Article publié le 2016-10-16 par Souleymane KANAZOE Société
Environnement : L’Afrique confrontée à ses limites écologiques [10-2016]
Les forêts sont les ressources naturelles qui tendent le plus à disparaitre en Afrique à cause de l’action anthropique

L'empreinte écologique est un indicateur et un mode d'évaluation environnementale qui mesure les surfaces alimentaires productives de terres et d'eau nécessaires pour produire les ressources qu'un individu, une population ou une activité consomme. L’Agence Ecofin indique que l’empreinte écologique des pays d’Afrique dans leur ensemble a augmenté de 240 % entre 1961 et 2008 en raison de la croissance démographique et de l’augmentation de la consommation par habitant dans une minorité de pays.

Les activités humaines consomment des ressources et produisent des déchets. Aux cinq types de surfaces bio-productives correspondent six types d’empreintes (5 pour les ressources, un pour un type de déchet : le CO2) : champs cultivés, pâturages, forêts pour le bois, forêts pour la séquestration du carbone (ou empreinte carbone), pêcheries et terrains construits.

Selon Jeune Afrique, la diversité biologique continue de décliner, malgré tous les engagements internationaux pris et répétés depuis la conférence de Rio, en 1992. L’impact des activités humaines croît, mais finalement moins vite que prévu. L’hebdomadaire cite une étude publiée dans Nature Communication, qui confirme cette tendance. L’étude mesure, entre 1993 et 2009, l’impact environnemental des activités humaines sur la planète, ce qu’on appelle l’empreinte écologique. Celle-ci aurait crû de 9%. Elle la compare alors à la croissance démographique au cours de la même période (+ 23%) et à celle de l’économie mondiale (+ 153%). « Le premier enseignement rassurant est que l’influence négative sur l’environnement croît moins vite que notre capacité à lui nuire, alors que nous sommes plus nombreux et plus riches. Est-ce parce que justement nous avons pris conscience du besoin d’épargner la nature pour notre avenir ? Cela reste à démontrer », affirme Geoffroy Mauvais, chargé du programme Aires protégées d’Afrique & conservation de l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Il poursuit en ajoutant que si la tendance globale est à la dégradation, il apparaît des zones où l’empreinte écologique de l’homme a tendance à se réduire. « Il s’agit essentiellement des lieux où elle était déjà très marquée (notamment les pays développés de l’hémisphère nord) mais quoi qu’il en soit, cela montre que l’inversion de la courbe de la dégradation est possible », soutient Geoffroy Mauvais. Abondant dans le sens, nombre d’observateurs estiment que grâce à des politiques environnementales dynamique (et à la vigilance électorale des citoyens), la situation de l’environnement en Europe s’est améliorée au cours de ces trente dernières années.

7,7 %, c'est la part de l'Afrique dans l'empreinte écologique mondiale

Quid de l’Afrique ? D'après un rapport réalisé par le Fonds mondial pour la nature (WWF) et le groupe américain Global Footprint Network, l'empreinte écologique de l'Afrique, à savoir la quantité de terres et d'eau utilisée chaque année pour satisfaire la demande de consommation individuelle des habitants d'un pays ou d'une région, est largement supérieure à ses moyens écologiques. « Un nombre de plus en plus important de pays africains épuisent leurs ressources naturelles ou le feront dans très peu de temps, de manière non durable puisqu’ils les consomment à un taux supérieur au taux de durabilité», indique le Président du WWF, Emeka Anyaoku. 7,7 %, c'est la part de l'Afrique dans l'empreinte écologique mondiale, alors que le continent abrite 15 % de la population mondiale. Mais cette empreinte, qui mesure la pression exercée sur la biosphère, comparativement aux capacités de régénération de la terre, va croissant. Et 20 %, le pourcentage de cette empreinte écologique, qui est lié aux émissions de gaz à effet de serre, contre 55 % au niveau mondial.

Le rapport place l'Egypte, la Libye et l'Algérie en tête d'une liste de nations du continent africain, qui vivent déjà bien au-delà de leurs moyens écologiques. Mais neuf autres pays d'Afrique utilisent également de manière excessive leur capacité écologique : le Maroc, la Tunisie, l'Ethiopie, le Kenya, l'Uganda, le Sénégal, le Nigeria, l'Afrique du Sud et le Zimbabwe. Maurice est le pays d'Afrique ayant la plus forte empreinte écologique, avec 4,6 hag (hectare global) par habitant contre 1,5 hag en moyenne.

Mais le plus grand danger pour l'Afrique est que sa population actuelle de 680 millions d'habitants croît rapidement et devrait doubler, ce qui signifie que l'Afrique représentera près d'un quart de la population mondiale d'ici 2050.

« Même si le développement est vital pour les africains, qui sont au bas de l'échelle de l'Indice de Bien-être humain des Nations Unies, ils doivent travailler avec, plutôt que travailler contre les contraintes du budget écologique », souligne le directeur du groupe Global Footprint Network, Mathis Wackernagel. Il ajoute que : «le développement qui ignore les limites de nos ressources naturelles finit par imposer des coûts disproportionnés sur les plus vulnérables et les plus dépendants des systèmes naturels de santé, tels que les pauvres ruraux ».