L’heure du bilan a sonné. 2018 tire sa révérence. Allègrement. On s’assoit pour visualiser l’année écoulée dans le rétroviseur. Depuis un an, qu’est-ce qui a marché et qu’est ce qui ne l’a pas été. Un bilan moral, financier, psychologique non seulement pour chaque individu pris, mais aussi pour chaque nation, et partant, pour toute l’Afrique. 2018 ferme ses portes. C’est l’heure où les uns et les autres ont pris l’engagement de voir fait ce qu’ils avaient prévu au début de cette année. Sur le continent, 2018 aura été une année charnière. Une année où les arbres de la croissance ont porté des fruits divers. Par endroits, des réformes économiques entreprises ont permis de donner un nouveau visage à l’amélioration des conditions de vie des peuples. Sur le plan politique, des efforts ont été faits pour donner aux pays africains une plus grande lisibilité dans la culture démocratique. L’Afrique, malgré la jeunesse de sa démocratie, inspire un futur prometteur. Le futur démocratique, disons, la quintessence de l’épanouissement démocratique du vieux continent se construit avec ses valeurs propres. L’Afrique aura une véritable démocratie si elle parvient à construire et à mettre en chantier, ses propres canaux démocratiques. Tout comme, celui qui est couché sur la natte d’autrui, dors à même le sol, pour emprunter à la sagesse africaine, vouloir copier la démocratie étrangère et la coller aux réalités du berceau de l’humanité, c’est vendre sa langue au chat.
Autre volet, autre constat. L’économie africaine a tiré son épingle du jeu. De nouveaux couloirs d’investissements s’ouvrent. La jeunesse commence à vouloir prendre son destin en main. On cherche à s’informer en vue d’être maître de ses décisions pour opérer ou mener des actions pour notre épanouissement économique. Le jeu en vaut la chandelle. Les plus fortes économies se sont construites en se fondant sur 2 piliers : l’éducation et la jeunesse. Et, sans oublier, l’information. Car, celui qui la contrôle, contrôle le monde.
Dans ce contexte, l’Afrique doit procéder à une analyse critique de sa capacité à surmonter les obstacles importants à son développement, compte tenu de ses besoins en matière de financement du développement. Elle doit donc redoubler d’efforts pour mobiliser des sources novatrices de financement, notamment celles provenant du secteur privé, par exemple au moyen de partenariats public-privé, tout en remédiant à la hausse du niveau d’endettement. L’Afrique et ses partenaires devront également revoir les cadres de viabilité de la dette. La viabilité de la dette revêt une importance cruciale pour l’Afrique dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, la réalisation des objectifs de développement durable et la transformation durable du continent. Comme le disait l’historien Joseph Ki Zerbo, s’exprimant sur la problématique du développement endogène : « L’Unesco elle-même n’était pas très disposée à entendre parler de cette formule qui apparaissait comme quelque chose de rétrograde une sorte de retour à un passé révolu, à une autarcie. On nous reprochait de ne pas vouloir entrer dans la modernité occidentale, considérée comme la seule modernité. Mais nous avons fait comprendre que le développement endogène a existé dans tous les pays développés du monde et que nous ne recherchions pas un transfert des modes actuels de développement des pays développés vers les pays pauvres. Car non seulement nous ne pouvons pas recopier le modèle actuel des pays riches, mais nous ne pouvons pas reprendre, purement et simplement, la ligne d’évolution, l’itinéraire suivi pendant des siècles par les pays aujourd’hui développés. Il faut en effet rejeter, refuser le modèle linéaire du développement. Malheureusement, beaucoup de gens conçoivent le développement comme une course olympique où les peuples sont les uns derrière les autres. » L’Afrique doit inventer son développement. C’est une question de survie.
2018 a permis à chaque Africain de se regarder dans la glace. Certains objectifs que les uns et les autres s’étaient fixés ont pu être atteints, d’autres pas. On fait le bilan, on remet les pendules à l’heure et on s’apprête à entamer 2019 avec abnégation, sérénité et confiance car « les plus belles années d’une vie sont celles que l’on n’a pas encore vécues », clamait Victor Hugo.