Article publié le 2012-10-12 par LNA Maghreb
Les news du Net [10/2012]
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Le film algérien 'El Gusto' : séparés par l'histoire, réunis par la musique

Un nouveau film raconte l'histoire unique d'amis juifs et musulmans, dont les liens et l'amour de la musique résistent au temps et aux tourments.

C'est le récit d'un espoir retrouvé au coeur des horreurs de l'histoire.
Le film algéro-irlandais "El Gusto", sorti à Alger le 29 juillet, raconte le voyage d'un groupe d'amis qui, séparés par les douleurs de l'existence et de la guerre, se retrouvent à travers la musique chaabi.
Cinquante ans après la guerre algérienne de l'indépendance, des amis musiciens, de confessions juive et musulmane, se retrouvent en France pour y jouer de la musique folklorique algérienne alors que chacun d'eux lutte encore contre les souvenirs obsédants de la guerre et de la séparation.
La réalisatrice Safinez Bousbia, née en Algérie, dit avoir eu l'idée de ce film après avoir visité une petite boutique située dans la casbah d'Alger, où elle achetait un miroir. Le propriétaire du lieu, Mohamed Ferkioui, lui avait alors montré, ému jusqu'aux larmes, des photographies jaunies, lui racontant avec nostalgie son expérience de musicien dans un orchestre chaabi, où musulmans et juifs étaient traités à égalité.
"Au début, je ne pensais pas faire un film. Je me suis dit : pourquoi ne pas aider cet homme à retrouver ses amis ? Je m'attendais à ce que cela prenne deux ou trois mois ; cela a duré deux ans et demi", a déclaré Bousbia dans une interview accordée au quotidien El Watan.
La réalisatrice a rencontré certains personnages du film issus de l'école municipale de musique du vieil Alger, dirigée par El Hadj Mohamed El Anka, fondateur de la musique chaabi. Et c'est là que l'idée d'un film a commencé à prendre forme.
Elle était loin de se douter que cette aventure bouleverserait ce qu'elle était, ainsi que son existence.
Après avoir bravé mille obstacles, Bousbia, munie de sa caméra, a déambulé dans le labyrinthe des rues de la casbah du vieil Alger, qui résonnent encore des sons de la musique chaabi et dont chaque mur récite la poésie d'El Anka.
Les personnages évoquent une Algérie où la misère et les tourments du quotidien n'ont jamais empêché les individus de chanter et de danser jusqu'à l'aube.
"On chantait le vin, les roses, les femmes et l'argent", rappelle Tahmi, l'un des héros du film.
Les musulmans partageaient cette passion pour la musique avec la communauté juive.
"Nous avons plus de choses en commun avec les juifs qu'avec les chrétiens", explique l'acteur Ahmed Bernaoui. "Nous étions voisins, ils vivaient avec nous !"
Pour les deux communautés, la musique chaabi était alors un gusto, mot emprunté à l'espagnol pour exprimer le plaisir, la passion et la joie d'être en vie.
Puis la guerre est survenue.
Les nouvelles du front ont évoqué des milliers d'Algériens tombant dans le maquis. Le couvre-feu est venu mettre un terme aux interminables soirées de la casbah. A partir de 1961, plus de 100 000 juifs naturalisés français en vertu du Décret Crémieux de 1870, ont été contraints à l'exil.
"Ma mère n'est jamais parvenue à accepter l'idée de s'établir en France, c'est cette idée qui l'a tuée", raconte Robert Castel, acteur et chanteur.
Cinquante ans après, les musiciens, dont l'amour de la musique ne s'est jamais effacé, se retrouvent grâce à la détermination de Bousbia. L'une des scènes les plus émouvantes de ce film est la rencontre entre ces vieux amis, juifs et musulmans, sur le port de Marseille. Ils fêtent cet évènement par un grand concert donné dans la "cité phocéenne".
La musique d'El Anka a apaisé les blessures de la guerre. L'Orchestre El Gusto a voyagé à travers le monde, donnant des concerts à Paris, Berlin, Essaouira et Londres. Les grands-pères de la musique chaabi, oubliés sur la scène algérienne, ont retrouvé une seconde jeunesse.
Après la projection du film, les spectateurs, à la sortie de la salle, disent avoir été touchés par les touches d'humour présentes dans l'oeuvre et par son message de résilience.
"C'est une grande joie pour moi de découvrir un aspect de l'Algérie que je n'ai jamais connu", déclare Mounia Bellili, une étudiante, soulignant que la musique lui a donné "la chair de poule "durant tout le film et qu'elle n'a pu retenir quelques larmes.
"Je veux remercier la réalisatrice pour sa ténacité et pour ce plaisir musical", ajoute-t-elle.
"Ce documentaire nous rappelle qu'il est possible pour les Juifs et les Musulmans de vivre en harmonie, cela a déjà été le cas, et il n'y a aucune utilité à parler le langage de la haine", souligne Imad Fassouli, âgé de 45 ans.
Il a qualifié le film de "leçon de tolérance", affirmant qu'il est "un miroir qui reflète un âge d'or disparu".

Source : www.Magharebia.com Par Mouna Sadek


 

La Libye ouvre ses portes aux travailleurs marocains

Les MRE reviennent au Maroc fuyant la crise en Europe alors que ceux qui avaient quitté la Libye espèrent revenir dans ce pays, surtout après les promesses d’aides véhiculées par les responsables libyens.
Les Marocains qui sont rentrés au pays après le déclenchement de la révolution libyenne sont nombreux à vouloir retourner à nouveau en Libye après la stabilisation de ce pays. Ahlam Chenbouti raconte à Magharebia le cas de son mari Issam qui veut revenir à Benghazi où il travaillait pour chercher un nouvel emploi.
"Après son retour au Maroc, il a galéré pour trouver un boulot et a décidé, après de longs mois de chômage, de revenir en Libye. Lorsqu’il se stabilisera là-bas, j’irai le rejoindre, surtout que les responsables libyens se sont récemment engagés à aider les Marocains", dit-elle.
En effet, lors de la visite officielle de la délégation libyenne à Rabat les 7 et 8 août, le ministre du Travail et de la formation professionnelle, Mustapha Al Rojbani, a signalé à la presse que le gouvernement libyen ouvre la porte aux travailleurs marocains et veille à l'amélioration des conditions de travail des Marocains en Libye et au respect de leurs droits.
Même son de cloche chez son homologue marocain, Abdelouahed Souhail. Les Marocains peuvent jouer leur rôle dans le développement économique et social de la nouvelle Libye.
Le Maroc et la Libye ont convenu de la mise en place d'une commission locale, pour régler les cas urgents des Marocains disparus ou détenus, ceux ayant perdu leur logement et leurs biens ou ceux qui attendent l'obtention de visas pour rentrer en Libye qu'ils avaient quittée sous la contrainte des évènements lors de la révolution.
Par ailleurs, d’autres ressortissants résidant en Europe commencent à revenir au Maroc à cause de la crise économique. Le ministre chargé des Marocains résidant à l’étranger, Abdellatif Maâzouz, signale que l’impact de la conjoncture sur les MRE est plus visible en Espagne.

Source : www.magharebia.com, Par Siham Ali