site web du Partenariat UA-UE, la volonté d’une meilleure implication du GAAB et des jeunes de la diaspora africaine dans l’implémentation et le suivi du partenariat UA-UE.
En outre, il s’est avéré judicieux d’organiser un atelier sur l’accès aux programmes d’appui pour les jeunes et la diaspora africaine en 2019. Il a été suggéré, également, d’organiser un séminaire d’une journée à Bruxelles sur la digitalisation de l’Afrique..
Enfin, en clôturant les travaux, S.E.M. Daniel Evina Abe'e a prié la Mission Permanente de transmettre les recommandations de la retraite au siège de l’UA pour qu’elles soient prises en considération lors de la prochaine réunion ministérielle UA-UE.