Article publié le 2012-07-04 par Par Mouhamadou Moustapha Thiam Economie
Pauvres et riches en Afrique, Les inégalités notables s’accroissent, selon l’Africa Progress Panel [06/2012]
Kofi Anaan © Remy Steinegger / World Economic Forum

L’organisation Africa Progress Panel présidée par Kofi Annan qui regroupe d’éminentes personnalités du continent, issues de divers domaines, vient de publier, au mois de mai dernier, un rapport axé sur les progrès de l’Afrique dans le sillage du développement durable. Il révèle également les inégalités notables entre les pauvres et les riches en Afrique.

L’Africa Progress Panel (APP) est composée d’illustres personnalités reconnues dans le monde pour leurs compétences, telles que : son président Michel Camdessus ou encore Olesegun Obassanjo, Mohammed Yunus ou l’ivoirien Tidjane Thiam. Son objectif est d’essayer de cerner les grands sujets complexes liés à la gouvernance mondiale, la paix et la sécurité, le changement climatique, la sécurité alimentaire, le développement économique durable et les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). L’APP a ainsi, lors du forum dénommé «World Economic on Africa» tenu au mois de mai dernier à Cape Town en Afrique du Sud, livré son rapport annuel intitulé ‘Emploi, Justice, Équité’. Dans ce rapport, il ressort clairement que le continent africain a fait des progrès considérables au niveau du développement économique et social. Il met aussi en évidence le rôle crucial que jouent la bonne gouvernance, la justice et l’équité, y compris les politiques intelligentes, les solides fondations institutionnelles et des partenariats internationaux dans la dynamique du développement en Afrique. En outre, le rapport de l’APP illustre les inégalités criardes qui planent entre la grande majorité des pauvres et la minorité des riches en Afrique. Mais, note-t-il, la croissance économique a réduit la pauvreté en Afrique, mais pas autant qu’on aurait pu le prévoir, les pauvres en Afrique ne recevant qu’une part infime du gâteau de la nouvelle prospérité. Dés lors, il apparait que les populations les plus pauvres ont un pouvoir d'achat terriblement disproportionné en comparaison avec les plus riches. C’est ce qui conduit le plus souvent à des situations de récrimination et de révolte, comme par exemple le printemps arabe marqué par des soubresauts et le soulèvement de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne.

Malaise social endémique

Selon le rapport, si le manque d’emplois perdure, avec 8 à 10 millions de jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail sans pouvoir trouver de travail, cette situation peut créer des troubles sociaux, car cette non-répartition des richesses ne favorise pas la création d'entreprises. Il n’est pas alors étonnant que des lassitudes soient enregistrées ici et là sur le continent.

L’écart grandissant

Naturellement, si la grande masse est privée de pouvoir d'achat et que les riches sont de plus en plus riches, l'on prive, en réalité, les entrepreneurs et investisseurs d'une large majorité de personnes désireuses de consommer, ce qui constitue un véritable frein à la croissance économique et la stabilité sociale.

Absence d’une classe moyenne

L’écart entre pauvres et riches s’accroissant, on note une disparition progressive de la classe moyenne. D'ailleurs, dans ce dit rapport parvenu à notre rédaction, l’Africa Progress Panel de Kofi Annan et de Michel Camdessus se montre plutôt prudente sur la taille de la classe moyenne en Afrique. Il y aura forcément moins de gens capables d'acheter convenablement. En réalité, si la répartition n'est pas bien faite, l’élargissement de la classe moyenne sera de fait compromis. En conclusion, le rapport précise que sans emploi, sans équité ni justice, les promesses majeures qui s'ouvrent à l'Afrique et à ses générations futures seront vaines. A noter que l’Africa Progress Panel rassemble, sous la présidence de Kofi Annan, un groupe unique de personnalités dont le rôle est d’évaluer et de promouvoir la notion de partage des responsabilités pour le progrès en Afrique dans trois domaines-clés d’action : la gouvernance économique et politique, le financement pour le développement durable, et la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement.