Le Nigeria a inauguré le mardi 26 juillet 2016 son premier train à grande vitesse reliant la capitale Abuja à la ville de Kaduna soit près de 200 kilomètres. Réalisé par la compagnie chinoise de construction en ingénierie civile, son coût est estimé entre 850 millions et un milliard de dollars. Un financement en partie assuré par un prêt auprès de la Banque chinoise d’import-export, China Exim Bank.
«Cette ligne ferroviaire Abuja-Kaduna offrira une alternative dont on avait besoin entre la capitale fédérale et l’Etat de Kaduna, un corridor recelant un potentiel énorme pour les secteurs manufacturier, agricole et pour le développement de la main d’œuvre », a affirmé le président nigérian Muhammadu Buhari au cours de la cérémonie d’inauguration à Abuja. Le Nigeria met sur pied « un service de train qui sera sûr, rapide et fiable », a assuré le président, qui déplore l’effondrement du secteur ferroviaire ces trente dernières années dans un pays qui comptait pourtant un réseau relativement efficace des années 1960 au début des années 80, permettant d’acheminer des produits agricoles, du bétail et du minerai vers ses ports pour l’exportation.
« Notre vision et notre espoir est que cette belle époque soit de retour, et même en mieux », a indiqué le président Buhari, qui a loué ainsi un projet lancé sous la mandature du président de Olusegun Obasanjo.
« Le train est un outil de développement bienvenu au Nigeria. Et en particulier dans le Nord. Ce projet est une vraie réussite pour nous : prendre le train, c’est plus sûr, beaucoup plus rapide et plus agréable que prendre la voiture », témoigne Binta Adma, habitante de Kaduna. Pour en arriver là, il a fallu cinq ans de travaux et un prêt de 849 millions de dollars contracté auprès d’une banque chinoise. Mais les autorités nigérianes comptent rentabiliser l’investissement rapidement et ouvrir de nouvelles lignes ferroviaires.
S’il offre la rapidité, le TGV n’est généralement pas à la portée de toutes les bourses. Mais les autorités nigérianes ont décidé de le rendre plus accessible. Ainsi, le coût du ticket pour un voyageur de première classe est de 2 euros (1300 FCFA) et de 1,50 euro (975 FCFA) pour celui de seconde classe. Les autorités nigérianes envisagent d’élargir prochainement le réseau TGV à d’autres villes du pays.
La coopération sino-nigériane n’était qu’un aperçu du grand projet du Nigeria pour son chemin de fer. Pionnier du domaine dans les années 60, le pays a laissé tomber petit à petit son réseau ferroviaire. Aujourd’hui, l’ambition du Nigeria est énorme: en 2014, le gouvernement a signé avec la China Railway Construction Corporation un contrat de 12 milliards de dollars, pour une ligne entre Lagos (la plus grande ville du pays) et Calabar près de la frontière camerounaise.
Le Nigeria ambitionne de remettre sur pied 3 505 kilomètres de voies ferrées en piteux état et de construire de nouvelles infrastructures ferroviaires afin de mailler davantage le territoire de ce pays de plus de 180 millions d’habitants, le plus peuplé d’Afrique. Ce réseau de chemin de fer à grande vitesse reliera Lagos, Kano, Kaduna, Warri, Bauchi, Abuja et Port Harcourt. Financé par la Banque d’import-export de Chine et construit par China Railway Construction Corporation (CRCC), ce réseau devrait compter 45 gares.
Un projet ambitieux pour le Nigeria pris ces derniers mois entre les attaques djihadistes, la baisse des cours du brut et le sabotage des installations pétrolières par des groupes rebelles.