Article publié le 2016-02-28 par Daouda Émile Ouédraogo Editorial
Liberté tous azimuts [11-2015]
...

Le continent africain aspire à la liberté. Depuis l’avènement de la démocratie à l’aune de l’année 2010, jamais autant les peuples africains n’ont autant réclamé plus de liberté dans la gestion de leur quotidien. La liberté se nourrit de pain, d’espoir et de confiance. Les africains veulent expérimenter cette liberté au quotidien. D’où leur propension à réclamer, à cor et à cri, à travers manifestations et grèves, plus de liberté, de démocratie et de paix. La liberté est intrinsèquement liée aux droits de l’homme qui, en lui-même, nourrit la liberté de pensée et celle du travail. Le célèbre auteur français Jean Jaurès disait que « le premier des droits de l’homme, c’est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de la pensée, la liberté du travail ». Le développement de l’Afrique ne sera possible sans une réelle liberté dans tous les compartiments de son existence. La liberté d’aller et de venir, la liberté de s’exprimer, de danser, de vivre, de faire ce que l’on veut tout simplement, sans jamais enfreindre les règles qui régissent la société, est l’une des plus grandes aspirations des peuples africains. L’Afrique a soif de liberté, elle a soif d’existence, elle a soif de vie. Sans jeter le bébé avec l’eau du bain, de nombreux pays africains sont en train de comprendre que seule la liberté peut garantir une longue vie et une meilleure sécurité aux institutions. Car, on ne peut parler de liberté sans parler de démocratie. Tout comme on ne peut parler de démocratie sans parler de choix libres et responsables. Périclès, homme politique grec, disait qu’« il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage». Les crises en Afrique n’ont d’autres raisons d’être que la quête de la liberté. Tout comme le soleil se lève à l’est chaque jour, chaque jour, des peuples se battent, des individus sacrifient leur vie pour conquérir la liberté. Récemment, au nom de cette liberté, des milliers de personnes ont fui les guerres dans les pays du Moyen-Orient pour chercher asile dans les pays d’Europe. Récemment, au nom de cette liberté, des jeunes hommes et femmes sont tombés sous les balles assassines de militaires putschistes au Burkina Faso. Récemment, en Centrafrique, des personnes sont mortes parce qu’elles réclamaient plus de liberté. Récemment encore, des violences pré-électorales faisaient des victimes en Guinée-Conakry. La liberté n’a pas de prix mais elle est coûteuse. Le combat des africains est le combat pour une liberté vraie, une liberté acquise au prix de mille et un sacrifice, une liberté qui ne flétrit pas mais qui s’éveille à la vie, qui s’éveille et se nourrit du sang des ancêtres des africains tombés sur le trajet et les routes de l’esclavage. L’Afrique a beaucoup souffert dans sa marche vers des lendemains meilleurs. Et, elle continue d’en souffrir. À ce propos, André Guillois, journaliste français disait que : « dans la plupart des pays, les citoyens possèdent la liberté de parole. Mais, dans une démocratie, ils possèdent encore la liberté après avoir parlé ». Oui! L’Afrique a besoin de démocratie. Elle a besoin de vivre pour elle-même, pour ses filles et pour ses fils. C’est un combat de longue haleine. C’est une lutte sans merci à engager immédiatement par les africains. Cette lutte ne doit pas être le seul apanage des africains car, la liberté est universelle. Il n’y a pas de liberté qui vaille, que celle qui prenne en compte celle des autres. Nelson Mandela est formel : « Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres ». La liberté des africains mérite qu’on y attache du prix. Dans la mesure où l’indépendance acquise depuis plus de 50 ans peine à être matérialisée par une vraie et réelle liberté, les africains doivent prendre leurs responsabilités. Car, toute liberté s’acquiert au prix de lutte et de sacrifice. « Un bonheur que rien n’a entamé succombe à la moindre atteinte ; mais quand on doit se battre contre les difficultés incessantes, on s’aguerrit dans l’épreuve, on résiste à n’importe quels maux, et même si l’on trébuche, on lutte encore à genoux » concluait Sénèque.