Article publié le 2012-09-15 par Par Daouda Emile Ouédraogo Economie
Sommet Chine-Afrique - Un enjeu géopolitique et économique [08/2012]
Hu Jintao, Madame Tussaud museum, Amsterdam © Alberto Garcia

Depuis 12 ans, la Chine populaire et de nombreux pays africains semblent filer le parfait amour. A l’occasion du Ve sommet sino-africain tenu à Beijing, l’empire du milieu a décidé de débloquer 20 milliards de dollars US pour financer de grands projets de développement sur le continent. Elle y va fort pour contrecarrer la suprématie des états-Unis et celle de la France sur le continent. Enjeux géostratégiques et économiques obligent …

L’axe économique se renforce entre Pékin et ses alliés africains. Au fil des ans, la coopération entre cette nation et le continent africain se bonifie. Le dernier sommet sino-africain en a donné la preuve. Cette rencontre au sommet entre l’une des nations les plus puissantes au monde et le continent le plus riche de la planète a permis de jeter les bases d’une relation d’amitié et de coopération durable. Il s’est agi de «de consolider les acquis et ouvrir de nouvelles perspectives pour un nouveau partenariat stratégique entre la Chine et l’Afrique», selon les mots du Président Hu Jintao du pays hôte. A cet effet, souligne le Président Jintao, la Chine prendra des mesures au profit de l’Afrique dans des domaines tels que l’élargissement de la coopération dans les investissements, avec la mise en place d’une ligne de crédit de 20 milliards de $, le resserrement des liens d’amitié entre les peuples chinois et africains, et le soutien à l’instauration de la paix et de la stabilité dans les États africains. Le dernier acte cité est d’un grand avantage pour l’Afrique dans la mesure où l’on sait que, sans paix, il n’y a pas de développement. Le problème est que la Chine n’est pas soutenue par tous les pays africains à cause de sa non reconnaissance de Taïwan comme un État indépendant. Il est vrai que sur le continent, la Chine populaire a des relations privilégiées avec la majeure partie des pays. Dans ce cas de figure, si la Chine décidait de soutenir des initiatives de paix sur le continent, en appuyant par exemple la CEDEAO en soutien logistique et financier pour résoudre la crise malienne, ne se mettrait-elle pas à dos les pays de la sous-région qui ont des affinités avec la république de Chine Taïwan ? Rien n’est moins sûr dans la mesure où ces 2 pays (Taïwan et Chine populaire) se regardent en chien de faïence sur le continent.

Contrebalancer l’Occident

La cour que fait la Chine à l’Afrique relève d’une stratégie politique et économique mûrie. Elle veut contrebalancer l’emprise de l’Europe et des États-Unis sur le continent. Sa stratégie consiste à sceller des relations de partenariat gagnant-gagnant entre elle et le continent en faisant en sorte de ne pas s’ingérer dans la politique intérieure des États. Avec une main-d’œuvre qualifiée, les entreprises chinoises exécutent des marchés à un coût moins cher et en un temps record par rapport aux entreprises européennes. Elle finance, à coups de milliards et souvent sans contrepartie financière, des projets de développement. Au début 2006, selon Afrik.com, le ministre des Affaires étrangères, Li Zhaoxing, est passé au Cap-Vert, au Sénégal, au Mali, au Liberia, au Nigeria et en Libye. A Monrovia, il s’est payé le luxe d’offrir, en pleine zone d’influence américaine, 25 millions de dollars pour la reconstruction du pays saigné par une longue guerre civile... En avril, le président Hu Jintao a rendu une visite officielle au Maroc, au Nigeria et au Kenya. A Lagos, en échange de plusieurs licences d’exploitation pétrolière, il a offert 4 milliards de dollars pour améliorer les infrastructures. A Nairobi, il a obtenu des droits d’exploitation pétrolière dans l’océan Indien, et apporté 7,5 millions de dollars d’aide et de prêts pour la lutte contre la malaria, pour le développement de la riziculture et la construction d’un grand stade. En juin, le premier ministre Wen Jiabao a accompli une grande tournée en Egypte, au Ghana, au Congo Brazzaville, en Angola, en Afrique du Sud et en Tanzanie. Dans tous ces pays, des contrats ont été passés à tour de bras et des dons faits pour construire des infrastructures. La Chine populaire semble s’être fait passer pour la championne en matière de construction d’infrastructures sportives et routières sur le continent. Les relations sino-africaines bousculent les habitudes des grandes nations qui pensaient faire de l’Afrique leur pré-carré. La présence chinoise crée une concurrence souterraine entre les super puissances en matière de coopération bilatérale avec les pays du continent. L’empire du milieu n’y va pas de main morte pour mettre toutes les chances de son côté. Pour rappel, les échanges entre la Chine et le continent africain ont atteint l'an dernier un record de 166 milliards de dollars, en hausse de 83 % par rapport à 2009. En deux ans, les investissements directs chinois en Afrique ont bondi de 60 % pour atteindre 14,7 milliards de dollars à la fin 2011. Selon le ministère du Commerce chinois, 2000 sociétés chinoises seraient déjà présentes sur le continent. Sans commentaire…