Article publié le 2012-11-11 par Par CYRILLE MOMOTE KABANGE Chronique
UN OURAGAN NOMME CHOMAGE [11/2012]
Memorial Franklin delano Roosevelt à Wa shington, oeuvre représentant les files d'attente pour la distribution alimentaire penda nt la crise de 1929 © Brian Ta lbot

Lors de la grande crise de 1929 qui est venue, comme aujourd’hui, des Etats-Unis et s’est répandue dans le reste du monde, la mal a été diagnostiqué : le chômage de masse.
Ce fléau des temps modernes, du moins dans sa forme actuelle qui présente une catastrophe touchant presque toutes les classes de la société, plonge ses racines dans la surproduction.
L’équilibre entre l’offre et la demande est rompu. Les entreprises encombrées d’invendus croulent sous les charges auxquelles elles ne peuvent plus faire face. Les salaires en constituant la part la plus importante, les personnels divers sont atteints de plein fouet. Ce qui frappe surtout les esprits est le rythme accéléré de ces licenciements qui produisent partout le même effet désastreux : la crise ébranle la confiance de tout un pays en l’avenir.
En 1929 autant qu’aujourd’hui, ceci est la leçon profonde qui interpelle des millions de gens en Occident. Pas grand monde, par ailleurs, ne croit à un rétablissement rapide de la situation.
D’autres pessimistes y voient surtout le signe d’une décadence
Voyons plutôt. Dans presque tous les grands pays de la zone euro, le chômage a atteint des proportions dantesque. (Grèce 39%, Espagne 22%, Portugal 19%, France 10%)
Dans les pays de petite taille, à l’exemple de la Belgique, les faillites des entreprises accusent une progression géométrique avec des chiffres en flèche comme le montre l’annonce dans le courant d’octobre de la suppression de 10000 emplois (directs et indirects) d’ici 2014 de l’usine Ford de Genk.
A cette quantité effarante, il faut ajouter les déflatés de la sidérurgie dans le Hainaut etc.
La Suisse avec son fromage, ses montres et ses verts pâturages peut toujours s’accrocher au secret bancaire. Mais la sanction frappe souvent par où on a péché. Ainsi donc, la plus grande banque helvétique UBS, véritable havre de paix pour ceux qui veulent être à l’abri des regards inquisiteurs des États qu’ils ont spoliés et auxquels ils ont soustrait des ressources fiscales, est dans la tourmente.
Elle s’apprête à se séparer de 10000 agents dès l’entame de 2014.

L’ACTION CIVILISATRICE DES ÉTATS

Face à l’apocalypse, les décideurs de tous bords ne sont pas restés les bras croisés.
D’abord au sein de l’Union Européenne (UE) dont les instances dirigeantes sont truffées de lobbyistes depuis fort longtemps du Parti Populaire Européen (PPE), droite conservatrice, et la Social-Démocratie (Centre-droite) pour lesquels le libéralisme est en toute chose la vulgate universelle.
En matière économico-financière, les recettes de grand-mère prédominent (bas de laine, ou les comptes d’apothicaires, orthodoxie budgétaire genre entreprise commerciale ou management d’entreprise privée.)
Les recettes grâce auxquelles Roosevelt a pu sortir les États-Unis de l’ornière ne sont plus de mise.
Keynes est aujourd’hui frappé d’infamie dans la mesure où très peu d’États occidentaux sont en mesure de garantir une perspective de croissance à laquelle leur surendettement ne permet pas d’accéder. Il faut alors plonger pieds et poings liés dans l’austérité la plus brutale.
3% du Produit Intérieur Brut (PIB), la limite du déficit, point barre !
Cette contrainte repose sur un socle plutôt néo-libéral. Les États membres de l’UE doivent se restreindre à une cure d’amaigrissement avec des risques anorexiques sérieux.
Pour la sauvegarde de la morale, parait-il, ces derniers ne devraient, en aucun cas, déroger à la règle même si au nom de leurs droits régaliens, il leur est loisible d’accommoder l’assiette des divers impôts aux principes d’équité ou de justice.
L’autre versant exploité par la droite a établi ses pénates dans le système bancaire qui lui sert, en l’occurrence, de bonne conscience.
Les banques peuvent toujours être vilipendées, mais quand elles demandent à être renflouées comme cela a été le cas dernièrement en Espagne, l’État accourt et verse sans sourciller des milliards.

LE REFUS DE L’ALTRUISME OU LA LOI DE LA JUNGLE

Or les États restent encore de nos jours en Occident le sommet de l’architecture sociale et culturelle. Les entreprises s’arrogent, pourtant, l’impérium sans en assumer les devoirs consubstantiels à la vie et à la mort des civilisations.
Les conceptions économistes qui ont pris le dessus sur toute considération altruiste sont celles qui vident les États de leur substance les rendant incapables de trouver des solutions à des problématiques que seule une autorité au-dessus des corporations, ou autres groupements d’intérêt, peut rendre gorge.
Le chômage distille un aspect de cette désespérance qui étreint le cœur des hommes abandonnés à eux-mêmes dans la froide jungle des chiffres et des profits.