Article publié le 2014-03-11 par Innocent Ebodé Economie
Golfe de Guinée - L’impératif d’une autonomie gazière en Afrique de l’Ouest [11-12/2013]
Golfe de Guinée © Francisco Anzola

La 16ème Conférence sur le gaz dans le Golfe de Guinée s’est déroulée début novembre à Abidjan. Occasion d’évoquer les possibilités d’autonomie en matière de production de gaz que cette zone pourrait permettre, singulièrement en Afrique de l’Ouest.

On a coutume, lorsqu’on évoque le formidable potentiel énergétique du Golfe de Guinée, d’insister sur les réserves pétrolières qui représentent tout de même 24 milliards de barils, soit 4,5% des réserves mondiales. Des réserves gazières qui sont tout aussi importantes dans la zone, on n’en parle qu’accessoirement.

Le Nigeria qui est l’une des locomotives de l’industrie énergétique du continent, pourrait être le point d’ancrage de la souhaitable autonomie en matière de ressources gazières en Afrique de l’Ouest. Abuja est en effet le 3ème producteur de gaz du continent (24,9 milliards de m3 produits en 2009) ; il détient les premières réserves prouvées du continent (5 250 milliards de m3), devançant l’Algérie qui a longtemps occupé la tête du classement.

Mais cette nécessaire autonomisation de l’Afrique de l’Ouest en ressources gazières, doit être conditionnée par une réduction de l’extraversion constatée de l’exploitation du gaz dans le Golfe de Guinée. Car à l’observation, le potentiel gazier suscite des convoitises de la part des puissances économiques occidentales (États-Unis, France, Grande Bretagne) et asiatiques (Chine, Inde, Japon).

Les grandes puissances économiques sont en train de revoir leurs stratégies d’acquisition de ressources gazières de manière à ne plus dépendre de leurs fournisseurs traditionnels que sont les émirats du Golfe et la Russie. Le Golfe de Guinée devient alors l’objet de toutes les attentions.

En l’occurrence, l’Europe ne cache pas son intention de profiter des grands projets gaziers en Afrique pour ne plus dépendre du gaz russe. Justement, la multinationale russe Gazprom, entend se procurer sa part du gâteau. Gazprom a, dans une opération de coentreprise avec la Nigerian National Petroleum Corporation, investi 2,5 milliards de dollars (1500 milliards de FCFA). La Chine n’est pas en reste qui, à travers Sinopec, son premier raffineur du pays, a racheté en novembre 2009, les parts d’un champ gazier de la multinationale américaine Chevron en Angola, pour 680 millions de dollars (plus de 400 milliards de FCFA).

Production tournée vers l’extérieur

Comme on le voit, la production gazière dans le Golfe de Guinée, est tournée vers l’extérieur. Des plateformes telles que la Conférence sur le gaz dans le Golfe de Guinée, dont la 16ème édition s’est tenue au début du mois de novembre 2013, devraient insister sur cette problématique cruciale d’exportation systématique des ressources énergétiques en général, et gazières en particulier.

Il apparaît, au regard du programme de cette 16ème Conférence, qu’il y a une prise de conscience de la part des acteurs sur ce sujet, puisque, d’après une source à la direction ivoirienne des hydrocarbures, la « Conférence s’est consacrée au secteur prospère du gaz en Afrique, et s’est particulièrement concentrée sur l’industrie gazière du Golfe de Guinée, en examinant les projets collaboratifs intra-régionaux ainsi que l’effet de levier du gaz sur les économies de la région ».

La mise en place des mécanismes devant favoriser une solidarité à travers une redistribution de la production gazière aux pays du Golfe de Guinée et à d’autres pays africains, est donc un impératif. C’est la condition minimale à l’atteinte de l’objectif d’autonomie de l’Afrique en ressources gazières aussi bien en Afrique de l’Ouest que dans d’autres espaces régionaux.