Article publié le 2014-10-19 par Par Alain Traoré Economie
Connecter l’Afrique au haut débit - Du rêve à la réalité [09/2014]
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Depuis 2012, un câble sous-marin réunit une dizaine de pays africains en vue de favoriser une fluidité dans les communications et l’Internet. Ce câble relie l’Europe à l’Afrique pour une meilleure connectivité. Il permettra de relier le maximum de pays grâce au projet ACE (Africa Coast to Europe) soutenu par un partenariat public-privé.

Booster l’économie à travers une meilleure connectivité et fluidité dans le trafic Internet et les communications, c’est l’objectif principal visé par le projet ACE (Africa Coast to Europe). Lancé depuis 2012, il a permis aujourd’hui de connecter 13 pays le long de la côte Ouest de l’Afrique. Les gouvernements d'Afrique de l'Ouest cherchent à approfondir leur intégration économique pour doper la croissance de la région. L'Association internationale de développement (IDA) a fourni des financements à trois pays (Liberia, São Tomé et Príncipe et Sierra Leone) dans le cadre d'accords de partenariat public/privé (PPP) pour leur permettre de participer au projet de câble sous-marin ACE qui relie la côte occidentale de l'Afrique à l'Europe et au reste du monde. Pour ces pays, c'était sans doute la dernière occasion avant des années de se raccorder à ce type de câble. Le passage d'une connexion par satellite à la fibre optique devrait considérablement faire baisser les prix et sensiblement améliorer la qualité des services. Pour ces trois pays, l'enjeu est donc de pouvoir exploiter le pouvoir de transformation des technologies de l'information et de la communication (TIC). Près de 12 000 km de fibre optique ont été déployés pour connecter 13 pays le long de la côte ouest de l’Afrique. Deux pays sans façade maritime, le Mali et le Niger, seront également desservis grâce à un prolongement terrestre. Enfin, le Nigeria a été également connecté à ce câble en 2013. Pour sept de ces pays (Gambie, Guinée, Guinée équatoriale, Liberia, Mauritanie, São Tomé et Príncipe, Sierra Leone), il s’est agit de la première connexion directe à un câble sous-marin, leur permettant d'accéder de manière optimale au réseau haut débit international. En s’appuyant sur ce nouveau réseau, les opérateurs dans ces pays peuvent désormais développer des gammes de services basés sur le haut débit.

Relever le défi

Le câble sous marin permettra de relever le défi de la connectivité en Afrique. Il s’agit de ne pas rater le tournant de la fracture numérique et d’être au même diapason que les autres pays en matière de débit et de vitesse de connexion. Après les 12000 km de fibre, il reste encore 5000 à étendre afin d’atteindre les 17000 km prévus. En effet, cette mise en service constitue la première étape du plan de déploiement du câble sous-marin ACE qui, à terme, parcourra dans sa totalité environ 17 000 km. Dans une deuxième phase, six pays africains supplémentaires seront connectés (Bénin, Cameroun, RD Congo, Angola, Namibie et Afrique du sud). En outre, avec cette connexion, les africains n’auront pas à débourser des fortunes pour se connecter à la toile mondiale. Par exemple, en Sierra Leone, une offre à débit limité coûtait 200 dollars par mois en 2011, soit 56,8 % du produit intérieur brut (PIB) par habitant. Au Liberia, les usagers payaient deux à trois fois plus que la moyenne régionale pour se connecter. Ces pays qui étaient raccordés au réseau mondial par le biais de technologies satellitaires extrêmement coûteuses s'orientent désormais, à l'instar de la plupart des nations africaines, vers la technologie du câble sous-marin à fibre optique, autrement abordable et de meilleure qualité.

Un partenariat public-privé gagnant

Le projet de connexion ACE est le fruit d’un partenariat public-privé gagnant-gagnant. En effet, le câble sous-marin ACE (Africa Coast to Europe) — un consortium emmené par le secteur privé — d’une longueur d'environ 17 000 kilomètres a la capacité d'assurer la connectivité de 23 pays au total, de l'Afrique du Sud à l'Europe. Il représente un investissement de plus de 700 millions de dollars, auquel chaque pays contribue à hauteur de 25 millions de dollars environ pour obtenir un point d'atterrissement sur son territoire. Pour un certain nombre de pays, le câble ACE constitue l'offre la plus séduisante et la plus viable pour garantir une connectivité internationale le long de la côte de l'Afrique de l'Ouest et avec le reste du monde — et, dans certains cas, la seule option valable envisageable avant de nombreuses années.

Sollicitée par les gouvernements de la Sierra Leone, du Liberia et de São Tomé et Príncipe, l'IDA a pu réunir des ressources en moins de quatre mois afin de leur permettre d'effectuer les versements initiaux indispensables pour participer dans les délais au projet ACE. Il a fallu pour cela mobiliser plus que les fonds normaux de préparation d'un projet (5 millions de dollars par pays) dans les projets concernés : le Programme régional ouest-africain d'infrastructures de communication (WARCIP, APL1) pour le Liberia et la Sierra Leone (P116273) et le Programme du réseau dorsal de l'Afrique centrale (CAB, APL2) pour São Tomé et Príncipe (P117652).

Les ressources de l'IDA ont permis de couvrir les frais d'adhésion pour les pays participants, en faisant appel au Fonds catalytique et à des accords PPP (partenariat public-privé) visant à réduire au maximum les investissements publics. Aucun des trois pays ne voulait rater l'occasion de participer au projet de câble ACE et tous ont exprimé ouvertement leur volonté de libéraliser le secteur des télécommunications, de mobiliser et de fédérer leurs opérateurs privés autant que possible pour participer à cet investissement et de respecter les principes de l'accès ouvert aux capacités sous-marines afin que n'importe quel autre opérateur dans le pays puisse se positionner sur le marché. Les projets visaient à mettre en place un environnement sectoriel porteur, à garantir la libéralisation, à assurer un accès ouvert et non discriminatoire aux installations et à renforcer les capacités des régulateurs pour garantir l'application de règles équitables de concurrence dans le secteur.