Article publié le 2016-10-16 par Mouhamadou Moustapha Thiam Société
Des solutions locales à une crise mondiale Migrations forcées [10-2016]
Anuak Boy, éthiopie par Rod Waddington (CC BY-SA 2.0)

Les migrations forcées ne constituent pas un phénomène nouveau. Nombre de pays, tout particulièrement dans le monde en développement, y sont confrontés depuis des années, et parfois depuis des décennies. La Banque mondiale s’attache à renforcer son aide aux personnes déplacées et à la population des pays à revenu faible ou intermédiaire qui les accueillent.

La crise syrienne amène la communauté internationale à aborder le problème des migrations forcées sous un angle nouveau. Il faut en effet repenser l’appui apporté aux autorités nationales et locales pour aider non seulement les personnes déplacées mais aussi le pays d’accueil.

« Tous les conflits actuels dans le monde concentrent l’ensemble des répercussions dramatiques qu’une guerre peut avoir, et montrent à la communauté internationale la nécessité de sortir du statu quo. Il est impératif de bien comprendre la situation des personnes déplacées et celle de la population locale, ainsi que les relations entre les deux. Nous devons les aider à s’entraider », explique Ede Ijjasz-Vasquez, directeur principal du Pôle mondial d’expertise en Développement social, urbain et rural, et résilience, de la Banque mondiale.

La Banque s’attache actuellement à renforcer son aide aux populations locales et aux populations déplacées, non seulement dans les pays à faible revenu, mais aussi dans les pays à revenu intermédiaire. Qu’il s’agisse de la région des Grands Lacs, de la Corne de l’Afrique, du Sahel, de la Jordanie et du Liban, ou encore du Pakistan et de l’Azerbaïdjan, il existe de nombreux programmes en cours qui peuvent permettre de tirer des leçons des expériences réussies.

Même si les problèmes à résoudre sont propres à chaque situation, la Banque mondiale veille à ce que la population du pays d’accueil soit aidée et associée aux décisions de planification sur le long terme. Mais il est également impératif de soutenir et de rendre plus durables les services environnementaux et écosystémiques, en particulier la gestion des ressources naturelles, pour lutter contre la dégradation de l’environnement et la diminution du couvert végétal qu’un afflux de personnes risque de provoquer.

Aider la population locale

Dans la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs, les zones accueillant des réfugiés et des déplacés « internes » (c’est-à-dire à l’intérieur de leur propre pays) sont souvent sous-développées et ne disposent pas d’infrastructures suffisantes. La Banque y déploie une stratégie régionale pour accroître l’accès aux services et aux opportunités économiques. En Zambie, par exemple, elle aide à la fois les anciens réfugiés et la population locale via une approche communautaire : il s’agit de renforcer l’infrastructure à tous les niveaux afin d’améliorer les services d’éducation et de santé, ainsi que de créer des opportunités économiques et de marché. En République démocratique du Congo, le Programme de relèvement dans les provinces de l’Est vise à développer les marchés agricoles dans les zones où ont lieu d’importants mouvements de population. Il cible la population locale, les familles déplacées et les personnes de retour dans leur pays. Dans la Corne de l'Afrique, un autre projet contribuera, par le biais de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), à l’harmonisation des politiques et des pratiques grâce à la création d’un secrétariat régional pour les déplacements forcés et les flux migratoires mixtes.

Créer des emplois et des opportunités pour tous

Dans la région des Grands Lacs et dans la Corne de l’Afrique où la population locale vit grâce à des activités traditionnelles telles que l’agriculture, la pêche ou l’élevage nomade, la Banque propose des formations destinées à améliorer les pratiques agricoles, encourage l’utilisation de nouvelles technologies et de nouveaux équipements, améliore l’infrastructure de stockage et de transformation des produits et élargit l’accès aux financements. À cette fin, elle s’appuie sur des consultations et sur l’évaluation des marchés locaux avec les populations et les autorités locales. Ainsi, en Zambie, elle aide les anciens réfugiés et les populations locales les plus vulnérables à subvenir à leurs besoins grâce, entre autres, à des formations aux techniques agricoles, des formations professionnelles, divers projets ou l’installation de systèmes d’irrigation à petite échelle.