Article publié le 2012-09-15 par Par Anthony Vercruisse Economie
Campagne agricole 2012-2013 - De bonnes récoltes en perspective [09/2012]
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La campagne agricole 2012-2013 promet. De la région du Plateau central au Burkina Faso à celle de la boucle du Mouhoun, en faisant un détour dans la province du Zondoma, la physionomie des plantes présage d’une bonne récolte. Les producteurs se frottent les mains même si, çà et là, des pénuries d’intrants créent des grincements de dents. L’agriculture, en Afrique, prend un nouvel essor à travers l’exemple de quelques agriculteurs présentés dans ce reportage au coeur du Burkina Faso.

«Au regard du déroulement de la pluviométrie et de l’appui reçu en intrants (semences améliorées et engrais minéraux), cette campagne agricole augure de bonnes perspectives ». Ces propos de la Directrice Régionale de l’Agriculture et de l’Hydraulique (DRAH) du Plateau central, Mme Gisèle Tapsoba, situe les espoirs des producteurs quant à la présente saison agricole. Cette réalité de l’installation d’une pluviométrie «régulière » se constate aussi dans les provinces du Zondoma et des Balé. En effet, le cumul pluviométrique à la date du 31 juillet dans la province du Zondoma variait entre 228 et 342,5 mm et était excédentaire par rapport à la saison hivernale précédente. La même physionomie excédentaire de pluie s’est constatée dans les Balé. Face à cette installation des pluies, les producteurs et l’État ne sont pas restés les bras croisés. Pour accompagner les producteurs, l’État a mis à leur disposition des semences améliorées et de l’engrais minéral à prix subventionné. Quant aux groupements de femmes, ils ont reçu des semences améliorées à titre gratuit. Mieux, l’État a mis à profit ses techniciens pour assurer un traitement gratuit des champs de ces productrices qui, pour la plupart, ont semé du niébé. Les autres spéculations cultivées dans les provinces visitées sont le maïs, le sorgho (blanc et rouge), le mil, le riz. Les cultures de rente sont constituées du sésame, de l’arachide, du voandzou et du niébé. Selon Gisèle Tapsoba, DRAH du Plateau central, les producteurs ont été dotés en semences améliorées «à bonne date». 471,5 t de semences, toutes spéculations confondues, ont été mises à la disposition de la région contre 430 t d’engrais toutes catégories confondues. Quant à la direction provinciale du Zondoma, elle a reçu 109,5 t de semences de l’État. Par la même occasion, la FAO a mis à leur disposition 121 t de semences et 63 t d’engrais toutes catégories confondues. En outre, pour mener à bien cette campagne agricole, plusieurs mesures ont été prises par l’État en vue d’atteindre la sécurité alimentaire. Notamment, l’introduction des opérations maïs de case et celle des 100 000 charrues. Les producteurs en sont les grands bénéficiaires.

Objectif : atteindre la sécurité alimentaire

L’atteinte de la sécurité alimentaire est dans la ligne de mire du Gouvernement. Pour y arriver, il y a la mise à la disposition des producteurs de semences améliorées et d’engrais minéraux à des prix subventionnés. Que ce soit dans la région du Plateau central ou dans les provinces du Zondoma et des Balé, les 15 kg de semences améliorées coûtent 1000 F CFA. Quant aux engrais, le phosphaté (le DAP) et le NPK coûtent 13 500 F CFA au comptant et 14 500 F CFA à crédit. L’urée revient à 12 500 F le sac au comptant contre 13 500 F à crédit. L’opération «100 000 charrues » a permis de mettre les petits plats dans les grands. A cet effet, le Directeur Provincial de l’Agriculture et de l’Hydraulique des Balé, Albert Traoré, a affirmé que sa province a reçu 600 charrues. La DRAH du Plateau central a reçu au total 1000 charrues en 2 tranches de 500. Quant à la province du Zondoma, elle a reçu 84 charrues dont 7 en état incomplet. Dans les zones visitées, les producteurs et les productrices ont bénéficié des charrues en mettant l’accent sur la parité hommes/femmes. La charrue coûte 17 500 F CFA. Ces charrues ont permis aux unes et aux autres de pouvoir labourer et planter autant de spéculations que possible. Dans cette même veine, l’opération «maïs de case» a permis de booster la production avec en sus, l’introduction de variétés de riz pluvial adapté. Des agents ont été formés pour suivre les producteurs sur le terrain. Selon Albert Traoré, DPAH des Balé, «des brigadiers ont été formés pour permettre aux producteurs de bénéficier de conseils techniques nécessaires à l’entretien de leurs champs». Les producteurs du Plateau central ont bénéficié des mêmes appuis techniques.

Des quantités diverses attendues

Les producteurs, au vu de la pluviométrie, se frottent les mains. Que ce soient les femmes des groupements «Diyêbô» ou «Sabari cadi» des Balé, ou Hamado Sebgo, producteur et président de l’Union régionale des producteurs semenciers du Plateau central, Idrissa Gansoré de Bassi dans le Zandoma, tous adoptent les semences améliorées de façon graduelle. Pour Hamado Sebgo qui exploite 12 hectares à Songpelcé (15 Km de Ziniaré), la physionomie agricole se présente bien. Il a semé des variétés améliorées de sorgho sur 7 hectares, du mil sur 4 hectares et du maïs sur 1 hectare. «J’attends au moins 9 à 10 t de récolte pour le sorgho», précise-t-il. Dans les zones visitées, différentes techniques culturales sont mises en application. Grâce aux systèmes de Conservation des Eaux et des Sols/ Défense et Restauration des Sols (CES/DRS), de grands rendements sont attendus. Ces techniques sont le zaï simple, le zaï couplé aux cordons pierreux, la demi-lune, la demi-lune et les cordons pierreux, les cordons pierreux simples. Idrissa Gansoré utilise la technique de demi-lune. Il en tire une entière satisfaction. «C’est une bonne technique car elle me permet de minimiser les pertes en eaux et je vois qu’avec la demi-lune, mes plantes poussent mieux», témoigne-t-il. Pour Salimata Ganou qui exploite un périmètre de niébé de 5 hectares avec une trentaine de ses consoeurs du groupement «Diyêbô» dans les Balé (Siby), le soutien de l’État a été d’un grand apport dans la lutte contre la pauvreté à travers leurs champs. Pour cette campagne agricole, des quantités variées de récoltes sont attendues dans les différentes zones. Selon le directeur provincial de l’Agriculture et de l’Hydraulique du Zondoma, Antoine Silga, il est attendu 56 296 t au titre des céréales, pour 29 892 t de culture de rente et 1 056 t de tubercules.

Mettre en pratique les conseils techniques

S’il est vrai que la pluviométrie se présente bien, il ne faut pas perdre de vue qu’une bonne campagne agricole s’obtient par la mise en commun de plusieurs facteurs. Parmi ceux-ci, l’application stricte des conseils techniques des agents d’agriculture. A cet effet, le respect des délais d’introduction des engrais, le suivi des plants et l’entretien des champs contre toutes sortes de menaces doivent être le combat quotidien des producteurs. Comme l’a souhaité la Directrice Régionale de l’Agriculture et de l’Hydraulique du Plateau central, Gisèle Tapsoba, «il est à espérer, que ce soit du côté des producteurs ou de l’État, que chacun tienne ses engagements afin d’assurer une bonne production agricole au Burkina Faso».