Article publié le 2015-01-21 par Par Jamil Thiam Société
Patron du restaurant « Le Djoloff » à Namur M. Boubacar Diallo prône le travail comme arme pour la communauté africaine [01/2015]
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Dans cet entretien accordé à votre magazine préféré, le self-mad man sénégalais Boubacar Diallo, propriétaire du restaurant « Le Djoloff » sis Namur lance un appel à la communauté africaine afin qu’elle s’investisse encore plus dans le travail, seul viatique pour avancer. En Belgique depuis 16 ans, M. Diallo a révélé s’être tout le temps battu pour se hisser au sommet. Après avoir exercé les métiers de plafonneur, de plombier, de carreleur, d’électricien, il s’est imposé aujourd'hui comme un exemple de réussite et de détermination dans les affaires chez les africains de Namur et environs. Entretien.

Le nouvel Afrique : Présentez-vous à nos lecteurs ?

Boubacar Diallo : Je suis Diallo Boubacar, responsable du restaurant « Le Djoloff » basé à Namur. Je vis en Belgique depuis 16 ans et je me suis dit qu’il y avait moyen de travailler et d’avancer au lieu de profiter du système comme le font de nombreuses personnes. Ce restaurant a été créé il y a 4 ans avant d’être agrandi avec la création de « Le Djoloff Next » qui est un dancing ouvert depuis 9 mois faisant face au restaurant.

L.N.A : Qu’est-ce qui vous a le plus inspiré à mettre en place ce complexe qui aujourd’hui est le lieu de convergence de la communauté africaine de Namur ?

B. Diallo : Mes motivations découlent d’un constat fait qu’il y a 8 ans. En effet, entres amis, nous sortions très souvent dans les boites et dans les cafés. Hors en ce moment, il n’y avait pas beaucoup de cadres (cafés ou restaurants) initiés par des africains. Et lorsque nous sortions, mes amis et moi, ils rigolaient quand je disais que j’allais créer un restaurant. Et pourtant c’était une intime conviction. Et après avoir mûrement réfléchi, je me suis penché sur le projet. Et c’est comme çà que je me suis lancé et cela fait maintenant 4 ans que « Le Djoloff » fonctionne et accueille toutes les diversités. Et avec mes ambitions, je me suis dit que je n’allais pas me limiter à un restaurant. Ainsi, j’ai pensé qu’il fallait créer quelque chose pour permettre aux gens de s’amuser et s’épanouir. Comme il n’y avait pas de cadre sur Namur, j’ai ouvert « Le Djoloff Next » qui est un dancing, un endroit d’épanouissement. La clientèle est mixte, il n’y a pas que les africains, il y a les belges et toutes couches sociales. Ce n’est pas que l’Afrique de l’Ouest, c’est toute l’Afrique et toute la Belgique. Quant au fonctionnement, on essaie de gérer à bien le restaurant, on essaie d’améliorer au fil des mois la qualité des services pour aller de l’avant.

L.N.A : Quelles vos impressions sur les africains de Namur en général ?

B. Diallo : Ce que je retiens en général, aujourd’hui beaucoup d’entre eux voudraient faire comme moi mais tout le monde n’a pas les capacités même si on n’est parti de rien. Par exemple, la dame qui gère le magasin d’alimentation d’en face est venue me demander des conseils avant de démarrer. Cette confiance qu’on m’accorde de plus en plus me motive davantage. En fait, les africains de Namur véhiculent une bonne image. J’ai remarqué au fil du temps, bon nombre d’entre eux qui venaient ici après l’ouverture de mon restaurant font maintenant des formations afin de trouver du travail. Ils se battent pour aller de l’avant.

L.N.A : Quels sont vos rapports avec les autorités locales ?

B. Diallo : J’ai de bonnes relations avec quelques-unes que je connais mais c’est un peu difficile. Je ne peux pas dire que c’est du racisme ou quoi mais quelques fois nous avons des blocages à ce niveau-là. Les portes sont dures quand on est africain. J’ai surnommé cette rue Soweto parce qu’on a 4 ou 5 établissements africains. Ce qui se passe, mon restaurant répond à toutes les normes requises par la ville. Mais, on nous oblige à fermer à 2 heures du matin et pourtant si vous tournez à quelques mètres, il y a des cafés appartenant à des blancs ou gérés par des blancs qui fonctionnent jusqu’au petit matin. Là, je me dis qu’on n’est pas chez nous. Comme on dit « soit belge et tais toi ».

L.N.A : Quels sont vos projets à moyen terme ?

B. Diallo : Mes ambitions actuellement, c’est l’Afrique, c’est mon pays. J’ai 39 ans mais je pense déjà au retour même je ne suis pas si âgé. Là, j’ai commencé à investir pour préparer mon retour. Mon second objectif après ce restaurant, c’est de repartir investir dans mon pays. Je n’attendrai pas 45 ans pour le faire. C’est pourquoi, depuis que je suis en Belgique, j’ai multiplié les métiers : plafonneur, plombiers, carrelage, électricien avant de me lancer dans la restauration. En somme, je me suis fixé l’objectif de retourner dans 3 ou 4 ans.

L.N.A : Quels messages pour la communauté belgo africaine ?

B. Diallo : Essayer de s’entendre et de travailler pour faire avancer le pays, la Belgique. C’est le nôtre même si on n’est pas né ici. Nous devons travailler pour s’intégrer mais aussi pour aller de l’avant.