Article publié le 2014-03-11 par Jamil Thiam Culture
Danse orientale / L’artiste belgo-marocaine Farah Bakkali, un monument dans le domaine [08-09/2013]
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De renommée internationale, la célèbre danseuse orientale et Professeur Farah Bakkali n’est plus à présenter. Dans l’entretien qui va suivre , elle parle des différentes facettes de cet art classique, très loin du folklore. Le 21 septembre prochain, à partir de 20 heures, au cours d’un spectacle présenté par l’hispano-belge Carlos Vaquera, animateur de télévision et créateur d'illusions, elle dansera encore aux rythmes orientaux (spectacle de danse orientale fusion) à l’Auditorium de Woluwé-St-Pierre, avenue Charles Thielemans à Bruxelles.

Le nouvel Afrique (L.N.A) : Qui est Farah Bakkali ?

Farah Bakkali (FB) : Je suis artiste autodidacte. Danseuse orientale depuis 27 ans, j’ai presté dans 34 pays dont Abu Dabhi, Dubai, la Jordanie ou encore Monte-Carlo. J’ai travaillé avec de grosses vedettes arabes comme le Libanais Ragheb Allama. En 1995, Vaya Con Dios m'a choisie pour faire la tournée européenne en tant que danseuse orientale. De même, le réalisateur Jérôme Foulon m'a engagée pour faire toute les chorégraphies ainsi que les choix musicaux pour son film «Béthune sur le Nil» qui raconte le destin de Cathy Vaillant, une jeune fille occidentale qui va devenir la danseuse la plus célèbre d’Égypte. D'ailleurs ce film a été copié par les Américains sous le titre de "Lola, what I want". Il faut rendre à César ce qui est à César. J’ai fait plusieurs tournées en France. J'ai également enseigné à l'Académie International (A.I.D) de Paris. En 2006, j'ai organisé mon premier spectacle «Quand le conscient rejoint l’inconscient», au Passage 44 à Bruxelles. . Même si elle est complexe, la musique orientale a des règles simples qui vous permettent d'identifier les mouvements qui conviennent à un rythme donné. Je suis aussi peintre contemporaine

L.N.A : Quels sont vos projets pour le futur ?

FB : Le projet le plus proche, c'est mon spectacle du 21 septembre à l’Auditorium de Woluwé-St-Pierre à Bruxelles où on dansera Jacques Brel, Elvis Presley, du jazz ; le reste je vous laisse découvrir. Je suis très originale, j’essaie d’enrichir l’art que je fais. Je suis très ouverte, très sensible et respectueuse des valeurs de la danse orientale. Dans chaque spectacle, j’envoie des messages d'amour et de valeurs de la vie, de respect de l’autre, tout en prônant les principes selon lesquels la différence, c’est une richesse. En outre, je suis très exigeante dans ce que je fais. Étant arabe, je me suis consacrée durant des années à cette danse magnifique et millénaire. Fin 2011, j’ai décidé de m’investir dans l’enseignement de cette discipline afin de transmettre ce savoir. J’ai mis en place une école de formation en danse orientale à Jette à Bruxelles qui s’appelle «Rêves et Passions». Avec cette danse, il ne faut jamais tomber dans la vulgarité parce que c’est une danse très classe, gracieuse et sensuelle. La femme est mise en avant. C’est une gymnastique pour le corps, pour l’âme, une thérapie extraordinaire. Beaucoup de femmes qui étaient mal dans leur peau, ont réappris à s'aimer et s'apprécier à leur juste valeur. C’est fabuleux, elles s’amusent de nouveau et se sentent bien. J’enseigne la technique et à travers elle l’amour de la vie et l’amour de soi et le respect des autres. Personnellement, la danse m’a appris à surmonter toutes les difficultés que j’ai rencontrées dans la vie. Le fait de rencontrer des gens des classes sociales différentes dans le monde, m’a permis de m'enrichir et de m'épanouir.

L.N.A : Quels conseils et messages voudriez-vous donner aux jeunes ?

FB : Il faut écouter son cœur, ne jamais se mentir à soi-même et savoir relativiser. La danse aide quelques fois les gens à être mieux. Aujourd’hui, j’enseigne cette discipline à près de 80 élèves, toutes nationalités et ethnies confondues. Après l’école, j’ai tissé de profonds liens humains. Cette danse n’est pas folklorique mais classique. Et il n y a pas d’âge pour la faire. Les femmes de 40, 50 ans etc., peuvent la faire. J'espère que l'on prendra tous un peu conscience que nous avons besoin l'un de l'autre pour vivre dans une belle harmonie et accepter la différence des autres qui est une richesse en soi. Musulmans, juifs, chrétiens et autres, apprécions-nous à juste titre. Nous ne sommes rien. Nous ne sommes que de passage sur terre. Respectons notre pays d’accueil, la Belgique. Partageons les valeurs de différence car il y a de très belles choses à partager. Nous devons apprendre à nous aimer et à pardonner pour avancer dans la vie et construire un monde meilleur.

L.N.A : Au niveau de la famille, la relève va-t-elle être assurée ?

FB : Mes deux filles aiment la danse, mais n’en font pas professionnellement et mon fils est artiste également, d'ailleurs c'est lui qui a fait la photo qui est sur l'affiche. Il s'appelle Amin ce qui veut dire "Amen".

L.N.A : Parlez-nous de votre école de formation en danse orientale «Rêves et Passions» ?

FB : «Rêves et Passions» est la première école de danse orientale de la région bruxelloise, elle propose une pratique de la danse classique (Raqs El sharki) par une méthode simple et adaptée à tous et pour tout âge. Il y a des cours pour les enfants, les adolescents et les adultes (tous niveaux). J’y enseigne la danse orientale. De même, certaines de mes filles ont éprouvé l'envie d'enseigner et de s'épanouir à travers cet art. Grâce à des stages, j’apprends aux femmes à discerner les accents des mélodies, à reconnaître les rythmes, à identifier les instruments ainsi que les mouvements qui les accompagnent.