La jeunesse de l'Afrique constitue une des plus grandes ressources inexploitées pour répondre aux défis de développement du continent. La possibilité d'obtenir un travail, de développer ses propres affaires et de commercer dans un marché juste, offre de loin, la perspective la plus viable pour les jeunes pour se délivrer de l'emprise de la pauvreté. Selon une estimation récente de l’OIT, réduire de moitié le taux de chômage en Afrique Sub-saharienne pourrait augmenter le PIB de l'Afrique jusqu'à 19 pour cent. Exploiter ce potentiel sous-utilisé ne peut que constituer un cinquième de la population de la région et peut donc se révéler être atout crucial pour une croissance économique plus inclusive. Obtenir un emploi significatif a été identifié comme l’aspiration principale des populations pauvres du monde dans leurs efforts de sortir du cercle vicieux de la pauvreté. L’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo) est une des zones les plus pauvres du monde, dans laquelle les jeunes constituent la plus grande partie de la population et le plus grand nombre de chômeurs. Il est vital que plus de jeunes obtiennent l’éducation, les compétences et l’expérience professionnelle requise, afin de faciliter leur transition dans le monde du travail. Cependant, cet objectif ne peut être atteint sans action concertée de toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé. Les conditions préalables à la création d’emplois décents sont notamment la transformation des économies africaines, où le secteur agricole traditionnel à faible productivité doit céder la place à un secteur agricole et à un secteur agroalimentaire à forte valeur ajoutée et à forte intensité de main-d’œuvre et aux activités industrielles et de services en expansion, de façon à tirer parti des possibilités offertes par la mondialisation. Il faut donc que les responsables politiques fassent preuve de détermination dans la gestion de ces économies et accordent la priorité à la création d’emplois dans les programmes nationaux de développement, notamment les stratégies de réduction de la pauvreté. Une prise de conscience politique commence de se faire jour chez les responsables qui se préoccupent de plus en plus de répondre à l’enjeu que représente l’emploi en Afrique. Ces dernières années, les gouvernements des pays africains se sont interrogés sur les liens entre l’emploi et la réduction de la pauvreté ainsi qu’entre la gestion macro-économique et les cadres de développement. Dans leur Déclaration de 2004 sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté en Afrique, les Chefs d’État et de gouvernement des pays de l’Union africaine ont reconnu que la pauvreté généralisée, le chômage et le sous-emploi compromettent les droits fondamentaux et la dignité des individus et des communautés - et font peser une menace sur la stabilité sociale, économique et politique. Ils ont souligné l’urgence de la création d’emplois en tant « qu’objectif explicite et central des politiques économiques et sociales».
Quatre défis majeurs doivent être relevés par l’Afrique pour lutter contre le chômage et la pauvreté: assurer une transformation structurelle de façon à mettre fin à la sous-utilisation de la main-d’œuvre rurale, remédier au chômage généralisé des jeunes, maîtriser la mondialisation pour créer des emplois décents et mettre en place des conditions propices à la création d’emplois dans le secteur privé grâce à une augmentation des investissements. En relevant ces défis, des actions ont été menées dans différents pays d’Afrique avec des résultats probants. En Sierra Leone, une assistance technique de la Banque mondiale et du Deutsche Gessellschaft für Technische Zussammenarbeit (GTZ) a permis le lancement de l’Association de traitement des déchets Klin Salone, générant 750 emplois pour les jeunes. Au Mali, l’Agence nationale d’emploi des jeunes a fourni à plus de 3000 jeunes un stage professionnel dans des entreprises locales, facilitant ainsi leur transition de l’école au travail. Dans 12 pays d’Afrique de l’Ouest, la mise en place du Programme de la Cisco Systems Networking Academy (Académie de réseautage du système CISCO) a permis d’employer 65 pour cent des diplômés du programme. Actuellement, plus de 9000 étudiants sont engagés. En outre, la formation et le financement du programme LiveWIRE de Shell Nigeria a permis à 263 jeunes de lancer ou d’agrandir leur propre entreprise. La Guinea Alumina Corporation a investi 1 million $US dans les PME de la région, ce qui a mené à la création de 700 emplois. Ces succès servent de référence pour le lancement, la reproduction et/ou l’amélioration dans la sous-région de projets similaires sur l’emploi de jeunes sponsorisés par des entreprises. Ils renforcent également la notion que la jeunesse africaine constitue la plus grande ressource inexploitée en ce qui concerne la recherche de solutions aux défis de développement du continent. Bien que les jeunes ne représentent que 40 pour cent de la population en Afrique de l’Ouest, ils représentent 100 pour cent de son avenir.
De nombreuses politiques, projets et plans de développement priorisent la création d’emplois pour les femmes et les jeunes. Les activités génératrices de revenus pour les femmes ont permis de créer des milliers d’emplois pour les femmes à travers tout le continent. Par les différentes initiatives lancées sur le continent, la lutte contre le chômage prend une nouvelle dimension, celle d’un regard tourné vers le futur.