La thématique de l’immigration apparaît, à l’heure actuelle, comme l'un des sujets les plus sensibles au niveau des organisations de défense des droits de l'homme, en Afrique et dans le monde. C'est pourquoi, lors du prochain forum social mondial qui aura lieu à Tunis en Tunisie du 26 au 30 mars 2013, la question migratoire sera un thème central au menu. Les initiateurs de ce forum, qui réclament un système plus juste, soutiennent que : "Les migrants, dès lors qu’ils ont quitté leurs pays, deviennent des sous-citoyens, soumis aux mêmes devoirs que les autres mais ne bénéficiant pas des mêmes droits".
Le «droit à quitter son propre pays» reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 est de plus en plus remis en cause par l’ensemble des États-Nations, selon les acteurs du Forum Social Mondial (FSM). En effet, de plus en le plus, les contrôles migratoires sur ceux qui cherchaient à fuir leur pays ont atteint des proportions insoupçonnées. Si certains migrants sont refoulés ou enfermés dans des camps, d’autres disparaissent avant même d’arriver dans des pays qui les ont déjà rejetés. Cette politique dite de «fermeture des frontières» est devenue une véritable «guerre aux migrants», parfois au détriment du respect des droits fondamentaux des personnes migrantes. Les frontières des pays du «Nord» tels que le Maroc ou encore l'Algérie, sont devenues des cimetières. Le nombre de migrants morts et disparus en mer et dans les déserts se comptent par milliers. En sus, la détention et l’expulsion seraient désormais des pratiques quotidiennes contre le droit à la vie et à la liberté des migrants, notent les animateurs du FSM.
Face à ce contexte, les migrants eux-mêmes, et les mouvements de solidarité tentent de réagir, au niveau local et mondial. Pour le FSM, il est important de rebâtir un nouvel ordre mondial en matière d'immigration, entre les nations et entre les continents. L'idée serait ainsi de mettre en commun des expériences et des propositions vers une nouvelle approche de la migration dans le cadre d'une nouvelle gouvernance mondiale centrée sur les droits des migrants et de tous ceux qui sont concernés par la mobilité humaine. La promotion de la défense de la liberté de circulation et d’installation des migrants et le renforcement des liens entre les mouvements européens, africains, asiatiques et latino-américains, pour juguler la crise migratoire, sont une nécessité.
Plusieurs faits ont, aujourd'hui, démontré la nécessité de promouvoir de nouvelles formes de communication, de convergence et de coordination parmi les mouvements sociaux, dans la perspective de dessiner un mouvement global de la migration. Celui-ci peut être imaginé comme un espace d'articulation, de dialogue et de partage des revendications que les différents acteurs souhaitent porter à l'ensemble de la société. Chaque région a ses caractéristiques particulières, mais il est clair qu'actuellement, la question de la migration est devenue une des manifestations les plus évidentes de l'absence d'une gouvernance mondiale digne de ce nom. Toujours, pour le FSM, il n'y aura pas d'alternative à la crise migratoire si l'on ne cherche pas à poser en même temps les bases de nouvelles régulations mondiales dans le domaine de l'économie, de l’écologie, des droits et de la citoyenneté et de l'intégration. Les migrants sont devenus en cela les partisans d'une communauté mondiale en émergence, en créant de nouveaux liens entre les différents pays du monde, alimentant un dialogue permanent entre le local et le global. Aujourd’hui, pour le forum social mondial, il ne s’agit pas seulement de résister : il est plus que jamais nécessaire de lutter, de proposer, d'oser et de créer des synergies. Dans cette perspective, l’organisation d’une convergence des Mouvements de Migrants et des associations de solidarité dans l’Espace Mondial des Migrations Internationales est prévue lors de ce Forum de Tunis en mars prochain.
Les enjeux du Forum social mondial de Tunis
Prévu du 26 au 30 mars 2013, le Forum Social Mondial de Tunis en Tunisie, là où a commencé le "printemps arabe", sera un moment de convergence des mouvements sociaux et citoyens qui inscrivent leur action dans une perspective commune pour penser à l’évolution de la situation mondiale, mais aussi sur la manière de renforcer et de dynamiser les alternatives que portent ces mouvements. Parmi les enjeux qui seront abordés à cette rencontre, il y a, outre la problématique migratoire, l’évolution de la situation mondiale, la stratégie des mouvements sociaux, l’évolution des printemps arabes etc.