Article publié le 2014-06-17 par Par Anthony Vercruisse Dossier
dossier villes africaines - Les 15 meilleures villes à la loupe [05/2014]
Le Caire, Janvier 2012 © Ville Miettinen

L’Afrique a de la beauté à revendre à travers ses villes. De la ville du Cap en Afrique du Sud, en passant par Johannesburg, Abidjan, Ougadougou, Dakar, Bamako, le Caire, Rabat, etc., les villes africaines rivalisent de beauté architecturale. Sur les 54 capitales que comptent le continent, 15 villes se dégagent du lot par leur croissance et leur beauté.

La croissance économique des villes africaines d’ici à 2030 sera plus importante que dans les autres régions du monde selon le cabinet Oxford Economics, qui a publié un classement des 15 premières villes africaines en 2030. Johannesburg sera toujours la ville la plus riche du continent, mais Libreville sera la plus riche en termes de revenu par habitant.

Depuis 2000, la croissance économique annuelle moyenne sur le continent africain avoisine les 5 %. Selon les prévisions du cabinet britannique Oxford Economics, cette tendance devrait se poursuivre et la croissance du PIB africain entre aujourd’hui et 2030 sera plus importante que dans les autres régions du monde. Avec une croissance particulièrement rapide, Dar es Salaam, en Tanzanie, et Luanda, en Angola, rejoindront le club des géants économiques urbains africains aux côtés du Cap et de Johannesburg.

À mesure que l’économie et la population croissent, l’Afrique s’urbanise à un rythme plus rapide que les autres continents. L’étude publiée le 8 novembre par le cabinet couvre les 96 villes (43 pays) les plus significatives du continent en termes d’économie et de population. Aujourd’hui les villes les plus importantes contribuent à hauteur de 36 % (700 milliards de dollars) au PIB africains. D’ici à 2030, cette contribution devrait plus que doubler pour atteindre 1 700 milliards de dollars, estime le rapport.

Population en nette croissance

51 des 96 villes étudiées observeront une croissance de leur population de plus de 50 %. Avec 25 millions d’habitants, Lagos, la capitale économique du Nigeria, sera de loin la ville la plus peuplée du continent en 2030. Dar es Salaam observera quant à elle la plus importante croissance du nombre de ménages appartenant à la classe moyenne émergente (entre 5 000 et 20 000 dollars de revenu par an). À Johannesburg - classée première ville en 2030 en termes de PIB -, la croissance concernera surtout les ménages riches (plus de 70 000 dollars par an), qui seront au nombre de 475 000 en 2030 selon les prévisions de l’étude. En termes de revenu par habitant, l’Afrique du Sud classe six de ses villes parmi les 15 plus importantes en 2030. Mais en première position on retrouve Libreville, la capitale gabonaise.

Consommation en hausse

Les premières villes africaines représentent un important foyer de consommation. Le revenu disponible des ménages augmentera en moyenne de 5,6 % par an et le pouvoir d’achat total devrait passer de 420 à 1 000 milliards de dollars. Cette croissance du pouvoir d’achat devrait s’accompagner d’une redistribution des revenus à travers le continent, qui augmenteront de manière plus importante en Afrique subsaharienne - auparavant en retard - qu’en Afrique du Nord et en Afrique du Sud. Des villes comme Johannesburg ou Le Caire, aujourd’hui plus développées, verront leurs pouvoirs d’achat agrégés doubler tandis que les dépenses dans des villes telles qu’Abuja, la capitale nigériane, ou Huambo, en Angola, seront en 2030 jusqu’à cinq fois plus importantes qu’aujourd’hui.

Dans l’ensemble des villes étudiées, les dépenses de consommation qui augmenteront le plus rapidement seront les dépenses culturelles et de loisirs (291 % d’ici à 2030) et les dépenses liées au secteur des services d’une manière générale. Mais l’alimentation restera de loin la plus importante catégorie de dépenses.

Une habitude alimentaire s’installe

Avec l’extension des villes africaines, une habitude alimentaire s’installe dans le quotidien des citadins. Les fonctionnaires ne descendent plus à la maison à midi pour se restaurer. Ils préfèrent s’abonner à un restaurant situé non loin de leur lieu de travail pour prendre leur déjeuner le moment venu. Cette situation est due au fait que les distances deviennent de plus en plus longue entre le domicile et le lieu du travail en Afrique. Les grandes bénéficiaires de cette pratique sont les restauratrices qui engrangent des bénéfices considérables. Dans un reportage diffusé sur son site internet le 13 février 2013 écrivait ceci concernant cette situation : à Ouagadougou, la majeure partie des travailleurs se retrouvent dans les quartiers périphériques, souvent à plus d’une dizaine de kilomètres de leur lieu de travail. Avec l’augmentation continue du prix du carburant, ceux qui peuvent se permettre de rentrer à midi et revenir au bureau le soir sont de moins en moins nombreux. ‘’Je suis à 10 km de mon service et 1,000 FCFA de carburant ne me suffiraient pas pour rentrer chaque jour à midi. Je préfère rester manger, travailler si j’ai des urgences et rentrer une bonne fois le soir’’, affirme Paul Ouédraogo, un agent du Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation (MENA). Tout comme lui, Mme Nacro du Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur (MESS) précise qu’elle est à 17km de son lieu de service et la distance l’oblige à ne rentrer chez elle que le soir. ‘’C’est une contrainte pour moi de rester au service et je trouve que je dépense plus que je n’économise. Étant donné que mon mari aussi reste tous les midis, à chaque fois, je suis obligée de communiquer avec mes enfants par téléphone pour m’assurer qu’ils sont revenus de l’école, qu’ils ont mangé et enfin s’ils sont repartis aux cours’’, ajoute-t-elle.

Cependant, il n’y a pas que la distance qui oblige les employés de l’État à rester au service. Les embouteillages ainsi que les risques d’accidents de la circulation dissuadent certains d’entre eux de s’aventurer sur les routes aux heures de pointe. Une dame qui a requis l’anonymat et travaillant dans une institution de la place révèle qu’il lui serait difficile de rentrer chez elle les midis, sauf en cas d’urgence. C’est là l’un des effets néfastes de l’extension des villes mais aussi, le bénéfice tiré ailleurs par les prestataires de services de restauration.