Article publié le 2014-03-11 par Daouda Emile Ouedraogo Editorial
Vers des mines de développement [08-09/2013]
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L’Afrique est un chantier «minéral» ouvert. Le développement des mines en Afrique a pris une ampleur jamais égalée ces dernières années, et positionne le continent comme un maillon incontournable sur le marché des minerais. Il est engagé aujourd’hui dans l’exploitation de nombreuses grandes mines qui procurent des revenus substantiels, non seulement, aux ménages, mais aussi et surtout aux budgets des pays producteurs de minerais. Le grand combat de cette Afrique qui bouge, qui vend et achète à l’intérieur des pays comme sur le marché international, est de lutter pour intégrer dans les économies, les retombées des mines. Il est vrai que les mines créent des richesses. Il est aussi vrai que la création des richesses, pour qu’elle profite aux populations, a besoin d’être suivie et menée de bout en bout par des politiques de développement qui prennent en compte les aspirations des populations. En Afrique, l’Afrique du Sud, le Ghana et le Burkina Faso sont le trio de tête en matière de production à grande échelle de minerais. Dans ces pays, des actions diverses et variées sont menées en vue de faire profiter les populations des retombées des exploitations minières. Dans ces pays de tradition minière, on constate des sous-sols riches en or, en diamant, en zinc, en calcaire, en bauxite, en perkoa. Ces minerais extraits des sous-sols permettent de trouver en différents lieux des techniques d’exploitation qui militent pour l’avènement d’un monde plus développé sur le continent. La vision des mines pour le développement de l’Afrique se conjugue avec des multinationales qui exploitent des grandes mines. A l’actif de ces mines, ce sont des milliards de dollars qui sont injectés chaque année dans les économies des pays africains. Ce boom minier ne va pas sans des grincements de dents souvent de la part des populations qui s’estiment souvent lésées dans le partage du «gâteau». Ces grincements de dents se sont manifestés par des sit-in et des grèves en Afrique du Sud, premier producteur d’or sur le continent. Dans cet État, des travailleurs ont revendiqué de meilleures conditions de vie et de travail à leurs employeurs en vue de faire face aux coûts élevés de la vie. Le problème des mines en Afrique est souvent ce fossé entre les richesses engrangées par les exploitants miniers et la satisfaction des populations. D’un côté, l’État central collecte les taxes sur le revenu et de l’autre, les populations riveraines des mines dénoncent le délaissement et la dégradation de leurs sols suite aux impacts causés par l’exploitation des mines. Lorsque les ressources minières sont bien gérées, l’Afrique tire des avantages considérables de la richesse de ses sous-sols. Les chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine (UA) ont pris des mesures délibérées pour remédier à cette faiblesse, à travers l’adoption de la Vision Africaine des Mines (AVM) et la création du Centre Africain de Développement Minier (CADM) pour fournir un appui stratégique opérationnel pour la vision et son plan d’action. La mission du Centre est de travailler avec les États membres et leurs organisations nationales et régionales pour promouvoir le rôle transformatif des ressources minérales dans le développement du continent par la promotion de leurs valeurs économiques et sociales. L’un des principaux objectifs du Centre est d’assurer que les intérêts de l’Afrique et ses préoccupations dans ce secteur lucratif sont correctement définis et internalisés sur l’ensemble du continent, au profit et pour la prospérité de tous. Le CADM préconise l’utilisation accrue de l’information géologique et géo-spatiale pour la gestion à long terme des résultats de développement dans les pays miniers africains, également pour permettre un secteur minier africain bien géré, socialement et écologiquement responsable. Le Centre vise également à contribuer à la promotion d’un secteur minier hautement qualifié, fondé sur la connaissance, qui offre plus d’avantages économiques et sociaux en raison des niveaux de productivité élevés. Les mines africaines ont besoin d’un suivi particulier afin de créer des richesses qui profitent à l’ensemble des générations présentes et futures. En tant que continent de tradition minière, l’Afrique doit être la locomotive du développement des mines sur le marché international. Car, il n’existe pas d’exploitation qui puisse durer dans le temps et l’espace si elle ne met pas au centre de ses préoccupations l’homme.