Article publié le 2012-09-15 par Par Antony Vecrusse Dossier
Grande muraille verte - La nécessité de reboiser l’Afrique [09/2012]
reforestation d'une dune par Richard's Bay Minerals, NZN, Afrique-du-sud © Mark Surman

Rendre l’Afrique verte d’Est en Ouest est un projet d’envergure lancé par plusieurs pays africains. Dénommé la «Grande muraille verte», ce projet met en évidence la nécessité de reboiser l’Afrique afin de lutter contre l’avancée du désert.

Dresser une forêt pour lutter contre l’avancée du désert, tel est le projet pharaonique qui mobilise depuis quelques années les pays africains d’Est en Ouest du continent. En 2005, l’ancien Président Nigérian, Olésegun Obasanjo, lance l’idée. Celle de planter des arbres sur 7600 Km de long et 15 de large. Cette forêt doit traverser 11 pays africains, à savoir le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Erythrée, l’Ethiopie et la Djibouti. Chaque pays en ce qui le concerne devrait mettre la main à la pâte pour faire de ce projet une réalité. D’ores et déjà, le projet a permis de reboiser, en 4 ans, 10 000 hectares de forêt au Sénégal et 20 000 au Tchad. Le bénéfice tiré de ces forêts est la protection des sols et la valorisation de l’environnement. Les générations futures en tireront un bénéfice énorme. Le couvert végétal ainsi créé favorisera la lutte contre la désertification, créera des emplois, stabilisera les populations dans leurs terroirs et combattra le réchauffement climatique. On le sait, lorsqu’il y a la forêt, les populations sont aptes à l’exploiter afin d’en tirer le maximum de bénéfice. Comme le disait Warren Buffett «quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps.» Les arbres ont permis à des milliers de pays de favoriser l’implantation des populations dans leur terroir. Au Burkina Faso, par exemple, le programme national de gestion des terroirs a fait de la lutte contre la déforestation son cheval de bataille. Ce programme qui couvre divers domaines de compétence a favorisé la consolidation des communes dans leurs efforts de développement.

C’est dans cette logique que, dans la plupart des pays africains, surtout ceux au Sud du Sahara, la question du reboisement est prise au sérieux. Il va sans dire que les projets de reboisement ont un coût. Souvent ce coût décourage les investisseurs dans les pays africains où presque tout est prioritaire. Par exemple, le coût estimatif de la Grande muraille verte est de l’ordre de 20 milliards de dollars selon ses concepteurs. Mieux qu’eux, Jean Louis Borlo aurait proposé 305 milliards de dollars sur 20 ans. Un projet de ce genre doit mettre toutes les chances de son côté en vue d’atteindre avec efficacité les résultats escomptés. L’Afrique a besoin de cette grande muraille verte afin de lutter contre le réchauffement climatique dans la mesure où l’on sait qu’elle constitue le continent le plus vulnérable face à ce phénomène. Cette grande muraille verte permettra de planter des millions d’arbres sur la portion délimitée. La réussite de ce projet dépend en tout premier lieu des populations. Un arbre ne vit que par le fait qu’il est protégé. Cette protection doit prendre en compte la gestion des migrations des animaux, des sautereaux, etc. Pour parvenir à cette protection, des pays africains ont élaboré des zones spéciales pour la transhumance des animaux.

Éviter les conflits éleveurs – agriculteurs – propriétaires terriens

L’un des bénéfices de la grande muraille verte est qu’elle permettra d’éviter les conflits entre les éleveurs, les agriculteurs et/ou les propriétaires terriens. Ces conflits ont été d’une rare violence entre ces communautés du fait, soit de la mauvaise délimitation des zones de pâturage, soit de l’insouciance de l’homme. Cette situation peut entraîner chez les bailleurs de fonds, une réticence quant à investir dans des projets transnationaux. Par exemple, au plan mondial, le reboisement des espaces, des forêts est une question cruciale. L’ONU soutient la reforestation depuis des années. En 2006, de concert avec la prix Nobel de la paix, la Kenyane militante écologique Wangari Maathai, l’organisation internationale a lancé la «campagne pour un milliard d’arbres». Le bilan de cette opération fait ressortir la plantation de près de 7 milliards d’arbres sur les 5 continents.

L’Afrique en a bénéficié. Il y a lieu de reconnaître que le reboisement en Afrique n’est pas seulement l’affaire des gouvernants. De nombreuses associations font la promotion de l’environnement. Le projet de la grande muraille verte doit prendre en compte ces catégories d’associations afin d’inclure le maximum de bénéficiaires dans la gestion de ce poumon écologique. La vitalité de ce poumon écologique n’est plus à démontrer. L’on a vu les effets dévastateurs des grandes sécheresses en Afrique subsaharienne dans les années 1970. L’une des causes ayant accentué cette sécheresse a été le manque de végétation capable de résister à la furie de la sécheresse et au manque d’eau. De nos jours, les scientifiques ont découvert de nombreuses techniques permettant de conserver les plantes en fonction des sols. Si Israël a pu reverdir le désert, ce n’est pas le berceau de l’humanité qui ne pourra pas reverdir le Sahara. Il faut le vouloir pour le pouvoir. Car, il est écrit par un penseur que ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas mais, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. Africains, à vos marques !