Article publié le 2012-11-11 par Par Mouhamadou Moustapha Thiam Politique
14e sommet de la Francophonie - Les chefs d’état francophones déterminés à jouer leur partition dans la géopolitique [11/2012]
Photo de famille à l'ouverture

Du 12 au 14 octobre 2012 a eu lieu le 14e sommet de la Francophonie à Kinshasa. Les chefs d'État se sont réunis autour du thème : «enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale». A l'issue de leurs travaux, les chefs d'État et de gouvernement francophones ont adopté la Déclaration de Kinshasa dont cinq grandes résolutions qui gravitent autour de la présence du continent africain dans les organes de décision comme le Conseil de sécurité de l’ONU, la résolution sur les crises au Mali et en République démocratique du Congo, et celles sur les nouveaux pays admis à l'OIF et l'organisation du prochain sommet qui aura lieu en 2014 au Sénégal.

Se tenant tous les deux ans, le XIVe Sommet de la Francophonie a eu lieu à Kinshasa en République démocratique du Congo, qui compte plus de 70 millions d’habitants aujourd’hui, le premier pays francophone au monde. Ce rendez-vous de Kinshasa a été l’occasion pour les dirigeants de faire le point sur l’usage de la langue française dans le monde. En effet, aujourd’hui, 220 millions de personnes dans le monde sont francophones et selon les projections de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), ce nombre aura triplé d’ici 2050 et les Africains pourraient alors représenter 85% des 715 millions de francophones dans le monde. «La Francophonie porte des valeurs, des principes, des exigences. C'est un message de liberté. C'est un espace de rayonnement, de promotion de valeurs, d'ouverture, d'échanges économiques, sociaux et culturels. C'est enfin un lien entre les générations», a soutenu François Hollande, président de la République française devant une quinzaine de chefs d'État et de gouvernement présents à Kinshasa en RDC pour célébrer leur langue commune sous le thème : «Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale». Ainsi, dans leur déclaration commune, les Chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage ont salué l’organisation de ce XIVe Sommet de la Francophonie pour la première fois en Afrique centrale.

L’engagement des pays

Les quinze Chefs d’État ont affirmé l’impérieuse nécessité de relever les défis de la lutte pour la réduction de la pauvreté au regard du niveau actuel de réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Ils ont également réaffirmé la spécificité de la Francophonie, fondée sur la langue française et les valeurs qu’elle promeut : la diversité culturelle, le multilinguisme, la paix, la démocratie, l’État de droit, les droits de l’Homme, l’égalité entre les hommes et les femmes, le développement durable, l’éducation et la solidarité. Dans un souci de préserver la paix, élément fondamental pour un développement harmonieux, ils ont mis en avant leur détermination à promouvoir la gouvernance démocratique et les droits de l’Homme et ont insisté sur la nécessité de respecter la liberté de pensée, de conscience et de religion, et l’égalité entre les hommes et les femmes. Les chefs d’État vont intensifier, selon les spécificités des États et gouvernements, les efforts afin de développer des politiques et des programmes d’éducation, de formation et de recherche visant l’intégration sociale, l’exercice de la citoyenneté et l’insertion effective des jeunes dans l’économie. Ils ont salué la signature à Kinshasa d’un nouveau pacte linguistique par l’Arménie, désormais membre de plein droit de l’OIF. Si le Qatar adhère à l’OIF en tant que membre associé, l’Uruguay quant à elle, adhère à l’OIF en tant qu’observateur et devient le premier pays d’Amérique latine à entrer dans la famille francophone. «Nous encourageons la multiplication de ces plans d’action qui favorisent la promotion du français qui conforte la solidarité entre les États et gouvernements et s’inscrit dans le cadre de la diversité culturelle et du multilinguisme», ont soutenu les chefs d’État qui ont aussi compris que la langue française a aussi pour vocation d’assurer la promotion et le rayonnement international des pays. Cependant, outre l’état des lieux sur la langue française, le XIVe Sommet de la Francophonie de cette année a été marqué par des discussions très politiques au vu du contexte géopolitique en vigueur, surtout en Afrique.

L’Afrique dans la francophonie et la gouvernance mondiale


Le continent africain joue un rôle grandissant au sein de la géopolitique mondiale. L’Afrique est un nouveau pôle de croissance. Elle représente l’avenir de la Francophonie, grâce au dynamisme de sa jeunesse et à ses potentialités immenses. Dans leur déclaration, les quinze Chefs d’État ont décidé de soutenir l’Afrique dans une perspective de partenariat rénové. Les quinze Chefs d’État s’engagent, individuellement et collectivement, à soutenir l’Afrique dans la préservation de son unité et dans ses efforts de promotion de la coexistence pacifique, de respect de l’intangibilité des frontières et de consolidation de l’État de droit. En particulier, ils ont affirmé leur engagement à accompagner la République du Mali et la République démocratique du Congo dans leurs efforts pour faire respecter leur souveraineté et leur intégrité territoriale, conformément aux résolutions afférentes adoptées par ce sommet. Pour ces Présidents francophones, s’impose une réforme de la gouvernance mondiale favorable à l’institution d’un système multilatéral équilibré garantissant une représentation permanente et équitable de l’Afrique au sein des organes de décision. L'indispensable réforme du Conseil de sécurité des Nations unies qui doit donner aux pays africains toute leur place. Comme quoi, l’Afrique tient en son avenir celui de la Francophonie, dans une clairvoyance plus agissante et plus porteuse de cohésion et de solidarité avec la jeunesse et les peuples de ce continent, dont le développement concerne l’humanité tout entière. Dans leur déclaration finale, les Chefs d’État ont, en outre, rendu un hommage appuyé au Secrétaire général dont l’action et l’engagement en faveur des valeurs et du rôle de la Francophonie contribuent fortement à accroître le rayonnement et l’influence de notre Organisation sur la scène internationale.