Article publié le 2016-05-05 par Souleymane Kanazoé Economie
Entreprise - Un Open Lab pour développer un pôle de recherche et développement [04-2016]
Kénitra, avenue Mohamed V Par Katantuk — Travail personnel, CC BY-SA 3.0

Imaginer la voiture de demain, c’est concevoir le design et les fonctionnalités qui feront le futur des véhicules. La voiture du futur permettra par exemple de connecter les utilisateurs entre eux et d’interagir avec le monde entier. Ce sera bientôt possible grâce à l'Open Lab, un laboratoire de recherche dédié à la voiture du futur.

L'Open Lab installé dans la capitale marocaine, à Rabat, sera le pôle de recherche et développement (R&D) de l’usine marocaine du constructeur automobile français PSA Peugeot-Citroën qui doit commencer à produire à Kénitra (à une trentaine de km de Rabat) en 2019. La convention a été signée en janvier 2016 sur le campus de l’Université internationale de Rabat (UIR). Le projet, à l’initiative de cette dernière, va associer aussi d’autres partenaires : cinq universités marocaines, les américains Georgia Institute of Technology et University of Mississippi, déjà partenaires de l’UIR, et l’Institut Lafayette de Metz en France.

Baptisé « Sustainable Mobility for Africa », cet Open Lab se spécialisera sur trois axes de recherches. « La mobilité électrique, les énergies renouvelables et aussi un rôle de supply chain management… », affirme Abdelaziz Benjouad, vice-président de l’UIR en charge de la recherche et développement. Il ajoute que le projet est en accord avec la politique de développement de la recherche. « Pour pérenniser l’activité industrielle et les investissements au Maroc, il faut que la R&D s’impose ici, sinon les industriels iront chercher l’expertise ailleurs », dixit Abdelaziz Benjouad.

L’Afrique, un marché prometteur …..

Fini le temps où l’Afrique était la cinquième roue du carrosse PSA Peugeot-Citroën. Depuis l’arrivée à sa tête, en avril 2014, du Portugais Carlos Tavares, transfuge de Renault, le continent a de nouveau la côte auprès du constructeur français. Ce retour sur le continent est la concrétisation d’une réorientation stratégique d’un groupe qui, à l’international, a longtemps privilégié la Chine. En 2014, il y a écoulé 704000 véhicules, contre seulement 170000 en Afrique et au Moyen-Orient (hors Iran). Or, il y a à peine trois ans, la direction industrielle du groupe, basée à Paris, expliquait ne pas voir l’intérêt d’installer de petites usines d’assemblage en Afrique subsaharienne, jugées non viables, ni de grandes implantations industrielles en Afrique du Nord.

«L’Open Lab permet de développer la recherche avancée. L’idée étant d’imaginer des véhicules pour le marché africain, cela ne signifie pas des véhicules low cost mais des véhicules qui correspondent aux attentes de ce marché spécifique », rapporte Sylvain Allano, le directeur scientifique et technologies futures de PSA Peugeot-Citroën. En pointe dans le domaine des énergies renouvelables, le Maroc accueille la COP22 en fin d’année à Marrakech. « Nous allons travailler avec nos partenaires sur des voies originales de conversion de l’énergie solaire en une énergie qui pourra être embarquée dans des véhicules, en nous imposant de ne pas utiliser de matériaux rares ou difficiles à recycler », précise Sylvain Allano.

Du côté du financement, l’UIR prévoit d’investir 40 millions de dirhams (3,7 millions d’euros) dans une plateforme technologique, dont une partie sera affectée à l’Open Lab. L’usine PSA Peugeot-Citroën de Kénitra, qui devrait ouvrir en 2019, représente un investissement industriel de 557 millions d’euros. Au démarrage, l’usine aura une capacité de 90000 véhicules par an avec possibilité d’atteindre à terme une production de 200000 unités par an.

L’Open Lab, un laboratoire pour l’usine de PSA Peugeot-Citroën à Kénitra

L’Open Lab devrait être bénéfique à l’usine de PSA Peugeot Citroën qui sera basée à Kénitra. Un choix qui se justifie par la présence dans cette ville de plusieurs équipementiers automobile, de sa proximité des principaux points logistiques du pays et de l’abondance dans cette région d’une main d’œuvre hautement qualifiée. Un choix qui a été aussi orientée par l’État marocain. « Nous avons proposé Kénitra pour parvenir à un certain équilibre régional. La création de richesses ne doit plus être concentrée à Casablanca et à Tanger », souligne une source marocaine.« Les travaux de construction devront démarrer en 2016 », annonce le patron de PSA Peugeot-Citroën, Carlos Tavares. L’investissement sera financé à hauteur de 95% par le groupe PSA. Les 5% restants seront apportés par la Caisse de dépôt et de gestion, bras financier de l’État marocain, présent dans quasiment tous les méga projets structurants du royaume.

L’usine, la deuxième du genre au Maroc, devrait participer à la création de pas moins de 4500 emplois directs (dont 1500 ingénieurs et techniciens supérieurs) et 20 000 emplois indirects, selon l’entreprise. À terme, elle devrait générer un milliard d’euros de chiffre d’affaires à l’export, avec une forte intégration locale dont le taux devrait passer de 60% au démarrage à 80% à terme.

L’usine PSA Peugeot Citroën de Kénitra, qui devrait ouvrir en 2019, représente un investissement industriel de 557 millions d’euros. Au démarrage, l’usine aura une capacité de 90000 véhicules par an avec possibilité d’atteindre à terme une production de 200000 unités par an.