Article publié le 2012-09-11 par Par Alexandre Korbéogo Dossier
La liberté des Médias - Une réalité sur le continent [07/2012]
Kiosque à journaux à Kampala, Uganda © Rachel Strohm

La presse en Afrique connait des fortunes diverses. Depuis l’avènement du multipartisme en 1990, la liberté des médias a connu une amélioration sensible. Les médias se sont créés à tour de bras pour rendre l’information accessible aux plus démunis. La liberté de presse et de médias devient petit à petit une réalité.

En inscrivant Facebook en bourse, le réseau social vient de démontrer la force et le pouvoir d’un nouvel outil de communication dans l’univers des médias. La liberté de la presse et des médias devenait un élément incontournable dans le village planétaire. Lorsqu’on parle de liberté de presse sur le continent africain, il ne faut pas le comprendre sous l’angle de vue étriquée de la dépénalisation des délits de presse. La liberté de presse renferme de nombreux critères qui, assemblés, permettent de créer des conditions favorisant l’épanouissement des libertés d’informer, d’éduquer et de sensibiliser. Sur le continent, la presse occupe une place de choix dans le quotidien des Africains. Du réveil au coucher du soleil, on peut voir des individus circuler sur leur bicyclette, le transistor collé à l’oreille. Ils s’informent. Dans les hameaux les plus reculés des capitales africaines, des journaux sur support papier parviennent à relayer l’information. La télévision, via satellite ou par câbles, devient de plus en plus accessible aux populations à moindre coût. Ces réalités font partie de la promotion de la liberté d’expression. La presse en ligne, devenue presqu’incontournable, est prise d’assaut par la jeune génération. On navigue, on tchate, on crée des mails group, des groupes sociaux, etc., pour rester informé ou pour participer à des actions. L’une des manifestations les plus tangibles de la liberté d’expression, de la liberté de presse sur le continent est l’accès à l’Internet.

Internet ou le réveil des consciences

La liberté de presse a connu une évolution spectaculaire sur le continent grâce à Inter-net. La toile mondiale est devenue par excellence l’espace idéal pour s’exprimer, souvent «à tort et à travers», pour donner des informations à des milliards de personnes de façon instantanée. Internet a révolutionné l’accès à l’information en Afrique. Lors de la révolution arabe, lorsque les médias privés avaient vu leurs signaux d’émission brouillés ou coupés, ils n’ont eu d’autre choix que de passer par Internet pour diffuser leurs programmes. Internet a été le souffre-douleur des manifestations dues à la révolution arabe. Les bavures policières et les séquestrations ont été révélées au monde entier grâce au téléphone portable muni de l’accès à Internet. Pour la première fois sur les chaînes de télévision internationales, on pouvait lire comme source «vidéo amateur ou vidéo réalisée à l’aide d’un portable». On se rappelle qu’au plus fort de la crise libyenne, les manifestants ont été obligés, après l’interruption des différents programmes des chaînes de télévision privées, d’avoir recours aux réseaux sociaux pour diffuser les informations accablant le régime de Mouammar Kadhafi. Inter-net a révolutionné l’information non seulement sur le continent, mais aussi à travers le monde entier. Il ne s’agit pas ici d’affirmer que ce média n’a que des avantages. Il a aussi ses inconvénients comme toute oeuvre humaine qui a ses côtés positifs et négatifs. L’Afrique n’aurait pas été au rendez-vous de l’histoire de l’information si elle n’avait pas eu accès à l’Internet. La société de l’information est en train de prendre place sur le continent. Cette société de l’information ne remet pas en cause l’importance des autres médias dans la vie des citoyens.

Promouvoir la dépénalisation des délits de presse

L’un des combats des syndicats de la presse sur le continent est celui de la dépénalisation des délits de presse. De nombreux pays ont fait l’expérience heureuse de ne plus envoyer de journalistes en prison. D’autres sont toujours à la traîne. Par sa fonction sociale, sa fonction d’être «la voix des sans voix», un journaliste ne doit pas aller en prison à cause de ses opinions ou à cause de ses écrits. Les différents textes de lois, les codes d’éthique et de déontologie du métier autorisent plusieurs voies de recours au cas où le lecteur se sent lésé par une information ou un écrit. Il sied de toujours exploiter ces voies et ces recours au lieu d’intenter un procès contre les hommes des médias. Des pays comme le Bénin, le Mali, le Sénégal, pour ne citer que ceux-ci, ont dépénalisé le délit de presse. Cette dépénalisation répond non seulement au souci de favoriser l’éclosion de l’expression démocratique, mais aussi de permettre l’ancrage de la liberté d’expression dans les mentalités. Un peuple libre est un peuple qui a accès aux différents canaux de communication qui s’offrent à lui. L’Afrique regorge de multiples canaux de communication. La majorité des pays africains comptent en moyenne une centaine de chaînes de radio, autant de chaînes de télévision et autant de journaux (presse écrite) ainsi que de sites internet. Le boom de la presse est une aubaine pour les populations. Car, lorsqu’on dispose de multiples créneaux pour s’exprimer, échanger ses idées, favoriser le débat, la démocratie en sort renforcée, tout comme la liberté de s’exprimer. Dans cette odyssée médiatique vers l’Afrique se trouvent en bonne place les médias internationaux. Le monde étant devenu un village planétaire, ce qui se passe à Honolulu est relayé à la seconde près à l’autre bout des quartiers périphériques de Soweto. La liberté d’informer, de s’exprimer, la liberté de presse et de médias est une réalité sur le continent.