Article publié le 2012-12-10 par Par Alexandre Korbéogo Dossier
BILAN 2012 en Afrique / Croissance en hausse en Afrique [12/2012]
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L’année qui s’achève a connu des crises économiques multiformes à travers le monde. La Grèce n’a pas fini avec ses budgets austères, que l’Afrique essaie de rattraper le temps perdu. Sur le continent, malgré quelques soubresauts, de nombreux pays ont pu maintenir leur taux de croissance ou favoriser une hausse. Croissance entre 5 et 7%.

Comme un effet de poudre, ou par contagion, l’Afrique a été touchée par la crise économique mondiale au début de l’année 2011. Un an après, en 2012, le continent semble reprendre du poil de la bête. Grâce à la vitalité de ses marchés et aux conditions attractives d’investissements, le continent a, peu à peu, repris goût à la croissance au cours du deuxième trimestre de cette année paire. Avec une économie qui se diversifie au fil des ans, l’Afrique a pu, bon gré, mal gré, favoriser l’épanouissement de ses industries implantées sur son sol. De façon variable, les taux de croissance, en récession parfois, ont pu redresser la barre. La crise sociopolitique dans nombre de pays n’a pas facilité la tâche aux économies, déjà en butte avec la crise économique mondiale. Les pays du Maghreb, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, pour ne citer que ceux-là, sont des exemples. La plus forte croissance a été enregistrée par la République du Congo. En effet, durant l’année écoulée, ce géant d’Afrique a mis l’accent sur l’augmentation de sa production de pétrole. Mieux, la solution des pays en devenir étant la diversification des sources de productions, le pays a su faire fructifier ses immenses potentialités minières, forestières et, minéralières. Le bénéfice tiré est énorme. Il n’est pas le seul pays à avoir tiré son épingle du jeu.

Zimbabwe, trois années consécutives de croissance

Le pays de Robert Mugabe (le Président de la République) a surpris par sa croissance. Durant trois années consécutives, le pays a maintenu sa croissance. Essentiellement agricole, le pays a su maîtriser son inflation et se positionner comme un État économique à part entière. On le sait, le pays a traversé une crise sociopolitique sans précédent durant la première décennie du 21e siècle. Le pire a été évité. Les Zimbabwéens ont repris le chemin des grandes surfaces agricoles avec, à la clé, des rendements meilleurs sur les portions agricoles. L’ancienne locomotive économique de l’Afrique australe a maintenu un taux de croissance de plus de 6,7 % en 2012. Les secteurs qui se sont taillé la part du lion dans cette marche vers le progrès sont l’agriculture et les mines. Depuis 2009 en effet, le Zimbabwe a repris langue avec les pays à économie croissante. Grâce à ses milliards d’hectares cultivables et de terres arables, le pays a mis à profit son potentiel agricole. Il s’est lancé dans la cour des pays émergents. Le pire semble derrière les populations avec la maîtrise de la monnaie qui s’est mutée du dollar zimbabwéen au dollar américain.

La République du Congo, un succès avéré

En 2012, la République du Congo a connu un succès avéré sur le plan de la croissance. L’année écoulée, comme celle d’avant, a connu un boom économique sans précédent, plaçant le pays comme le meilleur pays économique de l’Afrique francophone. Très bon élève en matière d’application des stratégies économiques, la république du Congo a connu une année faste. Dans la discrétion, il a su tisser des toiles sur des secteurs stratégiques de son économie. Reposant uniquement sur le secteur des hydrocarbures, le pays a accru sa production passant de 99 millions de barils en 2009 à 115 millions de barils cette année. En outre, les réformes fiscales et l’allègement de la dette obtenus dans le cadre de l’Initiative PPTE ont aussi consolidé les équilibres fondamentaux et amélioré le solde de la balance budgétaire. D’où la forte croissance de 10.2 % enregistrée en 2010, avec un taux de 8.4 % en 2011. Dans le cadre de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés), le pays a bénéficié de 50 milliards de F CFA pour développer les secteurs vitaux de son économie. Il est un pays en devenir.

