Article publié le 2014-10-19 par Par Alexandre Korbéogo Dossier
Les énergies renouvelables - Une alternative pour l’Afrique [08/2014]
Notre soleil © NASA's Solar Dynamics Observatory

Sur le continent africain, la pertinence des énergies renouvelables n’est plus à démontrer. Tous les pays, ou presque tous, ont adopté ces technologies d’énergies renouvelables pour garantir leur «stock» de production en électricité, en gaz, etc. Les énergies renouvelables se présentent comme une alternative pour le développement énergétique de l’Afrique.

En ce 21e siècle, la révolution énergétique donne l’occasion à l’Afrique de s’exprimer. Avec le prix du baril de pétrole qui dépasse les 100 dollars US, la production d’énergie faisant appel à ce combustible devient suicidaire. La majorité des pays africains semblent l’avoir compris en diversifiant leur source de production énergétique. Le Maroc a mis l’accent sur le parc éolien, l’Afrique du Sud sur le solaire, le Kenya, l’Angola, le Burundi, le Bénin, le Cameroun, la République Centrafricaine, la République démocratique du Congo (RDC), l’Éthiopie, la Guinée, le Lesotho, le Congo Brazzaville, le Malawi, le Mozambique, la Namibie, le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie ont opté pour l’énergie hydraulique. Accessibles et de faible coût, les énergies renouvelables permettent d’investir progressivement dans le matériel utile pour la production de l’énergie. En Afrique du Sud, sur une période de 10 ans, le gouvernement s’est engagé à produire 10 000 Gwh à partir des énergies renouvelables (principalement dans les filières des biocarburants, des énergies solaires et éoliennes et des projets hydro de petite taille). Selon une analyse macroéconomique du DME effectuée en mai 2008, le recours aux ENR (énergies renouvelables) pourrait dégager une économie de 86 843 Gwh, soit 40% de la consommation de 2006 (hors bio fuels, solaire thermique et énergies des vagues). Cela permettra également de compenser le déficit de la production électrique conventionnelle et de réduire les émissions de dioxyde de carbone, l’Afrique du Sud se classant en effet parmi les 20 pays les plus pollueurs de la planète. Les succès rencontrés par ces énergies sur le continent les placent comme l’une des meilleures solutions pour combler le déficit énergétique sur le continent. Que ce soit l’énergie éolienne, hydraulique, solaire, etc., l’Afrique regorge des potentialités nécessaires à la mise en œuvre de structures de production adéquates. Il ne faut donc pas négliger la part importante de ces technologies dans le processus de développement du continent.

Du concret

Les différents types d’énergies renouvelables développées sur le continent sont fonction des zones. Selon l’étude de Stephen KAREKEZI, John KIMANI, Ayago WAMBILE sur les «énergies renouvelables en Afrique» (édition 2004), il y a différents exemples avérés d’utilisation réussie d’énergies renouvelables rentables pour diversifier le secteur africain de l’électricité et de l’énergie et améliorer le profil de risque de ces secteurs, notamment, la géothermie, principalement dans les pays de la zone de la Vallée du Rift (essentiellement le Kenya où les centrales géothermiques représentent plus de 10 % de la capacité de production du pays) et la cogénération, principalement sur l’île Maurice, où elle contribue à près de 40 % de l’électricité produite dans le pays. La petite et moyenne hydraulique, dans des zones rurales isolées, a joué un rôle important dans la fourniture d’une électricité à bon marché à des hôpitaux, à des usines de thé, et à d’autres institutions et entreprises rurales. Les biocarburants, produits sous forme de sous-produits d’industries agroalimentaires existantes comme des usines de sucre, et utilisés comme un mélange de carburant pour le transport (à hauteur de 10-15 %, ce qui ne nécessite pas de modification des réseaux de distribution de carburant existants ou de la flotte actuelle des véhicules), se sont avérés une réussite relative au Malawi. Le Burkina Faso a, grâce a un promoteur privé, une bonne expérience en matière de biocarburant. Cette unité industrielle produit du pétrole, du savon et d’autres produits agroalimentaires. L’énergie éolienne dans les zones littorales du nord et du sud de l’Afrique, où les vitesses des vents sont constamment élevées toute l’année, et des parties de l’arrière-pays comme le Nord du Kenya, où l’on constate des vitesses de vents moyennes élevées et où l’infrastructure de transport d’électricité est déjà en place ou prévue.

Le solaire, la pierre angulaire

L’énergie solaire semble la pierre angulaire des énergies renouvelables sur le continent. Celle-ci, pour la production de chaleur et d’électricité, est la technologie d’énergie renouvelable la mieux connue en Afrique. Elle est utilisée depuis très longtemps pour sécher les peaux des animaux et les vêtements, conserver la viande, sécher le produit des récoltes et évaporer l’eau de mer pour extraire le sel. À petite échelle, elle est utilisée par les particuliers pour l’éclairage, la cuisine, les chauffe-eau et les maisons solaires. Les projets de taille moyenne portent sur l’eau chaude dans les hôtels et l’irrigation. Au niveau communautaire, elle est utilisée pour la réfrigération des vaccins, le pompage et l’épuration de l’eau, et l’électrification rurale. À plus grande échelle, elle est utilisée pour la production électrique (à titre expérimental) et les télécommunications. La promotion du solaire photovoltaïque (PV) a été très importante dans la région, et presque chaque pays de l’Afrique subsaharienne dispose d’un grand projet PV. Il apparaît néanmoins de plus en plus clairement que les projets de solaires photovoltaïques domestiques dans la région ont essentiellement bénéficié aux segments de populations à hauts revenus, du fait du coût élevé de ces équipements. La majorité de la population africaine ne peut s’offrir du solaire PV pour son domicile. Toutefois, il s’est avéré efficace pour les télécommunications, la réfrigération dans la chaîne vaccinale et des applications institutionnelles dans des régions rurales isolées. Cependant, avec l’évolution de cette technologie, on constate une diminution progressive des coûts d’investissement.