Article publié le 2016-02-28 par Mouhamadou Moustapha Thiam Economie
Migrants des pays en développement - La Banque mondiale prévoit une réduction des envois de fonds en 2015 [12-2015]
AU/UN IST PHOTO / STUART PRICE. Domaine public

Les flux d’envois de fonds destinés aux pays en développement connaîtront une baisse du fait d’un contexte caractérisé par le ralentissement de l’économie mondiale, selon une note de la Banque mondiale du mois d'octobre dernier. Les envois de fonds se chiffrent à 435 milliards de dollars en 2015 révèlent l’institution mondiale.

Chaque jour des milliers d’africains ou encore des ressortissants des pays en développement vivant à l’étranger font la queue dans des centres de transfert de fonds pour envoyer chez eux de l’argent qu’ils ont pu économiser. Une partie de ces sommes provenant des États-Unis, d’Europe, des pays du Golf, les principales sources des fonds envoyés aux pays en développement, est acheminée jusque dans les régions les plus rurales de l’Afrique. L’argent permet d’envoyer un enfant à l’école, de construire une maison ou d’acheter de quoi nourrir ceux qui sont restés au pays. Pour cette année 2015, ces envois accuseront une nette baisse du fait du ralentissement économique en Europe. L’affaiblissement des monnaies par rapport au dollar des États-Unis et la baisse des cours du pétrole ont également limité la capacité de nombreux migrants à envoyer de l’argent à leurs familles et à leurs amis, selon le dernier numéro du rapport intitulé Migration and Development Brief consacré par la Banque mondiale à la question du développement dans le contexte des migrations. Les envois de fonds aux pays en développement devraient se chiffrer à 435 milliards de dollars en 2015, et donc afficher un taux d’accroissement de 2 % par rapport à l’année dernière. Cette évolution marque un net ralentissement de la progression de ces envois, qui avaient augmenté de 3,3 % en 2014 et de 7,1 % par an durant la période 2010-13. Les envois de fonds mondiaux qui sont imputables à environ 250 millions de migrants devraient, selon les projections, s’accroître de 1,3 % pour s’établir à 588 milliards de dollars. Le tassement des envois de fonds observés cette année touchera la plupart des régions en développement, en particulier en Europe et en Asie centrale où ces flux devraient diminuer de 18,3 % en 2015. L’affaiblissement du rouble par rapport au dollar des États-Unis est la principale cause de cette contraction. Selon le rapport, en 2016, les envois de fonds à destination des pays en développement devraient s’accroître d’environ 4 % pour atteindre un montant de l’ordre de 453 milliards de dollars, grâce à la poursuite de la reprise aux États-Unis et à une légère amélioration de l’activité économique en Europe. Les flux mondiaux devraient reprendre pour atteindre 610 milliards de dollars en 2016, puis 635 milliards de dollars en 2017.

Coût des envois variables

Le coût moyen, à l’échelle mondiale, de l’envoi d’un montant de 200 dollars était toujours de l’ordre de 7,7 % au deuxième trimestre de 2015. Le coût des envois de fonds varie fortement selon les régions, et à l’intérieur d’une même région selon les couloirs empruntés. L’évolution à la baisse des coûts d’envois de fonds est gravement compromise par la fermeture des comptes des opérateurs de transferts de fonds par les banques correspondantes par suite des préoccupations liées au respect des réglementations. Dans le cadre d’une réorientation majeure des stratégies à l’échelle mondiale, les Objectifs de développement durable (ODD) qui ont été récemment adoptés et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement entérinent l’amélioration des politiques de migration, les efforts visant à mettre un terme au trafic de la personne et à promouvoir des conditions de travail décentes pour les migrants, ainsi que la réduction du coût des envois de fonds et des coûts de recrutement, et la collecte de statistiques ventilées par statut migratoire. « À l’échelle de la population mondiale, une personne sur sept est un migrant, et un quart des migrants sont des migrants internationaux. Il existe un lien étroit entre les migrations et le processus de développement » explique Dilip Ratha, directeur du KNOMAD et l’un des auteurs de Migration and Development Brief. « L’inclusion des migrations et des envois de fonds dans les OFF est un progrès dont il faut se féliciter ». Le rapport fournit également des détails sur les flux d’envois de fonds par région et par niveau de revenu comme indiqué ci-après.