Côte d’Ivoire, le réveil de l’éléphant

Malgré une crise politique qui a duré plus d’une décennie, la Côte d’Ivoire se réveille enfin. Poumon économique de l’Afrique de l’Ouest, lorsque ce pays tousse, c’est toute l’Afrique occidentale qui s’enrhume. La crise sociopolitique, enclenchée depuis 2002, a durement frappé le pays. D’une récession à - 7%, l’éléphant d’Afrique (l’éléphant est l’emblème du pays) a repris son train quotidien mettant le cap sur la croissance. De grands chantiers ont été lancés dans tout le pays. Les bailleurs de fonds se bousculent au portillon pour redonner à ce pays son lustre d’antan. Le pays a été inscrit à l’initiative du point d’achèvement des pays PPTE. Cette inscription a permis au pays dirigé par le Dr Alassane Dramane Ouattara de bénéficier de certaines faveurs dues aux Pays Pauvres Très Endettés. Entre autres, la réduction de sa dette de 75 milliards de F CFA par les institutions de Bretton Woods. La situation économique allant en se normalisant, le grand défi de la Côte d’Ivoire est le rétablissement de l’ordre et de la sécurité. Les multiples barrages des forces républicaines et les rackets ne facilitent pas la tâche aux transporteurs. Les autorités ivoiriennes sont conscientes du phénomène. D’où les multiples mesures sécuritaires prises avec le redéploiement des forces de police et de gendarmerie sur toute l’étendue du territoire. Avec la levée des sanctions de la communauté internationale et le retour progressif des multinationales et des PME ainsi que le commerce du cacao, il est à augurer des lendemains meilleurs en termes de croissance pour le pays de feu Félix Houphouët Boigny.

Burkina Faso, cap sur l’émergence

Le Pays des Hommes intègres, après avoir tourné la page triste des crises sociopolitiques, a enregistré cette année une bonne croissance. Lors de son dernier discours sur l’état de la nation, le Premier Ministre du Burkina Faso, Beyon Luc Adolphe Tiao, a précisé que le Burkina a enregistré une croissance de 7,9% en 2010. Le pays, en 2011, malgré la crise, n’a pas beaucoup été secoué avec une croissance oscillant autour de 6%. Essentiellement basé sur l’agriculture, le pays connaît un nouvel élan économique avec l’entrée en lice de nombreuses mines d’or industrielles. On en dénombre 8 dont 6 grandes et 2 petites. Le boom minier est une réalité au pays des Hommes intègres faisant de l’or le premier produit d’exportation du pays après le coton. Si les ressources de cette manne sont bien exploitées, le bonheur est à venir pour les populations. A côté de cette donne, il y a le coton dont le Burkina Faso est le premier producteur, de l’Afrique au Sud du Sahara. D’une capacité de production estimée à 700 000 t, le pays s’est inscrit dans la mécanisation de son agriculture avec le projet de dotation des agriculteurs en tracteurs. Cette dotation permettra aux bénéficiaires d’accroître leur capacité de production, tout en en tirant un bénéfice à la hauteur de leurs attentes.

Niger, l’uranium fait des heureux

Au creux du Sahel, un pays lutte contre les adversités du désert et des groupes islamistes. Le Niger, malgré une pluviométrie capricieuse, a pu atteindre une croissance de près de 5% cette année. Dans ce pays riche en minerais, particulièrement l’or et l’uranium, le dernier cité fait des heureux. L’entrée en production prévue de la mine d’uranium d’Imouraren, la plus grande d’Afrique, permettra de créer des richesses et des plus-values pour l’État. Avec l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement, Niamey est sur la bonne voie pour développer ses potentialités économiques. Reste à souhaiter que la fausse note ne vienne pas des groupes islamistes armés qui écument le désert.

Maghreb, le calme après la tempête

Face à l’adversité des crises dans les pays maghrébins, de nombreux spécialistes ne vendaient pas cher la peau des pays de cette zone sur le plan économique. Il n’y a pas lieu de s’alarmer car il semble y avoir eu plus de peur que de mal. En effet, la Tunisie, l’Égypte, ont pu engranger quelques points au tableau de la croissance. Pour 2012, la Tunisie a enregistré un bonus sur le taux de croissance. L’Égypte aussi. Environ 2% ont été enregistrés sur les différents taux de ces deux pays. Pour reprendre langue avec la croissance, les pays du Maghreb doivent impérativement ramener la paix et la sécurité dans la région. La crise libyenne a corsé l’addition, plombant du coup les initiatives de développement de la région. L’émergence des groupes armés, l’exacerbation de l’islamisme risquent d’entacher la crédibilité des institutions économiques. Il sied de repartir du bon pied en instaurant un système démocratique qui repose sur des institutions fortes. Le Maghreb en a besoin, tout comme le reste du continent en vue d’aborder 2013 avec sérénité. Des croissances comprises entre 7 et 8% concerneront la Côte d'Ivoire, la Zambie, l'Éthiopie, le Rwanda, l'Angola, le Mozambique, le Ghana et le Libéria. Le Niger étant numéro deux après la Libye (14%) avec 8,6% attendus. Car, à tous points de vue, la nouvelle année augure des lendemains meilleurs pour le continent.