Article publié le 2013-06-12 par Par Jamil Thiam Politique
Destruction d’armes en Côte d'Ivoire - Les perspectives d’une paix durable [05-06/2013]
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Depuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, les autorités de la République de Côte d’Ivoire ont entrepris, par des actes, de surmonter la crise militaro-politique qui a divisé le pays après le second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010. Parmi celles-ci figure le ramassage des armes de guerre. A cet effet, une cérémonie de destruction de plus de 2 000 armes, déposées de manière volontaire par des ex-combattants, a eu lieu, le jeudi 18 avril dernier, dans la commune de Yopougon. Aujourd’hui, les Ivoiriens «respirent» plus que jamais, dans l’espoir d’une paix sempiternelle.

A la fin de l’année 2010, le pays d’Houphouët Boigny était plongé dans une guerre civile postélectorale sans précédent. Plusieurs Ivoiriens avaient perdu la vie au cours de cette impasse. Toutefois, depuis la prise de fonction du nouveau Président, en l’occurrence Alassane Ouattara, en 2011, la paix se construit progressivement. L’espoir est grandissant au niveau des populations qui ont vécu des moments difficiles. Outre l’appel au dialogue prôné par le chef de l’État entre les différents acteurs de la vie sociale et politique, un travail spectaculaire de construction d’une paix durable a été initié au niveau de la base pour tenter de récupérer toutes les armes de guerre en circulation ou dissimulées, en particulier au niveau des anciens combattants. Ce travail de ramassage a en effet porté ses fruits. Pour cause, depuis l’arrivée du Président Ouattara, plus de 4 500 armes légères ont déjà été récupérées par les autorités avant d’être détruites. Le travail de ramassage s’est ainsi poursuivi.

Pour cette année, environ 350 000 munitions et 2 000 explosifs, stockés et sécurisés par l’ONUC, déposés volontairement par les ex-combattants, ont été détruits le 18 avril dernier dans la commune de Yopougon. Un grand signe, selon Anzian Kouadja, Secrétaire exécutif de la Commission nationale de lutte contre les armes légères qui souligne, cependant, que beaucoup de travail reste à faire. «Nous n’avons pas d’estimations du nombre d’armes en circulation parce qu’on n’avait pas d’enregistrements, ni de bases de données», nous a-t-il dit par téléphone. Si cette opération entre dans le cadre du plan d’action national de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre, conformément à la Résolution 1980 du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations unies, il n’en demeure pas moins que c’est une mesure qui permet aussi d’éviter toute tentative de recyclage et de détournement d’armes au profit du circuit illicite. «Détenir illégalement une arme, n’est pas un acte citoyen», a récemment déclaré Bamba Cheick Daniel, Directeur de Cabinet du Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité.

Nécessité d’une paix sociale

Dans le contexte sociopolitique, il convient de signaler que l’intérêt suprême du pays s’avère, en priorité, la paix et la réconciliation dans une perspective d’harmonie sociale et de fraternité, fondement essentielle d’une République. En Côte d’Ivoire, la paix ne saurait être un vain mot mais plutôt un comportement, comme le prônait le Président Félix Houphouët Boigny, père fondateur de la nation ivoirienne. Aujourd’hui, plus aucun Ivoirien ne souhaiterait voir le pays replonger dans une autre guerre. C’est pourquoi, Guillaume Soro, homme fort du régime d’Alassane Ouattara par ailleurs, Président de l’Assemblée nationale ivoirienne, a récemment sonné l’alerte lors de l’ouverture de la première session ordinaire 2013 des travaux de l’hémicycle, en invitant les candidats perdants aux élections locales du 21 avril dernier de respecter le verdict des urnes. Car, selon lui, l’État de droit y compris la démocratie sont désormais instaurés en Côte d’Ivoire, permettant de se mettre au travail et de mener le combat contre la pauvreté par la relance économique du pays.

Selon certains spécialistes avertis, le sectarisme politique, obstacle à l’unité et la reconstruction nationale, est en train de disparaître dans le landerneau. À l’heure actuelle, la dynamique de cohésion sociale semble impulsée par l’État ivoirien. La tenue de journées nationales de prières en Côte d’Ivoire le samedi 16 mars 2013, au Stade Félix Houphouët Boigny, en est une parfaite illustration. Ce rassemblement dénommé la «prière pour la repentance, la réconciliation, l’unité, la paix et l’amour en Côte d’Ivoire», a servi de tribune aux Ivoiriens pour panser les meurtrissures nées des convulsions socio-politico-religieuses de ces dernières années. En tout état de cause, depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara à la station suprême, en Côte d’Ivoire, la dynamique sociale a changé, faisant naître de nouveaux défis pour la stabilité dans le pays et dans cette sous-région. La Côte d'Ivoire aspire à une paix durable, telle un viatique et une nécessité pour le peuple.